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Ouverture de l’Année Pastorale 2017-2018 et Ordinations diaconales

Publier le 9 octobre 2017

HOMÉLIE

Chers Frères et Sœurs,

Une nouvelle Année Pastorale s’ouvre aujourd’hui pour notre Archidiocèse de Brazzaville. Celle qui vient de s’écouler, a été riche en événements et, j’ose croire, en grâces également : ordinations diaconales, ordinations presbytérales, 40ème Anniversaire de la mort du Cardinal Émile Biayenda vécu dans une ferveur populaire et intense, et bien d’autres événements encore.

Aujourd’hui 7 Octobre, Fête de Notre-Dame du Rosaire, nous ouvrons l’Année Pastorale par cette célébration eucharistique, après avoir passé trois jours de session pastorale comme à l’accoutumée, célébration au cours de laquelle il y aura, tout à l’heure, l’ordination diaconale de 11 jeunes Séminaristes qui viennent de passer une année de stage dans des paroisses ou dans d’autres services de l’Église.

Le thème choisi pour cette nouvelle année pastorale est le suivant : « Ensemble, luttons contre les déviances actuelles dans nos milieux de vie, par l’annonce de l’Évangile ».

Les trois jours de session pastorale que nous venons d’avoir, nous ont permis de déceler quelques déviances que nous voudrions stigmatiser cette année, en essayant, dans la mesure du possible, de les éradiquer, sinon tout au moins d’en réduire les rafles.

Quatre catégories de personnes, pendant notre session pastorale, se sont retrouvées en ateliers et ont dégagé entre autres déviances qu’elles ont considérées comme essentielles, afin de lutter contre elles, au cours de cette année pastorale pour étendre cela, dans la suite, à la vie tout entière. Il s’agit des mamans, des papas, des religieuses et des jeunes. Pour les mamans catholiques, une déviance a été mise en évidence : «  L’égoïsme des femmes face à l’édification de la société et de l’Église  » ; pour les papas catholiques : «  le défi de la dignité humaine mise à mal par beaucoup de déviances  » provenant des comportements vicieux de certains hommes ; en ce qui concerne les religieuses, pour leur part, elles ont dénoncé l’indiscrétion des mamans comme compagnes de l’homme, étalant l’essentiel de leur vie conjugale sur la place publique, en l’occurrence, profitant de ce qui est vécu au sein de leurs Mouvements d’apostolat, des mamans parlent facilement et sans discerner de leurs réalités conjugales ou familiales sous le prétexte des témoignages à faire aux autres ; pour les jeunes, «  l’incivisme  » qui donne lieu à des comportements répréhensibles de tout genre, particulièrement la violence qui est en train de prendre corps dans notre société.

Ensemble, nous allons nous engager à faire face à ces déviances, par des actions concrètes et, surtout, à la lumière de la Parole de Dieu qui est la boussole de notre vie chrétienne. Pour preuve, s’agissant du Mariage et de la Famille par rapport à la Parole de Dieu, le Pape Benoit XVI, à la suite du Synode sur la Parole de Dieu, dit : "C’est pourquoi le Synode souhaite que chaque foyer ait sa Bible et la conserve dignement, afin de pouvoir la lire et l’utiliser dans la prière. L’aide nécessaire peut être fournie par les prêtres, les diacres ou les laïcs bien préparés. Le Synode a recommandé aussi la création de petites communautés composées de familles, où l’on pratique la prière et la méditation commune de passages choisis des Écritures. Que les époux se rappellent, en outre, « que la Parole de Dieu est aussi un précieux soutien dans les difficultés de la vie conjugale et familiale  »" (Verbum Domini, 85).

Étant donné que nous avons pris la décision de nous en prendre aux déviances, à ce propos, le même Synode précise : « Face au désordre général des sentiments et à l’apparition de modes de pensée qui banalisent le corps humain et la différence sexuelle, la Parole de Dieu réaffirme la bonté originelle de l’être humain, créé homme et femme, et appelé à l’amour fidèle, réciproque et fécond » (Ibidem). C’est dans ce sens que la déviance dénoncée par les papas, lors de la session pastorale, peut être combattue.

Concernant l’incivisme dénoncé par les Jeunes, beaucoup d’actes posés par les jeunes constituent des éléments confirmant cela : on peut penser à la consommation excessive de l’alcool, de la drogue, au manque de respect du bien public ou du bien d’autrui, etc.

Voilà, avec tout cela, notre Archidiocèse de Brazzaville est embarqué, à compter d’aujourd’hui, dans une Année pastorale où la lutte de ces déviances occupera nos réunions, nos récollections, nos neuvaines, nos lieux de prière, nos méditations, nos milieux socio-professionnels. Dans cette lancée, permettez-moi d’accueillir, avec joie et encouragement, cette initiative émergée dans la remontée de vos ateliers, notamment de la part des mamans : l’organisation d’une Conférence-débat au sujet des déviances lors de la prochaine Journée Internationale de la Femme, le 8 Mars 2018, conférence-débat qui sera suivie d’une messe, m’a-t-on dit. J’aimerais que cela soit bien préparé pour être vécu efficacement et fructueusement. En effet, dans une société en proie à une perte de repères et à une sécheresse de convictions profondes pour son épanouissement et sa réalisation, il est impérieux de prendre à bras-le-corps la problématique des déviances, en vue d’aider à les annihiler pour l’éclosion d’une société juste et responsable. La violence a pris corps dans notre société, les Évêques, dans leurs différents messages sont revenus sur les nombreux groupes qui sèment la désolation dans nos villes.

