OUVERTURE DE LA PORTE DE LA MISÉRICORDE ET DE L’ORDINATION DIACONALE DU PÈRE CHALLY GERDET GOMBESSA MATONDO, SSS
Publier le 15 décembre 2015
Sophonie 3, 14-18a ; Isaïe 12, 2-3, 4bcde, 5-6 ; Philippiens 4, 4-7 ;Luc 3, 10-18
- Monsieur le Curé Doyen,
- Révérend Père Régional des Pères du Saint Sacrement,
- Révérends Pères du Saint Sacrement venus de divers horizons,
- Chers Religieux et Religieuses,
- Cher Ordinand,
- Chers Membres de Familles de l’Ordinand,
- Distingués Invités,
- Chers Paroissiens de la Cathédrale Sacré-Cœur,
- Chers Frères et Sœurs en Christ, Membres du Peuple de Dieu !
A quelques jours de la fête de Noël, la Liturgie, comme par anticipation, nous invite tous à la joie. Le salut est proche. Cela rend joyeux. Ce dimanche est traditionnellement appelé celui de la joie. Le Prophète Sophonie tout en appelant les gens à la conversion, appelle tout le peuple à la joie : « Pousse des cris de joie, fille de Sion ! Éclate en ovation. Réjouis-toi. Trésaille d’allégresse…Car le Roi, ton Seigneur, est en toi ! Ton Dieu est en toi : il dansera pour toi avec des cris de joie, comme aux jours de fête ! ». C’est même un appel pressant : accumulation de termes et de termes forts : « pousse des cris…éclate…tressaille »
Cette joie de Dieu, en la faisant nôtre dans notre cœur est doublée d’une autre en ce troisième dimanche de l’Avent où nous sommes tous témoins d’un événement ecclésialement historique et signe de notre communion intrinsèque avec l’Église universelle, celle de l’ouverture qui vient d’être faite de la Porte Sainte ou Porte de la Miséricorde en notre Cathédrale Sacré-Cœur de Brazzaville ainsi que celle de l’ordination diaconale du Père Chally Gerdet GOMBESSA MATONDO, de la Congrégation des Pères du Saint Sacrement.
Dans sa Bulle d’indiction du Jubilé extraordinaire de la Miséricorde, le Pape François souligne la valeur de la miséricorde dans la vie de l’Église et de chaque croyant. Il s’exprime en ces termes : « Nous avons toujours besoin de contempler le mystère de la miséricorde. Elle est source de joie, de sérénité et de paix. Elle est la condition de notre salut ». C’est pourquoi l’Église tout entière est pleinement illuminée par l’œuvre miséricordieuse de Dieu et le Saint Père nous a recommandé ceci :
« L’Année Sainte s’ouvrira le 8 décembre 2015, solennité de l’Immaculée Conception. Le dimanche suivant, troisième de l’Avent, la Porte Sainte sera ouverte dans la cathédrale de Rome, la Basilique Saint Jean de Latran…Ce même dimanche, je désire que dans chaque Église particulière, dans la cathédrale qui est l’Église-mère pour tous les fidèles, ou bien dans la co-cathédrale ou dans une église d’importance particulière, une Porte de la Miséricorde soit également ouverte pendant toute l’Année Sainte... Chaque Église particulière est donc directement invitée à vivre cette Année Sainte comme un moment extraordinaire de grâce et de renouveau spirituel ».
Frères et Sœurs, membres du Peuple de Dieu,
Nous sommes donc invités à partager la profondeur spirituelle de cette célébration eucharistique comme un Kaïros, c’est-à-dire le moment favorable, un moment singulier et important pendant lequel nous contemplons la miséricorde, bien imprimée sur le visage du Christ, réellement présent dans l’Eucharistie que nous célébrons, source et sommet de notre vie chrétienne. Nous aurons aussi à cœur que chaque fois que nous célébrons les sacrements, l’Église rend vivante et présente la miséricorde du Père qui agit à travers le Fils et transforme le cœur des violents.
C’est essentiellement l’appel que lance le Précurseur dans la page d’Évangile qui vient de nous être proclamée. Pour le Baptiste, le chemin de la joie passe par la conversion du cœur. Nous portons en nous un désir de bonheur bien plus grand que nous. Seul Dieu peut dilater notre désir à sa mesure qui est d’aimer sans mesure. En cette Année jubilaire, nos familles chrétiennes devront s’efforcer de découvrir la vraie liberté car on n’est libre que dans la mesure où l’on aime, d’un amour de compassion, d’un amour gratuit. D’où la pertinente question des foules : « Que faire ? Que devons-nous faire ? »
Pour ce faire, nous n’avons qu’à réaliser des choses simples selon le Baptiste : d’abord, « si tu as deux manteaux, partage avec celui qui n’en a pas » ; ensuite, que ceux qui se présentent en position de force vis-à-vis de leurs frères et sœurs tels que les percepteurs d’impôts et les soldats, agissent en vue de la justice et du bien de tous ; enfin, que chacun ouvre son cœur, que chacun emprunte le chemin de la conversion : que chacun emprunte le chemin de la miséricorde de Dieu que nous propose le Pape François, sensible aux souffrances, aux détresses, aux humiliations, aux violences et aux persécutions subies par de nombreuses personnes à travers le monde , particulièrement par les petites gens, les démunis, les pauvres :
« Que cette Année Sainte expose la richesse de la mission de Jésus qui résonne dans les paroles du Prophète : dire une parole et faire un geste de consolation envers les pauvres, annoncer la libération de ceux qui sont esclaves dans les nouvelles prisons de la société moderne, redonner la vue à qui n’est plus capable de voir car recroquevillé sur lui-même, redonner la dignité à ceux qui en sont privés. Que la prédication de Jésus soit de nouveau visible dans les réponses de foi que les chrétiens sont amenés à donner par leur témoignage. Que les paroles de l’Apôtre nous accompagnent : « celui qui pratique la miséricorde, qu’il ait le sourire » (Rm 12, 8).
