LA CHASTETÉ CHRÉTIENNE (Carême 1990)
Publier le 3 mars 1990
Introduction : Baptisés pour un monde nouveau.
Chers frères et sœurs en Jésus-Christ,
Je profite du thème pastoral de cette année Baptisés pour un monde nouveau afin de vous faire réfléchir et méditer sur une exigence baptismale malheureusement bafouée dans notre société laxiste et permissive d’aujourd’hui : la Chasteté Chrétienne. Ce n’est pas par hasard que nous avons choisi ce thème. La Chasteté Chrétienne, vertu qui consiste à mortifier ses tendances sexuelles, est bel et bien une conséquence fondamentale de notre Baptême comme l’explique Saint Paul :
“ Ignorez-vous que nous tous, baptisés en Jésus-Christ, c’est dans sa mort que nous avons été baptisés ? Par le Baptême, en sa mort, nous avons donc été ensevelis avec lui, afin que, comme Christ est ressuscité des morts par la gloire du Père, nous menions une vie nouvelle... Que le péché ne règne donc plus dans votre corps mortel pour vous faire obéir à ses convoitises. Ne mettez plus vos membres au service du péché comme armes de l’injustice, mais, comme des vivants revenus d’entre les morts, avec vos membres comme armes de la justice, mettez-vous au service de Dieu” (Rm 6, 3-4 . 12-13).
1. Constat négatif du comportement social actuel
Que constatons-nous malheureusement aujourd’hui : la dépravation des mœurs, le désordre sexuel, la délinquance juvénile, le permissivisme moral soit à l’ordre du jour. Contrairement aux temps de nos anciens où les règles de sexualité étaient bien précises et contribuaient à mettre de l’ordre dans nos sociétés, aujourd’hui, c’est l’anarchie systématique qui semble s’imposer à ce niveau.
Qu’entendons-nous autour de nous ? Pour les uns, il est inutile de fonder un foyer pour y vivre sa sexualité : en fonction des occasions, on décide d’avoir un enfant ici ou là, sans tellement se soucier, surtout pour les hommes, de savoir qui l’élèvera. Et l’on s’étonne de l’accroissement du nombre d’avortements et d’infanticides. Pour d’autres, il convient de se marier ; mais on voit dans le mariage plus une manière de se situer dans la société qu’un engagement de fidélité de l’un envers l’autre. Dès lors époux et épouses se laissent aller à une suite d’infidélités qui créent de la jalousie, du désordre, parfois même des empoisonnements ou des suicides.
Ajoutons à cela le développement inquiétant des maladies sexuellement transmissibles lié à la pluralité des partenaires sexuels. Si le Sida se transmet régulièrement par des contacts de sang, personne ne peut nier qu’il se développe surtout à travers les contacts sexuels. Il n’est peut-être pas une punition de Dieu comme on serait fortement tenter de le penser, mais il est une conséquence de l’activité désordonnée des hommes négligeant les lois morales, Le constat du libertinage et de la licence des mœurs est donc amer : avortements, infanticides, stérilité de la jeune fille congolaise suite à l’usage des pilules et aux avortements, toxicomanie, jalousies, suicides, empoisonnements, accusations arbitraires, désordres et séparations dans les familles, maladies sexuellement transmissibles entraînant parfois une mort certaine. Les chrétiens et chrétiennes que nous sommes n’avons pas à tolérer cette ambiance asphyxiante qui est la nôtre aujourd’hui. Nous devons nous efforcer de la transformer en découvrant la vocation du corps humain selon le dessein de Dieu. Il y a des choses qui ne se font pas en Israël (2 Sam 13, 12), il y a des choses qui ne se font pas en Église.
2. La vocation du corps humain selon le dessein de Dieu
Créée à l’image et à la ressemblance de Dieu, la personne humaine est appelée dans son corps et dans âme à trouver son bonheur et son épanouissement en Lui.
“ Tout m’est permis, écrit Saint Paul, mais tout n’est pas profitable. Tout m’est permis, mais je ne me laisserai, moi, dominer par rien. Les aliments sont pour le ventre et le ventre pour les aliments, et Dieu détruira ceux-ci comme celui-là. Mais le corps n’est pas pour la fornication ; il est pour le Seigneur ; et le Seigneur pour le corps. Et Dieu, qui a ressuscité le Seigneur, nous ressuscitera, nous aussi, par sa puissance” (1Co 6, 12-14).
L’Écriture nous montre ainsi que le corps humain qui est l’expression visible de la personne n’est pas créé pour être destiné au dévergondage des mœurs mais pour la résurrection en Jésus-Christ qui vit déjà parmi nous avec son corps de ressuscité.