18. Consolidez la paix au Congo, chers enfants et jeunes, en disant non à l’expansion du phénomène des « kata-kata » ou « bébés noirs », « bébés Lillis », « douze apôtres » qui terrorisent encore certains quartiers de Brazzaville. Nous condamnons, comme dans le message précédent, ce phénomène et tous les réseaux mafieux qui l’entretiennent (Message de la 44ème Assemblée plénière, n. 27). Parmi vous, que les différends se règlent par des moyens pacifiques, loin de la violence et dans des espaces de rencontre qui favorisent le dialogue et la paix entre vous les enfants et les jeunes des autres religions.

19. Il n’est pas rare d’apprendre quel tel lycée est allé livrer bagarre à tel autre lycée. Les compétitions sportives qui faisaient le bonheur de nos établissements scolaires et des populations ont laissé la place à des pugillats entre établissements scolaires. Les derbys sportifs entre Mbamou, Chaminade, Leclerc ont disparu.

La Fête de Notre-Dame du Rosaire que nous célébrons aujourd’hui, est une belle coïncidence pour fixer notre regard sur Marie, modèle de la patience, de l’efficacité, de la disponibilité et de l’écoute. Ce sont ces vertus qui font parfois défaut dans notre vie. La réponse qu’elle offre gracieusement à la salutation élogieuse de sa cousine, est l’élévation d’un hymne de louange et de reconnaissance à Dieu qui accomplit des merveilles dans sa vie. Le Magnificat de Marie est une belle école de gratitude et d’humilité face au mystère insondable de la collaboration sollicitée par Dieu à l’une de ses créatures, pour réaliser le dessein salvifique de l’Humanité. Ce n’est que rendre justice, de la part de Marie, en prenant conscience de la gratuité de l’élection divine et des forces nécessaires mises en elle pour accomplir cette mission. Toutefois, cela requiert, comme déjà énoncé plus haut, la collaboration effective et concrète de la personne dont Dieu veut servir pour réaliser le salut promis à Son Peuple. Marie l’affirme très clairement : "Voici la servante du Seigneur ; que tout m’advienne selon ta parole."

C’est pourquoi, l’ordination diaconale qui intervient en ce jour, revêt un cachet particulier pour ces jeunes qui ont répondu généreusement à l’appel reçu de Dieu. Comme Marie qui se rend disponible, chers Ordinands, vous êtes invités à savoir dire "Oui" à Dieu. Marie, dans son adhésion à la mission de Dieu, a été présente, fidèle à Nazareth, à Bethléem, à Jérusalem, au pied de la Croix, au Cénacle. C’est vous dire que vous devriez être aux bons endroits là où doit être le clerc, sinon ce sont aussi des déviances. Les déviances ne concernent pas seulement les laïcs. Elles nous guettent aussi et nous habitent aussi. En étant des hommes de prière et de service, lisant et prêchant la Parole de Dieu, certainement un travail interne se fera par la puissance de Dieu en vous, autour de vous et par vous.

Le service est l’une des caractéristiques du diacre. Le déplacement de Marie vers sa cousine Élisabeth qui fera suite à ce récit de l’Annonciation que nous avons écouté, est un élément éminemment indicateur pour l’attention à l’autre. En effet, elle a appris par l’Ange Gabriel que sa cousine, dans sa vieillesse, est enceinte. Elle décide de se mettre en route, vraisemblablement pour deux choses : aller partager la joie réciproque de concevoir et son élection par Dieu, mais aussi être aux côtés de cette vieille cousine qui, dans l’état où elle se trouve et considérant son âge, a besoin d’être soutenue et aidée dans ses multiples tâches. La durée du séjour le confirme : trois mois. Le diacre est donc cette personne qui est destinée au service et qui est attentive à ce que tout soit bien fait... Je rappelle aux paroisses que les Caritas doivent être visibles. La Charité n’est pas quelque chose de facultatif. Les Apôtres tout en mettant la priorité sur l’annonce de l’Évangile, n’ont pas relégué au deuxième plan le service de la charité. Je ne cesserai de le répéter : « Une Communauté chrétienne qui célèbre l’Eucharistie et ne s’occupe pas des personnes tombées en misère est en contradiction avec l’Évangile ». Des personnes qui viennent chercher l’aide à l’Archevêché seront renvoyées dans vos paroisses. Les Caritas sont la poche de l’Évêque, de l’Église pour nourrir ses pauvres.

Il ne me reste plus qu’à nous souhaiter une Bonne et Sainte Année Pastorale 2017-2018, une nouvelle année qu’il nous faut vivre sous le signe du renouveau. Car, pour éviter les déviances, il faut une véritable et engageante conversion de cœur, d’esprit et de vie. Cela dépend aussi de nous, mais cela est également une œuvre de Dieu qui nous appelle à nous rendre disponibles à sa grâce et à Son Esprit.

Puisse la Vierge Marie, dont nous faisons mémoire aujourd’hui comme Notre-Dame du Rosaire, intercéder pour nous auprès de Son Fils pour que nos déviances soient transformées en vertus et en qualités requises pour entrer dans le Royaume de Dieu.

Amen !

Monseigneur Anatole MILANDOU
Archevêque de Brazzaville

 


 

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