DIMANCHE DES RAMEAUX 2015
Publier le 31 mars 2015
Place Mariale de la Cathédrale Sacré-Cœur, dimanche 29 mars 2015
Isaïe, 50, 4-7 ; Ps 21(22) ; Philippiens 2, 6-11 ; Marc 14,1-72.15, 1-47
« Heureux les cœurs purs, car ils verront Dieu » (Mt 5,8)
- Chères Autorités politiques, militaires et administratives,
- Chers Aumôniers,
-*Chers Abbés et Pères, - Chers Religieux et Religieuses,
- Bien aimés de Dieu, distingués invités !
- Chers Jeunes !
- Jeunesse Congolaise ! Amour – Prière – Travail ! (Slogan)
Depuis trente ans déjà, grâce au Saint Pape Jean Paul II, le Dimanche des Rameaux est devenu de façon particulière la journée de la jeunesse, la journée au cours de laquelle les jeunes du monde entier vont à la rencontre du Christ, désirant l’accompagner dans leurs villes et leurs pays, afin qu’Il soit au milieu de nous et qu’Il puisse établir sa paix véritable au cœur de notre monde. Nous voulons aller à la rencontre de Jésus et marcher avec Lui sur sa route et pour le faire, il nous faut nous poser les questions suivantes : sur quelle voie désire-t-il nous guider ? Qu’attendons-nous de Lui ? Et qu’attend-il de nous ?
Aujourd’hui, Jésus entre dans la Ville Sainte monté sur un âne, c’est-à-dire sur l’animal des gens simples et ordinaires de la campagne, et en plus sur un âne qui ne lui appartenait pas, mais qu’il avait emprunté pour la circonstance. Il n’arrive pas sur un magnifique char royal, ni à cheval comme les grands de ce monde, mais sur un âne emprunté. Il réalise ainsi les paroles du livre du Prophète Zacharie au chapitre neuf, le verset neuf : « Exulte avec force, fille de Sion ! Crie de joie, fille de Jérusalem ! Voici que ton roi vient à toi : il est juste et victorieux, humble, monté sur un âne, sur un ânon, le petit d’une ânesse » (Za 9,9).
Pour comprendre la signification de la prophétie et, ainsi, l’action même de Jésus, nous devons écouter le texte tout entier de Zacharie, qui se poursuit en ces termes : « Il fera disparaître d’Éphraïm les chars de guerre, et de Jérusalem les chevaux de combat ; il brisera l’arc de guerre, et il proclamera la paix aux nations. Sa domination s’étendra d’une mer à l’autre, et de l’Euphrate à l’autre bout du pays » (Za 9,10).
En entrant à Jérusalem, Jésus veut nous révéler qu’il est le roi des pauvres, un pauvre parmi les pauvres et pour les pauvres. La pauvreté doit être comprise dans ce cas, dans le sens des « anawim d’Israël », ces âmes croyantes et humbles que nous rencontrons autour de Jésus, ces âmes dont parle la première béatitude du Discours sur la Montagne, dans l’Évangile selon Saint Matthieu. Une personne peut être matériellement pauvre, mais avoir le cœur rempli de soif de richesse matérielle et du pouvoir qui dérive de la richesse.
La pauvreté dans le sens où Jésus l’entend présuppose surtout la liberté intérieure de l’avidité de possession et de la soif de pouvoir. Il s’agit avant tout de la purification du cœur, grâce à laquelle on reconnaît la possession comme responsabilité, comme devoir envers les autres, en se plaçant sous le regard de Dieu et en se laissant guider par le Christ qui, étant riche, est devenu pauvre pour nous (2 Co 8, 9) ; lui qui était de condition divine, et qui n’a pas jugé bon de revendiquer son droit d’être traité à l’égal de Dieu, comme nous l’avons écouté dans la deuxième lecture.
Le Dimanche des Rameaux, Jésus, le roi des pauvres, nous indique la voie qui mène vers Lui ; il entre à Jérusalem pour nous ouvrir la voie de la liberté intérieure, celle qui dépasse la corruption et l’avidité qui de plus en plus dévastent le monde et déciment la jeunesse. Cette liberté ne peut être trouvée que si Dieu devient notre richesse. Elle ne peut être trouvée que dans la patience des sacrifices quotidiens, dans lesquels elle se développe comme véritable liberté.
En entrant à Jérusalem, Jésus nous révèle aussi qu’il est le roi de paix. En effet, le prophète Zacharie, le peint déjà comme celui qui fera disparaitre les chars de guerre et les chevaux de bataille, celui qui rompra les arcs et annoncera la paix. Dans la figure de Jésus, cela se concrétise à travers le signe de la Croix. Celle-ci représente l’arc brisé, et d’une certaine façon le nouveau, véritable arc-en-ciel de Dieu, qui unit le ciel et la terre et jette un pont sur les abîmes et entre les continents.
