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Le Seigneur vient !

Publier le 5 décembre 2014

Deux voix nous font entendre ce message en ce deuxième dimanche de l’Avent "B" : Isaïe le prophète et Jean le Baptiste. Ils sont les gardiens devant la porte et veillent à l’entrée de la grotte de la Nativité. Impossible d’arriver auprès de l’Enfant, sans passer par eux, sans que nous ressemblions quelque peu à eux. Que nous disent-ils en ce dimanche ?

« Consolez, consolez mon peuple » dit le prophète Isaïe dans la première lecture. Le peuple en question se trouve en exil en terre étrangère. Il a été écrasé, humilié. Mais la situation est en train de changer. L’oppresseur est lui-même battu par l’armée de Cyrus. Et c’est là que le prophète intervient pour apporter un message de réconfort. Le temps de l’épreuve est terminé. Dieu va sauver son peuple. Chacun est invité à se redresser et à se reprendre vigoureusement en main. Il s’agit de collaborer ensemble au projet de Dieu qui veut sauver son peuple et lui manifester sa gloire. L’Église d’aujourd’hui nous invite à maintenir le cap sur Dieu. Avec force et parfois avec angoisse, elle reprend le cri des prophètes : « Voici votre Dieu qui ne cesse de vous aimer. »

L’Évangile de saint Marc nous présente le « commencement de la bonne nouvelle de Jésus Christ Fils de Dieu ». C’est donc Dieu lui-même qui vient en la personne de Jésus. Cet Évangile s’ouvre par la prédication de Jean Baptiste : « A travers le désert, une voix crie… et Jean Baptiste parut dans le désert ». Alors, on peut se poser la question : pourquoi avoir choisi le désert pour annoncer cette bonne nouvelle ? Pourquoi n’avoir pas choisi un lieu de passage des foules ?

En fait, il y a plusieurs raisons : dans le monde de la Bible, le désert, c’est un lieu symbolique très fort. C’est le lieu de la rencontre avec Dieu. C’est dans cet espace dépouillé qu’il parle au cœur de l’homme pour l’inviter à se convertir : « Préparez les chemins du Seigneur, aplanissez sa route… » Nous voici donc mobilisés. Nous devons nous arracher à nos fauteuils confortables, retrousser nos manches et mettre la main à la pâte. Se convertir, c’est sortir de nos habitudes sclérosées et de nos lamentations stériles. Jean Baptiste nous recommande d’aplanir la route. Il s’agit d’enlever tous les obstacles pour que le Seigneur puisse passer et que nous puissions le rejoindre.

Le désert est aussi le symbole de l’aridité de nos cœurs. Nous le voyons bien tous les jours : nos cœurs ressemblent souvent à cette terre aride, altérée et sans eau. Pensons à tous ces déserts d’humanité où l’homme est devenu pire qu’un loup pour l’homme, déserts de dignité dans lesquels des hommes et des femmes sont traités comme du matériel qu’on utilise et qu’on jette. Et nous n’oublions pas les nombreux déserts de solitude, les déserts d’amour de ceux qui ne savent pas aimer et ne se sentent pas aimés. Dans tous ces déserts, nous voyons des hommes qui n’arrivent pas à se comprendre ni à se supporter.

Or c’est là que le Christ nous rejoint pour venir nous chercher. L’Évangile commence dans les déserts de nos vies. Dans le sable du désert, il n’y a pas de vie. Mais dès qu’il pleut, le sol se recouvre de végétation et de fleurs. De même, sans la présence du Seigneur, nos vies sont desséchées. Mais Dieu ne nous abandonne pas. Ce qu’il sème en nos cœurs ne meurt jamais. A la première occasion favorable, il se révèle pour transfigurer notre vie.

Le christianisme est à la fois doux et exigeant. Il se nourrit à un paradoxe, qui est d’ailleurs le paradoxe de Dieu lui-même. Dieu est infiniment bon. Mais il est aussi infiniment juste. Il est le Consolateur mais aussi le Législateur, il est le Tendre mais aussi le Juge. La foi chrétienne est à la fois visionnaire et exigeante. Isaïe nous introduit dans la vision. Car « Sans la vision, nous dit le Livre des Proverbes, le peuple tombe dans la torpeur. » C’est cette vision qui nous garde dans l’espérance et Isaïe est le prophète de l’espérance. C’est lui qui nourrit et oxygène le muscle cardiaque de notre âme : l’espérance.

Mais le Royaume de Dieu ne nous est pas donné automatiquement et sans effort de notre part. Il demande la conversion de notre cœur. Le Royaume ne tombe pas sur le gazon de notre âme comme une pluie printanière. Gratuitement. Car il n’est pas extérieur, un manteau jeté par Dieu sur nos épaules ou un diadème sur notre tête. Il est la métamorphose intérieure de notre cœur, la transformation de notre être intérieur tout entier. Et cela implique le libre effort de la conversion. Et c’est Jean le Baptiste qui debout dans le vent du désert nous le crie : « Aplanissez la route. » Et s’il faut aplanir, c’est qu’il y a des obstacles.

Notre conversion et notre pénitence sont le passage obligé pour arriver à la Crèche. Il faut un effort moral de notre part. Comme il est écrit dans ce même Évangile de Matthieu : « Depuis les jours de Jean le Baptiste, le Royaume des cieux est assailli avec violence ; ce sont les violents qui l’arrachent » (Mt 11,12).
 

Abbé Stein

 


 

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