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Clôture de l’Année pastorale 2018-2019 et ordinations presbytérales

Publier le 10 juillet 2019

Homélie

Textes :
Première lecture : Gn 27, 1-5.15-29
Méditation : Ps. 134(135)
Deuxième lecture : Heb 5, 1-6
Évangile : Mt. 9, 14-17

Chers Frères et Sœurs,

1. But de la célébration.

Je vous salue, vous tous qui êtes venus prendre part à cette messe marquant la clôture officielle de l’année pastorale 2018-2019 et au cours de laquelle j’ordonnerai prêtres, les 17 diacres qu’on nous a présentés au début de la célébration.

2. Évocation du thème de l’Année pastorale

Comme d’habitude, cette clôture officielle de l’Année a été précédée de la session pastorale tenue du 02 au 04 juillet dernier. Pendant ces trois jours, en effet, nous avons suivi attentivement les Doyennés, les Bureaux Diocésains des Groupes (Mariaux, d’Enfants et des Jeunes) des chorales, des Fraternités Catholiques, des Archiconfréries et Confréries, nous rapporter tout ce qu’ils ont entrepris pour comprendre, expliquer et vivre le thème de l’Année, «  Combattons les antivaleurs au sein de notre Eglise locale  ».

De ces rapports, nous retenons deux leçons. La première est que les antivaleurs au sein de notre locale sont non seulement nombreuses, mais aussi apparaissent sous plusieurs formes dans nos célébrations liturgiques et dans la vie et le fonctionnement de nos paroisses et mouvements d’apostolat. La deuxième leçon, ce sont les propositions de mesures que nous devrions prendre pour mettre fin à ces déviances qui étouffent la visibilité effective de notre Eglise locale comme sacrement du salut.

D’ailleurs, ce sont les mêmes enseignements que nous retenons du Forum diocésain des Mouvements d’Apostolat qui a eu lieu du 26 au 27 Juin dernier. Aussi les mêmes enseignements se décèlent-ils dans les textes de la Parole de Dieu qui viennent d’être lus.

3. Explication des textes du jour

Rébecca, la femme d’Isaac, dans la première lecture, affiche un comportement à classer dans la corbeille des antivaleurs. Devenu vieux, et conscient de l’imminence de sa mort, Isaac confie à son fils aîné, Esaü, son projet de le bénir avant de mourir. Il lui explique les dispositions à prendre pour sa réalisation.

«  Prends donc maintenant tes armes, ton carquois et ton arc, sors dans la campagne et tue-moi un gibier. Prépare-moi un bon plat comme je les aime et apporte-le-moi pour que je mange, et que je te bénisse avant de mourir. »

Rébecca, qui a écouté ce que son mari a confié à son fils aîné, n’est pas contre le projet en soi. Mais elle veut que son époux, Isaac bénisse plutôt le fils cadet, Jacob, que le fils aîné, Esaü. A cet, elle va afficher un comportement que nous qualifions déviant. Elle monte alors un plan pour atteindre son objectif.

«  Rébecca prit les meilleurs habits d’Esaü, son fils aîné, ceux qu’elle gardait à la maison ; elle en revêtit Jacob, son fils cadet. Puis, avec des peaux de chevreau, elle lui couvrit les mains et la partie lisse du cou. Elle remit ensuite entre ses mains le plat et le pain qu’elle avait préparés. Jacob entra chez son père…  ». Et la suite nous la connaissons.

Ce comportement de Rébecca est déviant parce qu’il va occasionner un malaise au sein du foyer. La bonne entente entre frère n’y sera plus. La joie de vivre en famille subit un choc. Esaü en voudra en son frère qui lui a joué un tour méchant. Jacob pourrait s’enorgueillir parce que conscient d’être l’enfant chéri et préféré de maman.

Ce comportement de la femme d’Isaac est à décrier, à condamner certes. Mais également à combattre. Malheureusement, nous le rencontrons encore au sein de notre Eglise locale. Notamment dans nos paroisses et nos Mouvements d’Apostolat. On ne veut pas que telle personne soit au Bureau, on fomente des histoires de tout genre pour rendre invivable l’atmosphère spirituelle du groupe. On veut que telle personne occupe tel service, on lui dessine un portrait présentant les qualités qu’il n’a pas. Les exemples sont nombreux. Et en disant cela, chacun de nous se retrouve et se sent concerné.

Combattons le parti pris, le favoritisme qui sont en train de contredire notre vie chrétienne.

L’Évangile nous donne une voie pour mener à bien ce combat. Il s’agit de nous convertir réellement. Il s’agit de changer profondément et radicalement notre mode actuel de vivre la foi chrétienne, parce que justement erroné. Jésus parle de ce changement en ces termes :

«  Personne ne pose une pièce d’étoffe neuve sur un vieux vêtement, car le morceau ajouté tire sur le vêtement, et la déchirure s’agrandit. Et on ne met pas du vin nouveau dans de vieilles outres ; autrement, les outres éclatent, le vin se répand, et les outres sont perdues. Mais on met le vin nouveau dans des outres neuves, et le tout se conserve.  »

Pour y arriver, il nous faut contempler sans cesse la Personne de Jésus le Christ, l’image parfaite de Dieu, le Sauveur de l’humanité. Et avoir les yeux fixés sur le Fils de la Vierge Marie signifie trois choses : Évangéliser, prier, et aimer l’Eglise.

a) Évangéliser. Dans l’Exhortation apostolique Evangelii nuntiandi , le Pape Paul VI, d’heureuse mémoire, définit ce mot de cette manière :

«  Évangéliser, pour l’Eglise, c’est porter la Bonne Nouvelle dans tous les milieux de l’humanité et, par son impact, transformer du dedans, rendre neuve l’humanité elle-même...  ».