Jean Baptiste nous présente trois images pour nous décrire l’action de Dieu dans son œuvre de conversion : la plongée, le vent et le feu. L’Esprit de Dieu veut nous bousculer comme un vent de tempête dans lequel on est plongé, comme un feu qui brûle et décape toutes nos souillures. C’est tout le sens du sacrement de Pénitence dont nous redécouvrirons la profondeur en cette Année de la Miséricorde et vers lequel nous sommes appelés en ce Temps de l’Avent. Ce sacrement nous conduit plus avant vers le vrai bonheur. Il est le chemin qui nous conduit vers la source de la joie, de la sérénité et de la paix, dont nous parle le Pape François.
Je me tourne maintenant vers toi Chers Ordinand !
Tu es au cœur de l’attention de notre joyeuse assemblée et ton ordination diaconale intervient dans un contexte ecclésial très déterminant : en pleine Année de la Vie consacrée qui va déjà à son terme ; en pleine Année jubilaire de la Miséricorde ; en plein Temps de l’Avent, le dimanche de la joie ; et le jour de l’ouverture de la Porte de la miséricorde, par laquelle tu es passé, quelques instants avant ton entrée dans les ordres. Je t’invite à remarquer la richesse des symboles qui entourent ton ordination diaconale et d’en mesurer la profondeur.
Je voudrais reprendre et te rappeler les paroles du Saint Père François lors de son séjour à Bangui, après avoir ouvert la porte sainte, le dimanche 29 novembre dernier : « ... Les agents d’évangélisation doivent donc être d’abord et avant tout des artisans du pardon, des spécialistes de la réconciliation, des experts de la miséricorde. C’est ainsi que nous pouvons aider nos frères et sœurs à passer sur l’autre rive, en leur révélant le secret de notre force, de notre espérance, de notre joie qui ont leur source en Dieu, parce qu’elles sont fondées sur la certitude qu’il est dans la barque avec nous... »
Voilà, Cher Ordinand, la clé du ministère que tu vas bientôt recevoir et la clé de notre action pastorale. En devenant diacre aujourd’hui, tu vas exercer une charge importante au sein de l’Église et on ne peut pas l’accomplir sans consistance spirituelle, sans bases spirituelles solides. Car en recevant le don de l’Esprit Saint qui fortifie, tu apporteras habilement ton aide à l’évêque et à son presbyterium, dans le ministère de la Parole et de la charité, en te montrant humble et au service de tous.
En ta qualité de ministre de l’autel, tu proclameras l’Évangile, tu prépareras le sacrifice eucharistique et tu distribueras aux fidèles le Corps et le Sang du Seigneur. Puisque le Saint Sacrement est le cœur de ta vie spirituelle, tu consacreras du temps à l’adoration eucharistique, fortement recommandée en cette Année de la Miséricorde. Ce n’est pas à un Religieux du Saint Sacrement que nous pouvons l’apprendre.
Dans ton ministère diaconal, tu tâcheras à faire montre de grandes qualités morales : grave, non double en paroles, sobre, non avide d’un gain honteux, gardant dans une conscience pure le mystère de la foi, c’est-à-dire de la doctrine et de la vérité chrétiennes mises en lumière par la mort et la résurrection de Christ. Cela exige une vie près de Dieu, un reflet de la personne de Christ qui feront de toi un véritable témoin, un apôtre de la charité, un expert de la miséricorde pour reprendre les mots du Pape et donc une bénédiction pour le Peuple de Dieu vers qui tu es envoyé. Alors, sois miséricordieux comme le Père.
Mes bien-aimés, chers frères et sœurs,
En cette année de la Miséricorde, transformons nos communautés, nos quartiers, nos familles, en viviers de pardon, de réconciliation, de Miséricorde. Ne nous lassons pas d’intercéder pour la paix dans notre pays, dans notre chère Afrique et dans le monde. Comme l’Apôtre Paul nous le recommande dans la deuxième lecture, soyons toujours dans la joie du Seigneur.
Que la Vierge Marie, Mère et Chantre de la Miséricorde, Servante du Seigneur et Mère des Diacres, nous soutienne. Que sa prière maternelle nous accompagne et que la paix de Dieu, qui surpasse toute intelligence, garde nos cœurs et nos pensées dans la joie du Christ Jésus notre Seigneur. Amen.
Monseigneur Anatole MILANDOU, Archevêque de Brazzaville
Cathédrale Sacré-Cœur, dimanche 13 décembre 2015