Session pastorale 2019-2020
Publier le 8 octobre 2019
Monsieur le Vicaire judiciaire
Monsieur le Vicaire épiscopal, chargé de la vie consacrée
Messieurs les Responsables de la Commission Pastorale, chargée de la Coordination des Mouvements d’Apostolat
Messieurs les Curés doyens
Chers Prêtres, chers Religieux, chères Religieuses
Chers Membres du BDAL
Chers Responsables des bureaux diocésains des Mouvements d’Apostolat
Frères et sœurs !
Avant chaque ouverture officielle de l’année pastorale, nous nous retrouvons. Nous nous mettons ensemble pour scruter la vie de notre Église particulière, en vue de jeter les bases de notre « vivre et agir ensemble ». Cette pratique a pour but de nous engager dans un même idéal, celui du sursaut de notre Église, de son essor et de son rayonnement au cœur de notre société qui a tant besoin de notre témoignage.
C’est dire que je considère la participation de tous et de chacun à cette Session comme un véritable acte d’obéissance et de collaboration, une preuve d’amour pour l’Église, et donc pour le Christ. C’est pourquoi je vous salue chaleureusement et vous souhaite une cordiale bienvenue en ces lieux.
Deux années pastorales durant, je vous ai invités à lutter contre les déviances actuelles, à combattre les anti-valeurs. L’année pastorale 2017-2018, je vous interpellais en ces termes : « Ensemble, luttons contre les déviances actuelles dans nos milieux de vie, par l’annonce de l’Évangile ». Il était question de mener un combat ad extra, contre les comportements déviants et les tendances avilissantes de la société. L’année pastorale 2018-2019, je vous ai invités à « combattre les anti-valeurs au sein de notre Église locale ». Il s’agissait de mener un combat ad intra, contre les mauvaises habitudes qui prennent allègrement corps à l’intérieur de notre belle Église.
Au terme de ces deux années de lutte acharnée, le constat reste mitigé, amer ; plusieurs maux continuent à s’installer dans notre société et dans notre Église ; lesquels maux démontrent la fragilité de notre foi. La corruption des mœurs à tous les niveaux, la tiédeur, les incompréhensions, les infidélités qui se normalisent dans les foyers dits chrétiens ; les divorces qui provoquent le désarroi des enfants ; la démission des parents devant leurs devoirs d’éducateurs et de formateurs vis-à-vis de leurs enfants, tout comme celle des responsables, vis-à-vis de leurs subordonnés ; les rancœurs, les jalousies et les rivalités de toutes sortes ; les vols, les agressions, les assassinats : autant de maux qui favorisent la méfiance et l’insécurité entre frères et sœurs en humanité.
Un bilan qui ne fait pas notre honneur et nous interpelle aujourd’hui. Pourquoi un tel résultat ? La réponse est difficile en un seul mot.
Nous pouvons néanmoins affirmer qu’au-delà de tous les discours qui s’enchaînent à divers niveaux, il y a une chose sur laquelle tout le monde s’accorde, sans trop de peine : la perte des repères fondamentaux.
En effet, le monde, la société et les familles ont tous perdu les repères moraux essentiels. Or, il s’avère que sans repères, la vie perd de son sens sacré. Elle n’a justement plus de valeur ni de sens sacré, parce qu’elle ne tient plus à aucune norme reconnue. Sans norme, la vie perd de sa stabilité. La vie a besoin, pour s’épanouir, de tenir sur les normes.
Notre pays, notre société est en train de vivre des expériences terribles, dramatiques avec la perte des repères moraux. Les hommes ne savent plus à quoi se référer pour mieux vivre et agir. Sans repères, éclosent spontanément les déviances, les anti-valeurs qui donnent et imposent ainsi une vision nouvelle, encourageant les nouveaux modes de vie, contraires à l’éthique et à la morale.
Face à tout cela, que devons-nous faire ?
Pour cette année pastorale 2019-2020, je vous invite à « plonger et replonger dans les eaux de notre baptême » pour redécouvrir la fraîcheur de notre vocation et la raison de notre engagement pour le bien, c’est là notre repère sûr. Malheureusement, aujourd’hui beaucoup de nos chrétiens sont à la remorque de nombreux bishops, Évangélistes, pasteurs, Apôtres qui écument notre pays et se laissent séduire par tant de croyances véhiculées par ces nombreuses sectes qui foisonnent dans nos quartiers et villes. J’essaie d’être attentifs au cours des entretiens que j’ai avec eux. Je suis de plus en plus persuadé que les nouveaux mouvements religieux ne sont pas innocents dans les divisions que connaissent nos familles, dans le véhicule de nouvelles croyances.
L’appartenance des membres d’une même famille à plusieurs sectes ne peut qu’apporter mésententes, divisions. Un de leurs principaux objectifs, c’est d’isoler une personne, de la séparer de sa famille selon le principe de « ne plus retourner en Égypte », lieu de souffrances, d’esclavage, de servitude.
Tout au long de cette année, nous allons nous ressourcer sans cesse, nous allons replonger dans notre riche et belle Tradition chrétienne, dans ses normes fondamentales. Dans le passé, la notion de Tradition renfermait tout un programme ; c’était un abri où l’homme trouvait sa sécurité ; en se référant à elle, on pouvait être sûr de ne pas s’égarer. Aujourd’hui règne le sentiment exactement opposé : la tradition, c’est ce qui est périmé, décalé et dépassé.
« Chrétien de Brazzaville, qu’as-tu fait de ton baptême ? » C’est cette interpellation que je formule à l’endroit de tout un chacun de vous individuellement. Cette question nous avait été posée par le Cardinal Roger ETCHEGARAY lors de la clôture de l’année du Centenaire de l’Évangélisation du Congo, le 28 août 1983. C’est aussi pour moi une occasion tout indiquée de rendre hommage à ce grand pasteur de notre Sainte Église, des mains de qui j’ai reçu l’ordination épiscopale.
Le baptême est le symbole de l’alliance que nous avons conclue avec Dieu. Ne pas vivre les engagements de son baptême, c’est porter préjudice à cette alliance, mieux rejeter Dieu. Or, sans Dieu notre vie tombe en ruine.
Je vous invite donc à profiter pleinement de ces trois journées de réflexion et de débats pour mieux approfondir les enjeux de notre foi. J’ose espérer que la qualité des différents exposés et interventions contribuera à la recherche des valeurs de notre foi en plein effritement chez les chrétiens.
Tout en vous souhaitant une bonne et fructueuse participation à ces assises, j’implore sur chacun et chacune de vous le secours maternel de la bienheureuse Vierge Marie.
Sur ce, je déclare ouverts les travaux de cette session précédant l’ouverture de l’Année Pastorale 2019-2020.
Je vous remercie !
Mgr Anatole Milandou,
Archevêque de Brazzaville
Mardi 1er octobre 2019