OUVERTURE DE L’ANNÉE PASTORALE 2016-2017 ET ORDINATIONS DIACONALES
Publier le 10 octobre 2016, par
Genèse2, 18-24 ; Psaume 22 ;Actes des Apôtres 6, 1-7
Luc10, 17-24
Mgr Louis Portella, Évêque de Kinkala,
Monsieur le Vicaire Général,
Monsieur le Vicaire Judicaire, Secrétaire Général de l’ACERAC,
Monsieur le Secrétaire Général de la Conférence Épiscopale du Congo,
Monsieur le Vicaire Épiscopal, chargé de la vie consacrée,
Chères Autorités politiques, administratives et militaires,
Messieurs les Recteurs des différentes Maisons de Formation,
Messieurs les Curés Doyens,
Chers Prêtres et Diacres,
Chers Religieux et Religieuses,
Messieurs et Dames les Membres du BEDAL,
Chers Responsables Diocésains des Mouvements d’Apostolat,
Chers Ordinands,
Chers Membres de Familles des Ordinands,
Distingués Invités,
Chers Frères et Sœurs en Christ, Membres du Peuple de Dieu !
En ce samedi du mois d’octobre, jour de la semaine consacré à la Vierge Marie et en ce mois dédié au Saint Rosaire, tandis que l’Église universelle continue de profiter des innombrables grâces de l’Année du Jubilé extraordinaire de la Miséricorde, Jésus Miséricordieux nous rassemble, ici à la Place Mariale de la Cathédrale Sacré-Cœur de Brazzaville, pour célébrer cette solennelle Eucharistie au cours de laquelle j’ordonnerai diacres six grands séminaristes de notre Archidiocèse et procéderai à l’ouverture de l’Année Pastorale 2016-2017.
Je vous salue tous cordialement et puisque le Saint Père François invite l’Église entière à la Joie de l’Amour, je me permets de vous convier à mon tour, à la partager ensemble en cette célébration du sacrifice rédempteur du Christ, centre de la vie sacramentelle et selon les mots de Saint Thomas d’Aquin, « consommation de la vie spirituelle et fin de tous les sacrements ».
Six grands séminaristes : Chérubin, Gervais, Vianney, Parfait, Amour et Evans vont bientôt endosser la tenue de service que l’Église a apprêtée pour eux : ils vont revêtir le Christ serviteur. Exceptionnellement, j’aimerais en premier lieu m’adresser à eux !
Ce service que vous allez accomplir ne relève pas d’abord de motivations altruistes ou philanthropiques. Ce service relève d’un appel particulier de la part du Seigneur. Votre service se définit à partir du Christ, le Miséricordieux, lui qui est le "Serviteur" par excellence. Plus qu’une tâche à réaliser ou qu’une fonction à assumer, servir constitue un état de vie, une manière d’être à Dieu et aux autres ; une façon de se donner totalement pour faire vivre celui qu’on sert, de telle sorte que celui-ci devienne, à son tour, serviteur. Voilà pourquoi le texte de la deuxième lecture, extrait du Livre des Actes des Apôtres, nous donne de revisiter l’origine biblique de la fonction diaconale.
Vous allez être marqués sacramentellement dans tout votre être, dans votre âme et dans votre chair, de ce caractère sacré du service, vous conformant ainsi au Christ serviteur annoncé par le Prophète Isaïe dans l’Ancienne Alliance et dont Saint Marc, dans la Nouvelle Alliance, nous rapporte les paroles de sa version évangélique : « Je suis venu, non pour être servi, mais pour servir, et donner ma vie en rançon pour la multitude ». Ces paroles devaient sans cesse inspirer chacun de nous pour ne pas perdre de vue l’esprit de service.
Évidemment, devenir serviteur, c’est placer toute votre vie sous la seigneurie de Dieu, en reprenant à votre compte la célèbre formule de Sainte Jeanne D’Arc qui au fil des temps est devenue la devise des servants de messe : « Dieu premier servi ». Soyez au service des autres. Ce n’est pas parce que le diaconat constitue une étape pour vous, qu’une fois devenus prêtres vous cessiez de servir. Le Pape François nous rappelle constamment dans ses homélies : « L’Église n’a pas besoin de bureaucrates ni de fonctionnaires mais des missionnaires passionnés ».