3 Le grand commandement de l’amour
Si je rappelle aux chrétiens et aux chrétiennes de vivre la vertu de la chasteté, ce n’est pas tout simplement pour le plaisir de la mortification, mais en vue de mieux vivre le grand commandement d’amour que le Christ nous a laissé : “T u aimeras le Seigneur ton Dieu, de tout ton cœur, de toute ton âme, de toute ta force et de tout ton esprit ; et ton prochain comme toi-même” (Lc 10, 27). “Aimez-vous les uns les autres comme je vous ai aimés” (Jn 13, 34). “Il n’y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ses amis” (Jn 15, 13). La chasteté n’est donc pas seulement à considérer sous l’aspect négatif d’une privation de plaisir, mais elle doit être assumée comme une vertu favorisant l’exercice de l’amour de Dieu et du prochain. Aimer, c’est d’abord se donner et penser à l’autre, au lieu de se refermer sur soi. Renoncer aux relations sexuelles peut parfois enfermer la personne sur elle-même. Mais quand on le fait par idéal, c’est un moyen extraordinaire de s’ouvrir aux autres et de les aimer pour eux-mêmes et non pas pour soi, de se donner à eux, et non pas de les prendre ; de voir en eux leur vraie valeur de personne humaine, et pas seulement le plaisir qu’ils peuvent donner ; d’admirer leur beauté morale, et pas seulement leur beauté physique. Sans la chasteté, le vrai amour devient impossible, car elle a pour tâche d’affranchir l’amour et l’attitude de jouissance égoïste.
4. Savoir gérer son corps
Saint Paul nous a rappelé plus haut que le corps humain n’est pas fait pour la luxure. Mais pour la résurrection (2 Co 1, 6-12). Chacun de nous doit donc apprendre à maîtriser les pulsions désordonnées de son corps en soumettant ses sens à la raison. Des gens disent que le besoin sexuel est un besoin naturel qu’il faut à tout prix satisfaire. Il y a lieu de préciser que tous les besoins naturels ne sont pas à placer au même niveau : ils ne sont pas comparables. Il existe des besoins comme le manger et le boire qui doivent absolument être satisfaits sous peine de dépérissement. Quant au besoin sexuel, s’en priver n’entraîne aucun préjudice au point de vue physique et psychologique. Personne n’est mort pour avoir vécu sa continence sexuelle pendant des mois, des années ou toute une vie entière. L’exemple de personnes consacrées qui se sont données corps et âme au service de Dieu et de l’Église est là pour le démontrer. D’ailleurs, si chez l’animal l’instinct règne en maître, chez l’homme par contre la tendance sexuelle ne signifie nullement besoin absolu, car l’homme dispose d’une volonté qui lui permet de ne pas suivre nécessairement ses élans instinctifs ou sa propre passion contrairement à ce que semble suggérer ce refrain d’un disque populaire : Bolingo ezali volonte ya moto te, kasi esalema se bongo ! (L’amour ne dépend de la volonté de personne ; il arrive malgré soi !). L’Église nous enseigne plutôt que c’est en apprenant à discipliner son corps par la chasteté qu’on arrive à se libérer pour mieux aimer.
5. Le Christ libérateur
Le Christ lui-même a affirmé que quiconque commet le péché est esclave du péché (Jn 8, 34). Et “si le Fils nous libère, c’est que nous serons réellement libres” (Jn 8, 36). Ainsi quiconque s’adonne au dévergondage sexuel devient vite esclave de ses propres passions et se laisse dominer par les œuvres de la chair dont parle Saint Paul : “On les connaît les œuvres de la chair : libertinage, impureté, débauche, idolâtrie, magie, haines discordes, jalousies, emportements, rivalités, dissensions, factions, envie, beuveries, ripailles et autres choses semblables” (Gal 5, 19-2 1).
Mais c’est en accueillant humblement la vérité du Christ que l’on devient libre. “Si vous demeurez dans ma parole, vous êtes vraiment mes disciples, et vous connaîtrez la vérité et la vérité vous libérera” (Jn 8, 31-32). C’est le Christ qui vient nous apprendre que le péché contre la chasteté ne se limite pas au corps : il prend sa source dans le regard impur et le cœur plein de convoitise : “Vous avez entendu qu’il a été dit : tu ne commettras pas d’adultère. Eh bien ! Moi je vous dis : quiconque regarde une femme pour la désirer a déjà commis, dans son cœur, l’adultère avec elle” (Mt 5, 27-28). En nous révélant progressivement notre impureté de cœur, Jésus nous donne également la garantie de la guérison spirituelle grâce à son esprit de purification.
