ÉCHANGE DE VŒUX 2017-2018
Publier le 4 janvier 2018
Mgr le Nonce Apostolique
Monsieur le Vicaire général
Monsieur le Secrétaire général de l’ACERAC
Monsieur le Secrétaire général de la CEC
Monsieur le Vicaire épiscopal chargé de la vie religieuse
Monsieur le Vicaire judiciaire
Messieurs les Curés doyens
Chers Prêtres, chers Religieux, Chères Religieuses
Les membres du BDAL
Les Responsables des mouvements d’apostolat
Chers frères et sœurs en Christ,
Je voudrais tout d’abord répondre aux vœux, qu’au nom de vous tous, le Vicaire général vient de m’adresser. C’est le cœur plein de joie que j’accueille vos souhaits de santé, de bonheur et de prospérité.
À quelques heures de cette nouvelle Année 2018, je souhaite à chacune, à chacun d’entre vous tous mes meilleurs vœux de bonheur, de santé, de réussite et de prospérité.
Chaque 1er janvier la liturgique nous donne de célébrer la fête de Sainte Marie, Mère de Dieu. La première lecture tirée du livre des Nombres, nous propose la bénédiction de Dieu sur les Enfants d’Israël, confiée à Aaron : Le Seigneur dit à Moïse : Voici comment Aaron et ses descendants béniront les fils d’Israël
Cette bénédiction divine, je la donne à chacun et à chacune d’entre vous, à chaque fidèle de l’Archidiocèse :
« Que le Seigneur fasse briller sur toi ton visage et qu’il se penche vers toi.
Que le Seigneur tourne vers toi son visage et qu’il t’apporte la paix. » (Nb 6, 25-26)
Lors de la messe d’ouverture de l’Année pastorale du 7 octobre dernier, notre Archidiocèse s’est engagé dans la lutte contre les déviances actuelles dans nos milieux de vie par l’annonce de l’Évangile. Mais nous soulignons également l’importance de mettre en évidence la nécessité et l’utilité de la paix dans notre monde. Le pape François insiste tout le temps sur cette paix sans cesse menacée à travers le monde.
Certes, les déviances dénoncées par les différents ateliers organisés pendant la session d’ouverture de l’année pastorale, à savoir le manque de respect de la dignité humaine, l’égoïsme et l’indiscrétion des femmes, ainsi que l’incivisme des jeunes sont des éléments qui peuvent perturber la paix intérieure, la paix familiale et la paix sociale. Cependant, épingler d’autres attitudes contraires à la volonté divine sur l’homme, sa créature faite à sa ressemblance, à l’esprit du vivre ensemble, devient très pressant à cause du manque de discernement et de vérité de notre part.
En effet, comme le soulignait déjà le Pape Jean XXIII, il y a plus de 54 ans (11 avril 1963) : "L’ordre si parfait de l’univers contraste douloureusement avec les désordres qui opposent entre eux les individus et les peuples, comme si la force seule pouvait régler leurs rapports mutuels" (Pacem in terris, 4).
Beaucoup de nos familles vivent des situations de tension permanente à cause des problèmes multiples qui peuvent être entre autres le décès, la taxation abusive du conjoint resté en vie pour l’enterrement de celui qui est parti, le partage d’héritage, la jalousie entre frères, la convoitise, la mésentente chronique entre les deux parents, le manque de dialogue, etc. Les fausses accusations de sorcellerie continuent de diviser les familles.
La société manque de paix à cause de la corruption qui devient presque endémique, à cause du manque d’amour entre les citoyens d’une même Nation, à cause de la soif effrénée du gain, de la volonté manifeste de détruire non seulement ce qui est construit, mais aussi et pire encore la destruction gratuite, en toute impunité, de la vie d’autrui.
Le désordre est élevé au rang de valeur, alors qu’il faut le combattre et qu’il est une déviance à éradiquer. Le vol est érigé en système de gouvernance ou simplement en un système normal et régulier frappant toutes les couches sociales de notre monde, de notre pays, de notre Église. On ment, on pille, on tue sous tous les prétextes possibles. Personne n’a le courage de dire quoi que ce soit, par peur d’être interpellé, ou d’être emprisonné.
Mais, retenons qu’ « une société fondée uniquement sur des rapports de forces n’aurait rien d’humain : elle comprimerait nécessairement la liberté des hommes, au lieu d’aider et d’encourager celle-ci à se développer et à se « perfectionner » (Pape Jean XXIII, 34).
Ce qui est vécu dans nos familles, semble, malheureusement, être proche de la réalité de nos communautés de vie des prêtres, des religieuses et des religieux. Des gens consacrés, au sein d’une même communauté, qui se regardent en chiens de faïence. Certains comportements des consacrés peuvent menacer gravement la paix à tous les niveaux.