L’engagement au célibat que vous prenez, en ce jour, souligne précisément votre entière consécration à Dieu, jusque dans les méandres de votre affectivité et même plus loin, dans le don de votre fécondité génétique. En relisant le numéro 16 du décret conciliaire PresbyterorumOrdinis, l’Église nous rappelle qu’en gardant le célibat pour le Royaume, les prêtres et les diacres se consacrent au Christ d’une manière nouvelle et privilégiée. Ils sont alors plus libres pour se consacrer, en Lui et par Lui, au service de Dieu et des hommes, plus disponibles pour servir son Royaume et l’œuvre de régénération spirituelle, plus capables d’accueillir largement la paternité dans le Christ.
Chers Frères et Sœurs,
Dans la page d’Évangile qui vient d’être proclamée, trois expressions peuvent essentiellement retenir notre attention : « Je vous ai donné pouvoir ; vos noms sont inscrits dans les cieux ; Jésus exulta de joie ».
De retour de mission, les disciples sont visiblement enthousiastes et la joie débordante de Jésus est bien manifeste. Mais de quoi faut-il se réjouir ? Est-ce de la victoire sur les forces du mal : « Je vous ai donné pouvoir d’écraser serpents et scorpions, et pouvoir sur toute la puissance de l’Ennemi… » ? Faut-il se réjouir de l’efficacité du travail missionnaire, de sorte que beaucoup de nouvelles recrues sont entrées dans la communauté ? Tout cela est plus que normal.
Il nous faut plutôt nous réjouir que nous rencontrions Jésus et son Père. De cette expérience unique et forte - faite d’abord par les plus petits – d’avoir fait connaissance avec Jésus et avec son Père, et d’être entrés dans le mystère de Dieu. Personne ne connait le Fils sinon le Père, et personne ne connait le Père sinon le Fils et celui à qui le Fils veut le révéler… Oui, chers Ordinands, Heureux les yeux qui voient ce que vous voyez ! Toute votre vie doit devenir cette rencontre du Christ et ceux à qui vous enseignerez la Parole de Dieu devront aussi faire l’expérience de cette rencontre. Il y a là un vrai mystère que nous n’aurons jamais fini d’exploiter et qui débouche sur la joie : la joie de l’Amour.
Telle est l’articulation du thème de notre Année Pastorale 2016-2017. Au cours de cette Année pastorale, nous serons invités à suivre les directives du Saint Père le Pape François qui, au numéro 7 de son Exhortation apostolique post-synodale, affirme ce qui suit : « … Je ne recommande pas une lecture générale hâtive. Elle sera plus bénéfique, tant pour les familles que pour les agents de pastorale familiale, s’ils l’approfondissent avec patience, morceau par morceau, ou s’ils cherchent en elle ce dont ils peuvent avoir besoin dans chaque circonstance concrète ».
Autrement dit, pour annoncer la joie de l’Amour, il faut d’abord la lire, l’approfondir et la comprendre. En effet, l’Exhortation apostolique Amoris Laetitia entend rappeler avec force non « l’idéal » de la famille, mais sa réalité riche et complexe.
Aujourd’hui, les époux expriment-ils la joie de l’amour ? Combien de foyers dans leur vécu quotidien, expriment cette joie de l’amour ? Combien d’hommes et des femmes, d’enfants vivent heureux dans les foyers au point d’exprimer cette joie de l’amour du foyer ? Dans les foyers y-a-t-il encore cette fierté d’appartenir l’un à l’autre ? Y a-t-il cette joie, ce cri du cœur d’Adam accueillant Ève : Ah celle-ci est vraiment l’os de mes os, la chair de ma chair ?
Le spectacle est celui de beaucoup d’adolescentes avec beaucoup d’enfants ne vivant pas avec un homme et qui accusent les parents de ce qu’elles ne trouvent pas de maris.
La première lecture rappelle clairement la vocation inscrite dans le cœur de l’homme et de la femme : « …l’homme quittera son père et sa mère et s’attachera à sa femme, et ils deviendront une seule chair. » Ce mandat reflète une société déjà bien développée et organisée en famille. Il stipule sa permanence et son évolution à partir de la vie conjugale, de l’union de l’homme et de la femme, voire l’union physique par laquelle les deux deviennent une seule chair.