La nouvelle arme que Jésus dépose entre nos mains est la Croix, signe de la réconciliation, du pardon, signe de l’amour qui est plus fort que la mort. Chaque fois que nous faisons le signe de la Croix, nous devons nous rappeler que nous pouvons vaincre le mal uniquement par le bien et jamais en répondant au mal par le mal.
L’entrée de Jésus dans la Ville Sainte est enfin une ouverture universelle à l’œuvre du salut. L’antique promesse de la terre, faite à Abraham et aux Pères, est ici remplacée par une nouvelle vision : l’espace du roi messianique n’est plus un pays déterminé qui se séparerait ensuite des autres et qui prendrait donc inévitablement position contre d’autres pays. Son pays est la terre entière, l’univers. Ainsi, en franchissant chaque limite, dans la multiplicité des cultures, Jésus crée l’unité et c’est ce symbole fort que nous représentons en cette eucharistie.
Dans toutes les cultures et dans toutes les parties du monde, partout dans les cabanes misérables et dans les pauvres campagnes, ainsi que dans la splendeur des basiliques et des cathédrales, Jésus vient et il est le même hier, aujourd’hui et éternellement. En se faisant notre pain et se donnant à nous, il domine et ne cesse de construire son Royaume.
Les trois caractéristiques annoncées par le prophète : pauvreté – paix –universalité – sont résumées dans le signe de la Croix et c’est pourquoi, à juste titre, la Croix est devenue le centre des Journées Mondiales de la Jeunesse. Renseignez-vous sur l’histoire de l’histoire de l’Église et vous vous apercevrez qu’il eut un temps – qui n’est pas encore entièrement terminé – où l’on refusait le Christianisme à cause de la Croix. Les gens aimaient à dire que la Croix parle de sacrifice ou elle est le signe de la négation de la vie.
Au début, la Croix était considérée comme l’instrument du supplice du Christ, donc comme un signe ignoble. Les chrétiens eux-mêmes jusqu’à une certaine époque, avaient honte de la croix. C’est tardivement que les chrétiens ont commencé à exalter la croix, selon les paroles de St Paul : « Que notre seule fierté, soit la Croix de notre Seigneur Jésus Christ. En lui, nous avons le salut, la vie et la résurrection ; par lui, nous sommes sauvés et délivrés » (cf.Ga 6,14).
La célébration du Dimanche des Rameaux et de la Passion de notre Seigneur Jésus-Christ nous présente donc la croix comme le véritable arbre de vie. C’est en donnant notre vie que nous trouvons la vie et non en nous emparant d’elle. L’amour vrai, c’est se donner soi-même et le chemin de la vraie vie est symbolisé par la croix. C’est là aussi que se dessine toute la portée du thème de cette XXXème Journée Mondiale de la Jeunesse : « Heureux les cœurs purs, car ils verront Dieu » (Mt 5, 8).
Dans son Message à l’occasion de la célébration de cette trentième Journée Mondiale de la Jeunesse, le Pape François affirme que « La rencontre avec Dieu dans la prière, à travers la lecture de la Bible et à travers la vie fraternelle vous aidera à mieux connaitre le Seigneur et vous-mêmes. Comme c’est arrivé aux disciples d’Emmaüs, la voix de Jésus rendra ardents vos cœurs et vos yeux s’ouvriront pour reconnaître sa présence dans votre histoire, en découvrant ainsi le projet d’amour qu’il a pour votre vie ». C’est la grâce que je formule pour chacun de vous et pour vous tous. La rencontre avec le Seigneur Jésus est donc le Kaïros, c’est-à-dire le moment favorable, l’heure de notre salut et la jeunesse est sans conteste la période la plus indiquée pour faire l’expérience de cette rencontre forte.
En cette Année consacrée à la famille, qu’il me soit permis de reprendre les mots du Pape François à la jeunesse entière : « Certains d’entre vous sentent ou sentiront l’appel du Seigneur au mariage, à former une famille. Beaucoup aujourd’hui pensent que cette vocation est démodée, mais ce n’est pas vrai ! Pour ce motif même, la communauté ecclésiale tout entière vit un moment spécial de réflexion sur la vocation et la mission de la famille dans l’Église et dans le monde contemporain ».
Pour terminer, je vous invite à ne pas perdre de vue une seule chose : à partir de votre « oui » à l’appel du Seigneur, vous deviendrez de nouvelles semences d’espérance dans l’Église et dans la société.
La volonté de Dieu est notre plus grand bonheur !
Bon début de la Semaine Sainte,
Saint triduum pascal
Et joyeuse Fête de Pâques. Amen !
Monseigneur Anatole MILANDOU, Archevêque de Brazzaville,
A l’occasion de la xxxème journée mondiale de la jeunesse (JMJ)