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CÉLÉBRATION DU VINGTIÈME ANNIVERSAIRE DU RAPPEL A DIEU DE MONSEIGNEUR MICHEL THIRIEZ

Publier le 13 janvier 2015

Isaïe 60, 1-6 ; Éphésiens 3, 2-3a.5-6 ; Matthieu 2, 1-12


 

- Monseigneur Louis Portella, Évêque de Kinkala
- Monsieur le Vicaire Général,
- Autorités politiques et militaires, en vos rangs et qualités,
- Chers Prêtres,
- Chers Religieux et Religieuses,
- Distingués Invités,
- Frères et Sœurs, Paroissiens de Notre Dame de l’Assomption !

Chers Frères et Sœurs,

4 Janvier 1995 - 4 Janvier 2015 : voici 20 ans, jour pour jour, que Mgr Michel THIRIEZ nous quittait pour rejoindre la Maison du Père Éternel.

Nous avons voulu, avec les Responsables de la Paroisse qu’il avait fondée sur instruction de Mgr Barthélemy Batantu, alors Archevêque de Brazzaville, marquer cet anniversaire d’un cachet spécial. En effet, parfois avec le temps et inconsciemment, on perd de vue des personnes, pourtant, dont la mémoire devrait être pérennisée pour s’inspirer de leurs bons exemples.

Ce fut le cas de Mgr Michel THIRIEZ dont nous nous souvenons aujourd’hui non seulement du jour de son entrée au Ciel, mais surtout de son zèle pastoral dont la fécondité avait accompagné spirituellement les Militaires et leurs familles, le Scoutisme au Congo et en Afrique Équatoriale Française et les Foyers chrétiens. A côté de tout cela, il n’est pas inutile de rappeler son engagement spirituel auprès des prisonniers Militaires et ceux de la Maison d’arrêt tout court où il monta un atelier de céramique et une scierie et où il obtint la séparation des adolescents des adultes, espérant, à l’époque, la séparation des prisonniers féminins et des prisonniers (aujourd’hui, cela est effectif). Tout cela a été dicté par un esprit de foi profonde.

Pour le clergé de Brazzaville, Mgr Michel Thiriez a été et restera cette figure de missionnaire exemplaire que nous devons admirer et imiter. Prêtre diocésain de Lille et non religieux, il a décidé de venir en mission comme « fidei donum », en Afrique , notamment au Congo.. Il est le fils d’un grand industriel de Lille . Les couturiers et couturières connaissent bien les manufactures de tissus et de files Thiriez. Il avait été admis à l’École des Hautes Études Industrielles où il sort Ingénieur, probablement en vue de travailler dans les firmes familiales. Mais il décide d’entrer au Grand Séminaire de Lille. Appartenant à un certain rang social, il décide pourtant de venir en Afrique, vivant modestement, humblement et pauvrement. Avec ce qu’il a hérité de son père, il a fait beaucoup de social, il l’a investi dans la construction de cette paroisse : École, Presbytère, Église.

C’est donc un devoir de reconnaissance, de fierté et de joie, pour nous membres de l’Archidiocèse de Brazzaville, de rappeler la mémoire de ce digne fils de la France et de ce prêtre de l’Église Catholique dont l’apport spirituel et multiforme, auprès des Congolais, dépassait le seul cadre de l’Église Catholique. A la Maison d’arrêt de Brazzaville, il n’y avait pas, à son époque, et il n’y a pas que des Catholiques. Ses initiatives et ses actions sociales concernaient tous les prisonniers sans distinction de religion.

C’est une bénédiction et une grâce spéciale que le vingtième anniversaire de sa mort coïncide, en ce jour, avec la célébration de l’Épiphanie de Notre Seigneur Jésus-Christ. L’Épiphanie est la manifestation de Dieu à tous les hommes, pas seulement aux croyants. C’est dans ce sens qu’il faut comprendre la visite des Mages, dont la qualité et la mission demeurent encore assez imprécises, cependant, dont l’universalité de provenances est éclairante. Il importe aussi de reconnaitre que nous sommes en présence des hommes en quête de vérité et du sens de leur vie, et ayant, dans leurs besaces, des offrandes désignant l’identité de Jésus :

  • Roi, avec l’apport de l’or pour l’honorer ;
  • Homme, avec le présent de la myrrhe pour son ensevelissement et sa victoire sur la mort ;
  • Dieu, avec l’offrande de l’encens pour l’adorer.

C’est dans la deuxième lecture que l’on trouve la raison profonde de l’envoi en mission de Mgr Michel THIRIEZ par le Cardinal LIENART, alors Archevêque de Lille (France), en 1959 au Congo-Brazzaville : "Ce mystère, c’est que toutes les nations sont associées au même héritage, au même corps, au partage de la même promesse, dans le Christ Jésus, par l’annonce de l’Évangile".

L’universalité du salut avait poussé Mgr Thiriez à aller loin de sa terre natale pour annoncer le Christ à ceux qui ne l’avaient pas encore connu. Lui qui aurait pu jouir des avantages matériels dus à son statut de fils d’industriel. Aller au loin, aller à la périphérie (comme le dit le Pape François) est l’une des missions essentielles dévolues à tout chrétien : faire connaitre le Christ, faire découvrir la vérité à tout le monde.