Que faire et quel bilan faisons-nous de cette Année 2017 qui est en train de s’éteindre ?
Sommes-nous heureux de la manière dont nous avons rempli cette année avec des événements qui n’honorent personne ? Je reconnais qu’il y a eu aussi de bonnes choses et de très beaux événements. Mais, ne perdons pas de vue qu’une bonne partie de la République, de l’Église, de notre diocèse a vécu, cette année, dans la précarité totale, dans l’incertitude la plus obscure, dans l’insécurité. Des projets ont été arrêtés dans quelques-unes de nos paroisses. Si nous n’y prenons garde et si aucune action concrète, efficace et sincère n’est engagée, cette nouvelle année 2018 qui pointe à l’horizon risque d’être une année 2017 bis.
C’est pourquoi l’accord du « cessez-le-feu et de cessation des hostilités » qui vient d’être signé doit être salué et doit être accompagné de nos ferventes prières afin que le Pool aspire à une paix véritable et notre pays à une paix profonde. C’est donc l’occasion de projeter la nouvelle Année 2018 sous les bons auspices de la paix, du respect de la dignité humaine, du respect de la vie tout court, par un engagement à changer, à faire des efforts nécessaires pour l’éclosion des familles unies, harmonieuses qui, à leur tour, vont faire de notre société congolaise une société où il fait bon vivre, où le respect de toute vie humaine est garanti.
Le même Pape Jean XXIII qui nous accompagne dans cette méditation, dit ce qui suit sur cette société à laquelle nous devons tous aspirer : "La vie en société, vénérables frères et chers fils, doit être considérée avant tout comme une réalité d’ordre spirituel. Elle est, en effet, échange de connaissances dans la lumière de la vérité, exercice de droits et accomplissement de devoirs ; émulation dans la recherche du bien moral ; émulation dans la noble jouissance du beau en toutes ses expressions légitimes ; disposition permanente à communiquer à autrui le meilleur de lui-même et aspiration commune à un constant enrichissement spirituel. Telles sont les valeurs qui doivent animer et orienter toutes choses : activité culturelle, vie économique, organisation sociale, mouvements et régimes politiques, législation et toute autre expression de la vie sociale dans sa continuelle évolution" (Pape Jean XXIII, Pacem in terris, 36).
La première Lecture de ce jour fait une mise en garde à prendre au sérieux : "Tout ce qu’il y a dans le monde - la convoitise de la chair, la convoitise des yeux, l’arrogance de la richesse -, tout cela ne vient pas du Père, mais du monde. Or, le monde passe, et sa convoitise avec lui. Mais celui qui fait la volonté de Dieu demeure pour toujours."
Cherchons donc à faire la volonté du Père, en nous inspirant, en cette Octave de Noël, de la disponibilité de Marie qui accepte de devenir "Mère de Jésus" : "Je suis la Servante du Seigneur, qu’il me soit fait selon ta parole". Cette disponibilité nous a valu le Sauveur que le Prophète Isaïe appelle : "Conseiller-merveilleux, Dieu-fort, Père-à-jamais, Prince-de-la-Paix". C’est autant dire que notre société, notre Église, nos familles et nous-mêmes, pouvons changer en contemplant le Nouveau-né et en implorant la bénédiction divine sur tout ce que nous entreprenons comme initiatives pour une paix véritable et durable.
"C’est cette paix apportée par le Rédempteur que Nous lui demandons instamment dans Nos prières. Qu’il bannisse des âmes ce qui peut mettre la paix en danger, et qu’il transforme tous les hommes en témoins de vérité, de justice et d’amour fraternel. Qu’il éclaire ceux qui président aux destinées des peuples, afin que, tout en se préoccupant du légitime bien-être de leurs compatriotes, ils assurent le maintien de l’inestimable bienfait de la paix. Que le Christ, enfin, enflamme le cœur de tous les hommes et leur fasse renverser les barrières qui divisent, resserrer les liens de l’amour mutuel, user de compréhension à l’égard d’autrui et pardonner à ceux qui leur ont fait du tort. Et qu’ainsi, grâce à lui, tous les peuples de la terre forment entre eux une véritable communauté fraternelle, et que parmi eux ne cesse de fleurir et de régner la paix tant désirée." (Pape Jean XXIII, Pacem in terris, 171)
Amen !
Monseigneur Anatole MILANDOU
Archevêque de Brazzaville
En l’Église Cathédrale Sacré-cœur de Brazzaville, ce 30 décembre 2017