Le Souverain Pontife indique aussi les voies de l’évangélisation à savoir : le témoignage de vie chrétienne, la prédication vivante, la liturgie de la parole, la catéchèse, l’utilisation des mass média, l’indispensable contact personnel, la célébration des sacrements et, enfin, la piété populaire.

Quand nous martelons de soigner nos célébrations liturgiques, de célébrer les sacrements tel que l’Eglise l’exige, de témoigner authentiquement la vie chrétienne, c’est pour que la personne de Jésus-Christ puisse être bien connue. Et ne peut évangéliser que celui qui croit fermement en la Sainte Trinité. Annoncer l’Évangile est un devoir qui nous incombe tous, en tant que baptisés, ne cessait de le clamer saint Paul.

b) Prier. Prier c’est parler avec/à Dieu. Mieux, c’est être en relation avec Dieu. La deuxième lecture, extraite de la Lettre aux Hébreux, vient de nous expliquer que dans les relations des hommes avec Dieu, il y a un homme chargé d’intervenir en faveur des hommes. Cet homme est toujours pris parmi les hommes. Et il est appelé GRAND PRÊTRE. Nous pouvons nous poser cette question : Comment le GRAND PRÊTRE procède-t-il pour accomplir sa charge d’intercession en faveur des hommes ? Écoutons la réponse de la Lettre aux Hébreux :

«  Il doit offrir des dons et des sacrifices pour les péchés. Il est en mesure de comprendre ceux qui pèchent par ignorance ou par égarement, car il est, lui aussi, rempli de faiblesse ; et à cause de cette faiblesse, il doit offrir des sacrifices pour ses propres péchés comme pour ceux du peuple...  ».

En plus le texte sacré fait la précision suivante :

«  On ne s’attribue pas cet honneur à soi-même, on le reçoit par appel de Dieu, comme Aaron. Il en est bien ainsi pour le Christ : quand il est devenu grand prêtre, ce n’est pas lui-même qui s’est donné cette gloire ; il l’a reçue de Dieu, qui lui a dit : « Tu es mon Fils, moi aujourd’hui je t’ai engendré  ».

A partir de cette signification du GRAND PRÊTRE, nous pouvons maintenant dessiner le portrait d’un prêtre :

• Il est un homme pris parmi les hommes, c’est-à-dire il est appelé par Dieu. Cela veut dire qu’on ne s’autoproclame pas prêtre.

• Il a une charge précise : intervenir en faveur des hommes dans leurs relations avec Dieu. Donc il est un homme de prière.

• Il est rempli de faiblesse. A cause de cette faiblesse, il doit offrir des sacrifices pour ses propres péchés comme pour ceux du peuple.

Ce portrait devient comme une feuille de route pour tout prêtre, surtout pour ces 17 diacres à qui je vais conférer bientôt le sacrement de l’ordre.

Chers futurs prêtres. Prenez grandement conscience que vous avez été appelés par Dieu. Le Sacerdoce ministériel que vous allez recevoir, c’est Dieu Lui-même qui vous le donne. Cela veut dire que vous devez toujours vous référer à Lui, par la prière personnelle et communautaire, dans l’exercice de votre ministère.

Prenez grandement conscience aussi que vous êtes remplis de faiblesse. Faiblesse, ici, revêt trois sens : limites, défauts et péchés. Pour bien accomplir votre ministère presbytéral, vous avez besoin des autres (la collaboration), de vous former de façon permanente, et de fréquenter régulièrement le sacrement de réconciliation.

Prenez grandement conscience, enfin, que votre charge est d’intercéder en faveur des hommes dans leurs relations avec Dieu. Cela signifie que vous devez être à leur service, autrement dit, les encourager à aimer Jésus-Christ, le Verbe de Dieu fait chair. D’ailleurs, celui qui aime Jésus-Christ ne peut qu’aimer l’Eglise qui est le Corps du Christ.

Chers futurs prêtres, aimez l’Eglise que vous allez servir en tant que prêtres.

c) Aimer l’Eglise. Cela veut dire vivre sa vie chrétienne selon les enseignements de l’Eglise. Autrement dit lui obéir, nous laisser conduire par ses lois et ses normes. Bref, nous sentir membre à part entière de ce Corps qui a pour tête le Christ.

Par ailleurs, c’est parce que nous aimons l’Eglise, que nous y avons engagé le combat contre les antivaleurs qui sont en train de s’y installer progressivement.

4. Orientations pour le thème de l’année pastorale 2019-2020

Ce combat prendra une autre forme l’Année pastorale prochaine. A la lumière des propositions qui ont été faites, lors du Forum des Mouvements d’Apostolat et des deux sessions pastorales, Il s’agira de donner une série de mesures qui seront appliquées dans les paroisses et Mouvements d’Apostolat de notre Eglise locale.

Ce combat contre les antivaleurs ne sera gagné que nous évangélisons, prions et aimons l’Eglise. Puisse la Vierge continuer de nous entourer de sa protection maternelle.

Amen !

 

Monseigneur Anatole MILANDOU
Archevêque de Brazzaville
Samedi 06 Juillet 2019

 


 

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