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Homélie à l’occasion de la clôture de l’Année pastorale 2016

Publier le 2 juillet 2016

Chers frères et sœurs,

Nous voici arrivés au terme de notre Année Pastorale 2015-2016. C’est l’occasion pour nous de rendre grâce à Dieu pour tout ce que nous avons reçu et vécu tout au long de cette année.

Aujourd’hui encore, nous aurons la joie d’ordonner prêtres 5 diacres : 3 diocésains et 2 religieux (un de la Congrégation des Pères du Saint Sacrement et un autre de celle des Augustins de l’Assomption).

Voilà encore un autre motif de reconnaitre la grandeur et la toute-puissance de Dieu.

Faut-il vous rappeler que nous sommes encore dans l’Année Sainte de la Miséricorde, décrétée par le Saint Père le Pape François, année ouverte le 8 décembre 2015 et qui s’achèvera le 20 Novembre 2016.

D’ailleurs, notre Année pastorale que nous clôturons aujourd’hui a été vécue sous le signe de la Miséricorde, cette miséricorde confiée à la famille en vue de la vivre et de l’annoncer en son sein, à la société et à tous.

Nous venons de faire l’évaluation de cette année, à travers notre session pastorale de clôture de l’Année pastorale. C’est avec joie que j’ai relevé l’engouement, l’enthousiasme et la volonté, constatés ça et là, dans les doyennés, dans les paroisses, au sein des Mouvements d’apostolat par rapport au thème de l’Année. Je me permets de vous féliciter pour avoir répondu à mon appel de vivre, dans la foi, dans l’obéissance aux orientations du Pape, avec fruits et reconnaissance cette Année jubilaire. « ...Là où l’Église est présente, la miséricorde du Père doit être manifeste. Dans nos paroisses, les communautés, les associations et les mouvements, en bref, là où il y a des chrétiens, quiconque doit pouvoir trouver une oasis de miséricorde ». (Pape François, Misericordiae vultus, 12)

J’invite ceux qui n’ont pas encore franchi la Porte Sainte de la Miséricorde à le faire, avec l’aide de vos différents pasteurs dans vos paroisses respectives, en fréquentant les cinq églises jubilaires que nous avons instituées : Cathédrale Sacré-Cœur, église Jésus Ressuscité et de la Divine Miséricorde, église Saint Kisito, église Saint Benoît de Nganga-Lingolo et église Saint Grégoire de Kingoma. Les effets spirituels escomptés en passant la Porte Sainte sont conditionnés par l’accomplissement de certains actes spirituels et corporels que vos pasteurs sont tenus de vous dire et expliquer.

C’est une chance que le Pape nous offre en ces termes : « J’ai un grand désir que le peuple chrétien réfléchisse durant le Jubilé sur les œuvres de miséricorde corporelles et spirituelles. Ce sera une façon de réveiller notre conscience souvent endormie face au drame de la pauvreté, et de pénétrer toujours davantage le cœur de l’Évangile, où les pauvres sont les destinataires privilégiés de la miséricorde divine. La prédication de Jésus nous dresse le tableau de ces œuvres de miséricorde, pour que nous puissions comprendre si nous vivons, oui ou non, comme ses disciples. Redécouvrons les œuvres de miséricorde corporelles : donner à manger aux affamés, donner à boire à ceux qui ont soif, vêtir ceux qui sont nus, accueillir les étrangers, assister les malades, visiter les prisonniers, ensevelir les morts. Et n’oublions pas les œuvres de miséricorde spirituelles : conseiller ceux qui sont dans le doute, enseigner les ignorants, avertir les pécheurs, consoler les affligés, pardonner les offenses, supporter patiemment les personnes ennuyeuses, prier Dieu pour les vivants et pour les morts ». (Pape François, Misericordiae vultus, 15).

Nous sommes là en présence d’un tableau complet à contempler, à scruter et à exploiter au maximum, afin de répondre à notre vocation chrétienne individuellement, en famille, en communauté. Nous en avons fait et nous en faisons encore l’expérience au cours de cette Année Sainte.

La Miséricorde signifie aussi pardon. Elle est une vertu à cultiver non seulement dans l’Église, comme nous l’enseigne le Pape : « La miséricorde est le pilier qui soutient la vie de l’Église ». (N° 10) ; «  L’Église a pour mission d’annoncer la miséricorde de Dieu, cœur battant de l’Évangile, qu’elle doit faire parvenir au cœur et à l’esprit de tous ». (n°12) ; mais surtout, c’est une vertu à étendre même au niveau de la société civile. Car, poursuit le Pape : « Le pardon est une force qui ressuscite en vie nouvelle et donne le courage pour regarder l’avenir avec espérance » (n°10).

Notre Église a besoin de faire concrètement l’expérience de la Miséricorde. Notre pays en a aussi besoin. C’est un devoir qui incombe à tout le monde, mais surtout aux chrétiens qui sont engagés dans la gestion et la promotion de la chose publique, à quelque niveau que ce soit. C’est une mission à laquelle nous ne pouvons pas nous dérober. Revisitons, avec courage, sagesse, et responsabilité ces différentes œuvres corporelles et spirituelles énoncées par le Pape François à la suite du Christ. Cela ne doit pas s’arrêter avec la clôture de l’Année Sainte. Cela doit faire partie de notre vie quotidienne. C’est un appel auquel il faut répondre au jour le jour, avec l’aide de nos différents pasteurs.

