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LA MISSION DE L’ÉVÊQUE ET DE L’ÉGLISE

Publier le 25 février 1979

Excellence, le Prononce Apostolique, qui êtes toujours associé à la vie de l’Église au Congo,
Excellence M. le Ministre, représentant du Président de la République du Congo,
Excellence, les Évêques du Congo qui avez expérimenté avant moi, le poids de la responsabilité épiscopale, qui m’entourez depuis ma nomination de tant de sollicitude fraternelle, et m’assurez de votre entière collaboration,
Excellence, Messieurs les Délégués de la Conférence Épiscopale du Zaïre,
Messieurs les Pasteurs Responsables des Confessions Religieuses, qui avez toujours été à nos côtés aux jours de tristesse comme aux jours de joie dans un véritable esprit œcuménique,
Chers collaborateurs, prêtres, religieux et religieuses, Chers Frères et Sœurs, ici rassemblés pour chanter la louange du Seigneur en ce jour de ma première messe pontificale à Brazzaville,

Je vous salue... Napesi bino mbote mingi... Mbote yayingi kue bêbonso...

Rendons tous grâce au Seigneur en qui nous croyons, à lui qui dans sa grande bonté a eu pitié de son peuple, ce peuple qui gémissait dans l’angoisse et le désarroi, ce peuple qui a tant pleuré... Dieu a eu pitié a de son peuple, et il lui a donné un nouveau pasteur, fruit de ses pleurs et de ses prières incessantes. C’est le motif de notre joie, c’est le sens de notre allégresse !

Que soit remerciée aussi Marie, la Mère de Jésus et notre Mère, vers laquelle le peuple chrétien en prière, avait les yeux levés nuit et jour pour l’implorer de jeter, une fois de plus, son regard sur les enfants du Congo qui lui sont consacrés et qu’elle a toujours aimés. En effet, elle ne pouvait pas rester insensible à la prière angoissée et combien suppliante de notre Vicaire Capitulaire, Monsieur l’Abbé Badila qui a ému et fait pleurer tout le monde, à cette Messe de clôture du Congrès Panafricain de la Légion de Marie, à Brazzaville. Sa méditation a été effective, car deux mois seulement après, le nouveau successeur du Cardinal Émile Biayenda était désigné.

Merci, encore une fois, au Très Saint Père le Pape Jean Paul II que nous avons vu personnellement et qui nous a exprimé toute la sympathie qu’il a pour notre pays, le Congo, chacun de nos diocèses, pour notre peuple chrétien ; sympathie accentuée surtout depuis la mort de notre regretté Cardinal Biayenda, qu’il connaissait bien, et qu’il avait aimé...
 

1. La mission de l’Évêque


C’était donc le 11 février dernier, en la Fête de notre Dame de lourdes, que j’ai reçu à Rome, la ville éternelle, fondement de l’Église Catholique, berceau de la foi chrétienne et apostolique, l’ordination épiscopale ; le 11 février que j’ai reçu la grâce de la plénitude du sacerdoce, que je suis devenu effectivement prince et pasteur de l’Église de Jésus-Christ, et successeur des Apôtres. Cette ordination épiscopale marquait le choix spécial de Dieu en ma personne, d’un homme pris au milieu de vous. Un don purement gratuit de la grâce de Dieu, don de la plénitude du sacerdoce pour une mission spéciale dans l’Église

Cette mission spéciale, c’est la mission de Jésus-Christ, la mission que poursuit inlassablement l’Église de Dieu à travers les siècles jusqu’à la fin des temps, la mission que vient de nous spécifier Saint Luc dans l’Évangile, citant les paroles d’Isaïe : “l’Esprit de Dieu repose sur moi, l’Esprit de Dieu m’a consacré par l’onction : pour porter la Bonne Nouvelle aux Pauvres. Il m’a envoyé annoncer aux captifs la délivrance ; aux aveugles, le retour à la vue ; renvoyer en liberté les opprimés ; proclamer une année de grâce au Seigneur” (Lc. 4, 18-19).

Voilà, chers frères et sœurs, la mission qui est désormais la mienne dans l’Église de Jésus-Christ ; la mission que je dois accomplir au milieu du peuple de Dieu, au milieu du peuple congolais ; dans la communauté de l’Archidiocèse de Brazzaville qui m’a été spécialement confiée.