6. Le Carême, temps de conversion et de purification
Je vous invite donc, frères et sœurs, à profiter de ce temps favorable de Carême pour passer de la perversion des mœurs à la conversion des cœurs. C’est le moment favorable où chacun de nous est appelé à porter la croix de la chasteté afin de mieux aimer Dieu et le prochain. C’est le moment favorable où chacun de nous doit apprendre à se sacrifier pour l’amour de Dieu et de son Église.
C’est le moment favorable où chacun de nous est appelé à se purifier en renonçant volontairement à tout plaisir égoïste. C’est le moment de demander à l’Esprit de sainteté de nous donner un regard pur sur les personnes que nous rencontrons afin que nous ayons la joie et le courage de découvrir en chacune d’elles le visage de Dieu : “Heureux les cœurs purs, ils verront Dieu” (Mt 5, 8)
7. La chasteté, attitude de respect pour tout homme
Notre société a besoin de remettre en valeur le respect de la dignité de la personne, de sa propre personne et de celle du prochain, qui ne peuvent être traitées comme des choses, comme de simples instruments de plaisir. La chasteté chrétienne est une vertu qui permet de valoriser ce respect du corps humain compris comme temple du Saint-Esprit, demeure de la Sainte Trinité, sanctuaire de l’Eucharistie, membre du Corps mystique du Christ et participant, grâce à la faculté d’engendrer, au pouvoir créateur de Dieu. On ne peut prétendre aimer quelqu’un si on ne le respecte pas d’abord. C’est d’ailleurs de tout temps que dans notre société l’homme qui sait se respecter et respecter les autres jouit d’une grande considération. Cet homme-là peut s’estimer heureux, car il a atteint la maturité de sa personne. La chasteté chrétienne contribue justement à la réalisation de cette maturité humaine.
8. Les différents visages de la chasteté
C’est pour cela que je rappelle à tout le peuple de Dieu qui se trouve dans l’Archidiocèse de Brazzaville que par le Baptême nous sommes devenus temple de l’Esprit, demeure de Dieu. Le Baptême fait de nous des consacrés à Dieu puisqu’il nous donne sa vie divine. Aussi, dès les débuts de l’Église, les baptisés ont été invité à vivre la chasteté dans le célibat et ainsi, à se maîtriser dans leur corps jusqu’au mariage à moins qu’ils n’aient été appelés à se consacrer à Dieu durant toute leur vie.
Je prends ainsi à mon compte cet engagement que le regretté Cardinal MALULA soulignait en titre dans une de ses lettres pastorales et vous le propose à mon tour : “Je m’engage à rester chaste, soit jusqu’au mariage, soit pour toute ma vie, suivant que j’ai l’intention de me marier ou de me consacrer totalement à Dieu”.
Cette chasteté à laquelle le Baptême nous engage, c’est évidemment le renoncement à tout acte sexuel en dehors du mariage, mais également la purification de notre esprit de toute parole, pensée et tendance susceptible de nous faire perdre la vertu de la continence. Je sais très bien que cette voie que je vous propose est très dure et qu’elle ne sera pas comprise par tout le monde. “Tous ne comprennent pas ce langage, mais ceux-là à qui c’est donné” (Mt 19, 11).
La vertu de chasteté est une question d’amour, mais aussi de foi. Il s’agit de croire que ce que le Christ nous demande, il nous donne aussi la force de l’accomplir. Si nous croyons à la toute puissance du Christ Sauveur, le chemin de la tempérance sexuelle deviendra le lieu d’un vrai miracle capable d’endiguer les perversions morales qui menacent aujourd’hui l’équilibre de notre société. En effet, dans un combat pour la chasteté, dans cette guerre contre le désordre sexuel, nous ne sommes pas seuls. Nous avons la force du Christ et de son Esprit divin : “ Les tentations auxquelles vous êtes exposés, dit Saint Paul, sont à la mesure de l’homme. Dieu est fidèle : il ne permettra pas que vous soyez tentés au-delà de vos forces. Avec la tentation, il vous donnera le moyen d’en sortir et la force de la supporter” (1Co 10, 13). Tout seul, le combat serait perdu d’avance. Mais avec Dieu, comme l’avait dit l’Ange Gabriel à Marie : “Rien n’est impossible à Dieu” (Lc 1, 37).