Maintenant, j’aimerais m’adresser aux Ordinands qui attendent de recevoir le sacrement de l’ordre presbytéral, dans les minutes qui suivent. Je vous rappelle, à travers ces points qui suivent, inspirés par mon homélie du Jeudi Saint (Messe Chrismale) de cette année 2016, méditation que j’avais intitulée «  Prêtre, dispensateur et bénéficiaire de la Miséricorde Divine  ».

L’élection du prêtre est une initiative et une œuvre de Dieu. Personne ne se choisit soi-même pour se mettre au service de Dieu et de Son Église. C’est Dieu qui appelle et qui oint lui-même... le prêtre est appelé à collaborer à l’œuvre de sanctification et de rédemption du Peuple de Dieu. Sa vie doit être le reflet de ce choix divin. C’est un travail de longue haleine et dont la durée n’est pas déterminée, car c’est toute sa vie que le prêtre est invité à vivre conformément à cette élection divine.

Des attitudes concrètes et objectives doivent illustrer quotidiennement ce choix divin. Nous pensons à une vie de prière réelle, bien structurée et organisée, individuellement et/ou en communauté. Cette vie passe par la célébration quotidienne de la messe, par le respect de la liturgie des heures, par la participation effective à un temps nécessaire de retraite spirituelle annuelle, à la pratique des exercices spirituels et de piété, à la fréquentation du sacrement de la réconciliation.

Ce choix implique aussi une discipline de vie et une prudence mesurée dans la manière d’être et de faire du prêtre. Le prêtre est cet homme mis à part par le Seigneur, en vue d’une mission spécifique. Cette mise à part mérite d’être honorée et promue par le prêtre lui-même. Il ne peut jamais se confondre dans la masse et faire comme tout le monde. Il doit s’exercer à mettre des balises sur « sa route » et dans sa vie, s’inspirant de la vie du Christ qui est Son Maître et en lisant avec profit et sagesse les documents du Magistère qui définissent son identité comme Presbytorum ordinis du Concile Vatican II, Pastores dabo vobis du Pape Jean-Paul II, le Directoire sur le ministère et la vie du prêtre de la Congrégation pour le Clergé, etc.

Le prêtre ne peut pas inventer sa mission. Celle-ci est donnée par Dieu Lui-même. C’est une mission d’annonce et d’actions de libération. Dans ces différents éléments constitutifs de la mission, un mérite d’être relevé particulièrement : le pardon des péchés. Cela passe par la célébration du sacrement de pénitence qui revêt une importance particulière en cette Année de la Miséricorde. Par rapport à ce sacrement, le prêtre joue un rôle essentiel non seulement en tant que ministre du sacrement, mais aussi en tant qu’instrument de Dieu pour sa miséricorde infinie : « Le confesseur... est le signe concret de la continuité d’un amour divin qui pardonne et qui sauve ».

La mission de révéler et de dispenser la miséricorde de Dieu incombe en premier à nous prêtres. Il faut nous rappeler le comportement des premiers missionnaires et de nos aînés dans le sacerdoce qui étaient toujours disponibles à confesser. Aucun prétexte ne peut nous dispenser de cette mission éminemment importante que le Seigneur nous a confiée, à travers le sacrement de la réconciliation. Accordons la Miséricorde divine à ceux qui la demandent et sont dûment disposés à la recevoir.

C’est un rappel nécessaire qui devrait raviver notre dynamisme et notre volonté d’agir pour Dieu et pour l’Église. Cela suppose un témoignage de vie à rendre, personnellement, avant tout. Il n’est pas cohérent, pour des prêtres, de célébrer la Miséricorde divine, si au sein de leur propre communauté de vie, il y a un manque manifeste de fraternité, de cohésion et de volonté de vivre ensemble. Des difficultés peuvent, certes, surgir, difficultés inhérentes à la vie communautaire ; mais, elles doivent être dépassées ou surmontées au nom de l’identité et de la mission qui sont à défendre coûte que coûte par ceux-là mêmes qui en sont les porteurs.

Pour le cela, je suggère de cultiver l’esprit d’écoute, de dialogue vrai et d’entraide dans nos communautés de vie. Que la collaboration soit fluide et efficace entre des frères prêtres, appelés à paitre le troupeau de Dieu. Les premiers à vivre la miséricorde devraient être les prêtres, avant d’en devenir des dispensateurs. C’est en ce sens que les prêtres sont les bénéficiaires de cette miséricorde, lorsqu’ils la vivent entre eux.

C’est autant dire que l’accomplissement de cette mission requiert l’esprit d’équipe et d’Église. Le Pape Benoit XVI nous l’a rappelé dans Africae munus : « On n’est jamais chrétien tout seul. Les dons faits par le Seigneur à chacun– évêques, prêtres, diacres, religieux et religieuses, catéchistes, laïcs – doivent contribuer à l’harmonie, à la communion et à la paix dans l’Église elle-même et dans la société » (Africae munus, 97).

A vous qui serez bientôt ordonnés prêtres, à nous qui le sommes déjà de prendre conscience de notre identité, de notre mission, de notre place et de notre rôle au sein de la société et de l’Église, surtout en cette « Année de la Miséricorde ». Les textes liturgiques, choisis pour la circonstance, abondent dans ce sens, celui d’encourager et d’accompagner le prêtre dans cette mission pastorale.

Que Dieu bénisse les futurs prêtres et qu’Il nous donne la joie d’exprimer notre appartenance au Christ !

Amen !

Monseigneur Anatole MILANDOU, Archevêque de Brazzaville
Le 2 Juillet 2016, à la place Marial de la Cathédrale Sacré-Cœur.

 


 

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