Comme les Mages qui ont découvert, grâce à l’Étoile qui a brillé pour saluer l’aurore nouvelle de l’éternel matin du monde et ont dû changer de route pour éviter la furie et la jalousie d’Hérode pour l’Enfant Jésus, Mgr Michel THIRIEZ fit aussi l’expérience de la mise entre parenthèses de sa mission pastorale au Congo. Les années 1964-1965 avaient anéanti les Mouvements Catholiques de Jeunesse, principalement le Scoutisme et auraient pu aussi ralentir son élan pastoral, avec l’arrestation de son compagnon du Centre Catéchétique (aujourd’hui, Centre Inter-diocésain des Œuvres, siège de la Conférence Épiscopale du Congo), Mgr Louis BADILA, dont il fut le témoin oculaire.

Mais, comme on dit, toute crise est naturellement une épreuve, mais surtout un moment de croissance. Ces moments sombres vont, au contraire, encourager Mgr Thiriez à aller de l’avant dans sa mission de faire manifester le Christ aux autres dans les différents secteurs pastoraux rappelés ci-dessus.

C’est autant dire que la célébration de l’Épiphanie du Seigneur est cette fête qui nous stimule dans la recherche du Messie dans notre vie, afin qu’il se manifeste à nous.

Il y a quelques jours, plus précisément trois, à travers le Message pour la Journée Mondiale de la Paix, le Pape a envoyé un signal explicite dans ledit Message où il nous invite à méditer sur l’extrait de la Lettre de Saint Paul Apôtre à Timothée : "Non plus esclaves, mais libres". Ce Message est une invitation à accueillir l’autre, surtout le Migrant, comme un frère à aimer et à aider. Sa précarité ne nous autorise pas à l’infantiliser ou à l’anéantir. Bien au contraire ! Nous avons là une belle occasion de manifester le Christ par l’amour à lui offrir par le biais du Migrant.

C’est cela que Mgr Thiriez avait compris et mis en pratique, par sa sollicitude vis-à-vis des prisonniers à qui il avait toujours voulu redonner l’espoir de repartir d’un nouveau pied, en luttant pour leur réinsertion sociale. Toutes les initiatives pastorales dont nous avons parlé ci-dessus, allaient dans le même sens, c’est-à-dire faire manifester le Christ et Son Amour aux autres.

Pour ma part, en ma qualité d’Archevêque de Brazzaville, j’ose espérer que nous allons manifester le Christ qui nous a rejoints dans notre humanité en ce Temps de Noël par des réflexions et des actions qui concourent à consolider et à entretenir la Paix reconquise. Pour cela, je me fais le chantre de la Paix comme denrée à promouvoir et à protéger ; du Dialogue comme gage de la paix et de l’écoute des autres et la Prière comme bouclier pour la paix et le dialogue (cf. Mon Message à l’occasion de l’échange de Vœux avec les membres de l’Archidiocèse de Brazzaville, le 31 Décembre 2014).

L’Enfant Jésus qui est né à Noël apporte la paix aux cœurs qui se laissent déranger, bousculer, renverser par la nouveauté apportée par Lui. Cette paix, le monde en a besoin, l’Afrique en a besoin, le Congo, notre cher et beau pays en a vraiment besoin. Au moment où l’atmosphère politique commence à être en ébullition à cause des convictions des uns et des autres, l’Enfant Jésus, par ma bouche de pasteur, vient nous rappeler qu’Il est venu pour nous apporter la paix. Cette paix, nous devons l’entretenir, la conserver et même la contaminer à ceux qui en sont en manque. Toutes les tendances allant dans le sens de la destruction et la déstabilisation de cette paix sont à bannir et même à exorciser. C’est autant dire que le dialogue, seul moyen crédible, efficace, humain doit primer sur chacune de nos positions.

C’est en intégrant ces éléments dans notre vie de chrétiens que nous chercherons, au jour le jour, à manifester le Christ qui se présente à nous comme "Merveilleux Conseiller", "Dieu fort", "Prince de la Paix", etc. Notre rencontre avec le Christ, qui est né et qui est couché dans une mangeoire, doit bousculer notre vie au point de lui donner une orientation nouvelle.

En effet, l’invitation de Matthieu : "De toutes les nations faites des disciples" (Mt 28, 19) avait résonné certainement fort dans le tréfonds du cœur de Mgr Michel Thiriez. C’est maintenant à nous de prendre le relais de l’étoile dont parle l’Évangile et conduire au Christ ceux qui le cherchent.

Puisse la Vierge Marie, Mère de Dieu et Étoile de l’Évangélisation, nous conduire auprès de Son Fils pour faire de nous des témoins de Sa Naissance pour nous faire comprendre que "l’Église n’existe pas pour elle-même, mais pour témoigner du bonheur que Dieu notre Père nous offre en Jésus, avec lui et par lui".

Amen !

Monseigneur Anatole MILANDOU, Archevêque de Brazzzaville
Paroisse Notre Dame de l’Assomption,
dimanche 04 janvier 2015

 


 

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