Cette mission a un double aspect : un aspect spirituel et un aspect temporel : Fils d’un même Père, Dieu (car tous les hommes, toutes les femmes, sans exception, sont fils et filles de Dieu) et frères de Jésus, l’unique Sauveur du monde, tous ont droit aux mêmes avantages :
 

2. Mission spirituelle : le salut de l’âme


C’est la première préoccupation de l’Église et tout pasteur fidèle à l’enseignement de son Maître : annoncer aux ignorants la Bonne Nouvelle de la Vérité qui éclaire l’intelligence et dissipe l’obscurantisme des esprits bornés pour leur faire percevoir les beautés de l’amour de Dieu et des hommes, les suavités de la paix des cœurs libérés du ferment du mal ou du péché ; la bonne nouvelle de la justice et de la paix, antidotes de la violence et de la haine, de la rancune et des intrigues homicides qui déchirent et angoissent l’humanité ; antidotes de l’égoïsme, du mensonge, et des divisions qui minent la vie des familles ; la Bonne Nouvelle de Jésus-Christ qui nous recommande avec insistance de nous aimer les uns les autres, comme il nous a aimés lui-même ; nous aimer comme des frères de même sang, de même père et mère.
 

3. Mission temporelle : le salut ou le bienêtre corporel


La mission spirituelle de 1’Évêque qui se concrétise par l’exhortation incessante des fidèles à la pratique des moyens que le Christ a mis à notre disposition pour notre sanctification et notre salut éternel (écoute de la Parole de Dieu, enseignement catéchétique ou instruction religieuse, vie liturgique, réception des sacrements), ainsi que par l’appel incessant et persuasif de ceux qui sont encore en dehors de la “bergerie”, ou par la recherche continuelle de la “brebis perdue”, l’Église la complète par des activités d’ordre temporel.

Aussi le deuxième souci de tout bon pasteur est-il de se préoccuper du salut ou du bien-être corporel de son troupeau, des membres de son peuple. Il est de son devoir de promouvoir les œuvres sociales, là où elles seraient inexistantes : comme les écoles, les dispensaires et d’autres organismes sociaux, ou de coopérer simplement à leur développement, à leur fonctionnement, pour combattre l’ignorance qui est en fait une grande pauvreté humaine ; pour lutter contre la maladie qui déprime le corps et cause la mort, source de tant d’inquiétude et d’angoisse chez l’homme, quelque soit son rang social ; pour lutter contre la pauvreté matérielle, en encourageant les institutions qui favorisent le développement économique ou toute autre forme d’action caritative...

Ce faisant, le Pasteur, l’Évêque poursuit l’œuvre de son Maître Jésus-Christ, qui a consolé les affligés, libéré les opprimés, nourri les affamés, guéri les malades et même ressuscité les morts.

Quelle mission sublime que celle de l’Évêque dans la société humaine, au milieu des frères ! Si tout le monde pouvait la reconnaître comme telle ! Mais le peuple congolais peut en rendre témoignage.

C’est cette mission qui m’échoit aujourd’hui, et que je suis déterminé à accomplir au milieu de mes frères congolais pour leur épanouissement spirituel, épanouissement moral, épanouissement corporel, comme j’ai l’occasion de l’amorcer durant mon ministère en paroisse.

Cette mission d’évangélisation, je voudrais l’accomplir dans le même esprit de pacification, de concorde, de franche collaboration avec tout le monde, dans le respect des institutions locales, que mes prédécesseurs, notre regretté Cardinal Biayenda, Mgr Mbemba, pour ne citer qu’eux, ces dignes fils du Congo qui ont été, comme vous le savez des artisans de paix, de concorde et d’unité.

Tâche bienfaisante, tâche exaltante, tâche sublime ! Mais allez-vous m’en faciliter l’accomplissement ? Pourquoi pas ? Je lance un appel à tout le monde, en premier lieu à tous les chrétiens de l’Archidiocèse de Brazzaville et du Congo. Que chacun apporte sa contribution suivant ses capacités, suivant ses compétences et surtout suivant ses convictions de foi et d’amour fraternel.

Si nous croyons vraiment, si nous nous aimons tous les uns les autres comme des frères, alors la réalisation de cette tâche sera toujours possible pour le bonheur de tous. Peu importe par qui le bien est fait, pourvu que les hommes soient heureux.

Ne craignons pas la difficulté ou l’effort dans l’accomplissement de cette mission, Dieu travaille avec nous.

Pour ce qui me concerne personnellement, je compte beaucoup sur votre collaboration, sur le soutien de votre prière, et sur la prière de l’Église. La charge est lourde, j’en suis prévenu ; mais je n’en ai pas peur : « Car je sais en qui j’ai mis ma foi ». Le Seigneur qui me l’a confiée ne me laissera jamais seul. Encore une fois, merci au Seigneur ! Merci à vous tous, ici présents, et à ceux qui nous sont unis en esprit et par la prière !

Tosepela, tolingana, totondo Nzambe !

Tayangalaleno, tazolosonoeno, tatondeno Nzambi !

Amen

 

Monseigneur Barthélémy Batantu, Archevêque de Brazzaville,
Homélie à l’occasion, de la première messe épiscopale à Brazzaville,
le 25 Février 1979

 


 

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