Ce texte merveilleux représente le fondement de la famille et revêt son caractère d’alliance. Pour les chrétiens, la mise en pratique de ce mandat divin appelle sur la famille et sur la terre, les bénédictions divines. Le lien manifeste de cette alliance est le mariage, sacrement de l’Amour, signe visible de l’Amour de Dieu pour l’humanité entière. Quand l’homme « s’attache » à sa femme, il matérialise la fidélité de Dieu dans son alliance avec son peuple.
Au cours de cette nouvelle Année pastorale, nous aurons la joie de commémorer le quarantième anniversaire de la mort du Cardinal Émile BIAYENDA. Je tiens personnellement à la réussite de cet événement que je considère comme le point culminant de cette Année et un temps fort pour annoncer la joie de l’Amour, qui est plus fort que la mort.
C’est pourquoi j’invite d’ores et déjà les curés de paroisses à organiser des activités en collaboration avec la Commission mise en place pour préparer cet événement majeur. Souvenons-nous des paroles du Vénéré Pape Émérite Benoit XVI du numéro 114 de son Exhortation apostolique AfricaeMunus : « J’encourage les Pasteurs des Églises locales à reconnaître parmi les serviteurs africains de l’Évangile, ceux qui pourraient être canonisés selon les normes de l’Église, non seulement pour augmenter le nombre des saints africains, mais aussi pour obtenir de nouveaux intercesseurs au ciel, afin qu’ils accompagnent l’Église dans son pèlerinage terrestre et intercèdent auprès de Dieu pour le Continent africain. » Je vous invite donc à vous engager, à vous investir pleinement dans la réussite de cette fête, à travailler au rayonnement de ce grand rassemblement historique.
Par ailleurs, étant donné que le Cardinal Émile BIAYENDA est et demeure un signe vivant de la paix et de l’unité nationale, je vous invite, en ma qualité de Pasteur du Peuple Dieu qui est à Brazzaville et membre de la Conférence Épiscopale du Congo, à prier pour la paix dans notre pays. Je souhaite que le Cardinal Émile BIAYENDA nous inspire tous, nos familles et nos communautés, afin que nous soyons épris des valeurs de paix et que nous tournions définitivement le dos à tous les actes de barbarie qui compromettent ce « climat de paix que nous souhaitons tous », pour reprendre les mots du Bon Cardinal.
Prions aussi pour sa cause de béatification et de canonisation, afin qu’elle connaisse un heureux aboutissement. Pour ce faire, j’en appelle aussi à votre générosité et à votre sensibilité ecclésiale. Que le Cardinal Émile BIAYENDA devienne la priorité de tous les chrétiens de notre Église et la fierté de notre Nation.
Jésus est saisi par la joie en voyant ses disciples de retour de la mission : c’est la joie du Royaume qui avance. Il mesure combien le choix de la pauvreté, de l’humilité, de la simplicité sont les vrais moyens de l’avancée de l’humanité. C’est par là que se tissent les vraies relations parce que c’est la manière d’être de Dieu lui-même, sa miséricorde. En attendant la clôture de l’Année Jubilaire de la Miséricorde, nous devons continuer à exploiter les richesses de ce temps de grâce que nous donne l’Église. Ne perdons pas le temps dans notre engagement pour l’annonce de la joie de l’Amour : que nos familles prêchent la miséricorde ; que nos familles célèbrent la miséricorde et que nos familles pratiquent la miséricorde.
Implorons le secours maternel de la Vierge Marie pour ces jeunes Ordinands et pour notre Église de Brazzaville, afin que la joie gouverne nos existences, cette joie qui jaillit du cœur des tout-petits, des pauvres ; cette joie qui émane de ce Dieu pauvre et miséricordieux.
Ô très tendre Vierge et Mère du Sauveur de tous les siècles, à partir de maintenant et pour toujours, prenez chacun de vos enfants ici présents à votre service. En toute circonstance, soyez notre très miséricordieuse avocate ; venez sans cesse à notre aide.
Amen
Monseigneur Anatole MILANDOU, Archevêque de Brazzaville
Place Mariale de la Cathédrale Sacré-Cœur, samedi 08 octobre 2016