ALLOCUTION LORS DE LA PREMIÈRE RENCONTRE AVEC LE CLERGÉ DE BRAZZAVILLE.
Publier le 2 décembre 1978
Monsieur le vicaire Capitulaire,
Excellence, mes frères et sœurs, prêtres, religieux et religieuses,
Je suis profondément surpris et impressionné par cet accueil enthousiaste et recueilli réservé au nouvel Archevêque que le Seigneur, dans sa miséricorde, vous envoie.
Lorsque le Vicaire Capitulaire, notre vaillant et intrépide Abbé Louis Badila, est venu en compagnie des Abbés Félix et Vindou, samedi dernier à Goma Tsé-Tsé ou je faisais ma retraite annuelle, il était heureux de me rapporter entre autres nouvelles, celle-ci que : vous aviez accueilli la nouvelle de ma nomination à la charge épiscopale, avec beaucoup de joie et de satisfaction. Cela ne m’a pas du tout flatté, et j’écoutais d’une oreille quelque sceptique. Pourquoi, parce que moi, j’avais déjà perdu ma joie.
Mais depuis mon retour à Brazzaville, mardi dernier, je rencontre effectivement cette expression de joie et de satisfaction chez toutes les personnes qui m’abordent : prêtres, religieux, religieuses, ou laïcs : hommes et femmes, jeunes et enfants ; j’ai commencé à y croire et à m’y convaincre.
Aujourd’hui, nous voilà réunis ensemble dans cette cathédrale des souvenirs ... Tels que vous êtes là, je vois que tous, vous êtes vraiment contents et satisfaits d’avoir eu enfin cet Évêque tant attendu, ce Pasteur, fruit de nos larmes et de nos prières.
Oui, je dis bien « fruit de nos larmes et de nos prières ». Car moi aussi j’ai pleuré avec vous, et avec vous j’ai beaucoup prié, j’ai attendu impatiemment cet Évêque que je croyais autre que moi-même. Malheureusement, malheureusement comme pour un examen, moi j’ai manqué mon concours, tandis que vous l’avez gagné. Le Seigneur n’a pas exaucé m’a prière, il a exaucé la vôtre. Moi, j’ai perdu en quelque sorte ma joie. Mais vous, réjouissez-vous, soyez comblés, jubilez, car le Seigneur a eu pitié de son peuple et vous a exaucés. Et moi, je vais communier maintenant à votre joie, à la joie de notre Église, à la joie du peuple chrétien, à la joie de tout le monde.
Avec vous aussi je dis merci au Seigneur qui a eu pitié de son peuple, merci au Très Saint Père le Pape, merci à tous ceux qui ont pensé à nous durant notre orphelinat. Quant à ce qui me concerne personnellement, chers frères et sœurs, je vous remercie très sincèrement de cette confiance que vous témoignez, déjà dans la foi, en ma personne. Et moi, de mon côté, j’ai une grande confiance en vous tous et en chacun de vous qui êtes plus riches spirituellement, plus riches matériellement, plus riches numériquement et intellectuellement.
Que ceux qui ne me connaissent pas encore très bien, n’aient pas peur, je suis au fond un homme de dialogue et même un homme de patience. Si nous nous faisons mutuellement confiance, le dialogue sera facile, la compréhension amicale, la collaboration franche et fraternelle. Alors Dieu sera toujours au milieu de nous, et nous pourrons tous ensemble, comme des frères qui s’entendent bien et qui s’aiment, travailler avec plus d’efficacité dans ce vaste champ d’apostolat, que le Seigneur nous a confié, ce champs qui, a coûtée tant de sueur, tant de larmes et de sang à nos grands Pasteurs d’immortelle mémoire : le Cardinal Émile Biayenda, Mgr Théophile Mbemba, et leurs prédécesseurs.
C’était là mon grand souhait, et je pense que c’est aussi le vôtre... Mais, prions encore avec beaucoup de foi, pour que Dieu nous y aide.
Encore une fois, merci beaucoup de votre confiance, merci de votre esprit de franche collaboration, cette collaboration que Mgr Mbemba a tant désirée, que le Cardinal Biayenda a amorcée et que nous voudrions encore plus effective aujourd’hui.
Mais surtout merci du soutien de vos prières.
Monseigneur Barthélémy Batantu, Archevêque de Brazzaville
Samedi 02 décembre 1978,
À 11 heures, à la cathédrale Sacré-Cœur de Brazzaville.