J’invite donc les chrétiens et les chrétiennes qui se préparent au mariage religieux à vivre héroïquement la vertu de la continence jusqu’au mariage. Je demande enfin aux personnes mariées de vivre leur chasteté conjugale grâce à la fidélité du mariage monogamique et à une véritable vie commune au sein du foyer dans le respect réciproque des personnes.
9. Jeunesse et chasteté
Les Évêques du Congo, dans leur lettre de Carême 1972 intitulée Le chrétien dans la Communauté Nationale, parlaient ainsi du sérieux de la vie aux jeunes :
“Il faut que les jeunes gens et les jeunes filles découvrent le sérieux et la grandeur de l’amour humain, pour que cessent le dévergondage et la multiplication inquiétante des avortements qui s’ensuit. Ces avortements montrent que les jeunes acquièrent de plus en plus difficilement le sens du sérieux de la vie, malgré les études poussées qu’ils peuvent faire. Ceci est inquiétant pour l’avenir de notre peuple, sans même qu’il soit besoin de parler des conséquences néfastes qu’entraînent les pratiques abortives clandestines : maladies, stérilité “.
Quelques jeunes se sont groupés en associations chrétiennes avec comme idéal l’exercice de la chasteté avant le mariage. Nous encourageons ces jeunes gens qui s’organisent pour un idéal noble, car leurs efforts de maîtrise corporelle contribuent d’une manière ou d’une autre à assainir le comportement moral de notre société. La chasteté, en dehors même de sa dimension chrétienne, comporte plusieurs aspects positifs au point de vue humain : elle permet d’unifier les énergies vitales qui favorisent l’équilibre humain, elle vivifie l’intelligence. Elle évite non seulement le vagabondage sexuel, mais aussi le vagabondage de l’imagination malsaine. Enfin la chasteté permet de jouir d’une harmonie physique et psychologique sereine. Elle rend les jeunes plus lucides sur les difficultés de l’heure et les atouts du présent, ainsi que sur les perspectives d’avenir. Ne croyez pas ceux qui vous diront que la jeunesse est faite pour s’amuser, écrit Paul Claudel. La jeunesse n’est point faite pour le plaisir, elle est faite pour l’héroïsme. C’est vrai, il faut de l’héroïsme à un jeune homme pour résister aux tentations qui l’entourent.
Ne croyez pas que vous serez diminué, vous serez au contraire merveilleusement augmenté. C’est par la vertu que l’on est un homme. La chasteté vous rendra vigoureux, prompt, alerte, pénétrant, clair comme un coup de trompette et tout splendide comme le soleil du matin. La vie vous paraîtra pleine de saveur et de sérieux, le monde de sens et de beauté. A mesure que vous avancerez, les choses vous paraîtront plus faciles, les obstacles qui étaient formidables vous feront maintenant sourire.
J’exhorte ainsi les jeunes à croire à la possibilité de pratiquer la chasteté et à l’aimer. Il va de leur survie et de la survie de notre société.
10. Moyens pour vivre la chasteté
Si nous nous entêtons à suivre la pente morale actuelle, notre société congolaise risquera de se désintégrer progressivement, parce qu’elle n’arrivera plus à la longue à respecter l’intimité des individus qui la composent. Saint Grégoire affirme que la luxure provoque l’aveuglement de l’esprit, l’irréflexion, la précipitation, l’inconstance, l’égoïsme, la haine de Dieu, l’attachement à ce monde, le dégoût du monde futur. C’est pour cela que je vous propose, à vous frères et sœurs, des moyens qui vous aideront à vivre plus facilement la vertu de chasteté capable de pousser notre société en général et notre Église en particulier à rendre le comportement social plus humain et plus chrétien.
Il s’agit tout d’abord d’apprendre à maîtriser son corps par un effort continuel de volonté et de dépassement de soi. L’éducation physique peut contribuer à cette maîtrise du corps. Il faut ensuite avoir un idéal dans la vie : aimer Dieu et son prochain et agir de manière cohérente par rapport à cet idéal. Il faut aussi maintenir en soi une hygiène de la tête, car chez l’homme le centre de la sexualité se trouve dans le cerveau, appareil de télécommande. Il faut maintenir nos différents sens en paix. Faisons attention à ce que nous touchons, lisons, entendons, écoutons et regardons (conversations, lectures, films). D’où l’importance d’avoir un regard propre pour sélectionner les images, les actes, les lectures et les spectacles qui peuvent nous édifier. La vertu de chasteté se maintient plus facilement lorsqu’on est occupé : L’oisiveté est le naufrage de la chasteté dit un proverbe de l’antiquité. La paresse est la mère de tous les vices, souligne un proverbe français. C’est ainsi que le désœuvrement et le chômage rendent plus difficile la pratique de la chasteté.
Il est du ressort des adultes d’une part et des responsables d’autre part de lutter contre toute injustice et contre toute corruption et d’occuper positivement la jeunesse au lieu de la laisser flâner dans la rue pour se livrer à des activités débilitantes.
Il faut enfin cultiver en soi et autour de soi les vertus humaines de la dignité, de l’honnêteté, du respect, de la franchise, de la tolérance, de la maîtrise de soi, de la persévérance et de l’amour et les vertus spirituelles de la piété, de la foi, de l’espérance et de la charité. L’exercice de la prière assidue, la participation aux Sacrements et notamment à l’Eucharistie et à la confession régulière sont une aide spirituelle précieuse pour le maintien de la chasteté.
11 La chasteté, meilleur antidote contre le Sida
Pendant que la plupart des gens accourent dans les pharmacies pour se procurer quantité de préservatif contre le Sida et les autres maladies sexuellement transmissibles, je ne cesse de répéter, quant à moi, que le meilleur antidote contre le Sida reste la continence sexuelle et la fidélité conjugale. Les moyens prophylaxiques proposés par une certaine publicité et ont tendance à banaliser l’acte sexuel en Séparant le plaisir de l’amour total de la personne. La chasteté chrétienne vécue dans la continence ou la fidélité matrimoniale aide au contraire les chrétiens à vivre leur amour en personnes mûres et responsables, capables de poser des choix adultes au lieu d’être esclaves de plaisirs incontrôlés. La chasteté chrétienne est une exigence et une nécessité pour la protection et la survie de notre peuple, particulièrement contre les maladies sexuellement transmissibles, contre le Sida.
Si nous ne respectons pas ces consignes, nous nous acheminons tôt ou tard vers une hécatombe avec tout ce que cela comporte de misère. En négligeant ces consignes, bien de personnes chercheront ailleurs - chez le féticheur ou le voyant - des causes qui ne sont pas pour autant réelles provoquant ainsi d’interminables querelles de famille tournant autour d’accusations arbitraires de sorcellerie. On divise la famille qui aurait intérêt à s’unir pour sauver et entourer le malade.
12. L’exemple de Jésus, Marie et Paul
La vertu de la chasteté nous est proposée par le Christ qui a vécu toute sa vie la pureté et la virginité de cœur et de corps. S’il a parlé de continence volontaire à ses disciples, c’est parce qu’il en avait l’expérience au plus haut point :
“Il y a en effet des eunuques qui sont nés ainsi du sein de leur mère, il y a des eunuques qui le sont devenus par l’action des hommes, il y a des eunuques qui se sont eux-mêmes rendus tels à cause du Royaume des Cieux” (Mt 19, 12).
Quant à Marie, sa Mère, c’est la Vierge qui a été conçue sans péché et qui a enfanté sans connaître un homme. Sa féconde virginité nous permet de croire que la chasteté chrétienne vécue dans un profond esprit de foi et d’amour est une source de maternité et de paternité spirituelles pour les personnes qui s’y engagent.
Paul, quant à lui, exhorte les célibataires à être comme lui : “je voudrais que tous les hommes fussent comme moi ; mais chacun reçoit de Dieu son don particulier, celui-ci d’une manière, celui-là de l’autre. Je dis toutefois aux célibataires et aux veuves qu’il leur est bon de demeurer comme moi” (lCo 7, 7-8).
CONCLUSION
Je ne peux conclure cette Lettre Pastorale de Carême sans vous rappeler que le Concile Vatican II a lancé à tous les baptisés un vibrant appel universel à la sainteté :
“Il est clair pour tous que chacun des fidèles, peu importe son état ou son rang, est appelé à la plénitude de la vie chrétienne et la perfection de la charité” (L.G.,40).
Puisse l’exercice de la chasteté chrétienne, exigence de notre baptême, nous aider tous à mieux vivre cet appel universel à la sainteté en tant que fils et filles de Dieu : “Soyez donc parfaits Comme votre Père céleste est parfait” (Mt 5, 48).
Que la chasteté chrétienne vécue comme témoignage du monde nouveau annoncé par le Christ soit cette Bonne Nouvelle d’amour - sacrifice que nous apporterons dans cette société corrompue afin que nous devenions “irréprochables et purs, enfants de Dieu sans tâche au sein d’une génération dévoyée et pervertie, d’un monde où vous brillez comme des foyers de lumière” (Phil 2, 15).
Monseigneur Barthélémy Batantu, Archevêque de Brazzaville,
Carême 1990
Brazzaville, 03 Mars 1990