OUVERTURE DE L’ANNÉE PASTORALE 2012-2013
Publier le 18 octobre 2012
Après la traditionnelle session pastorale, précédant chaque année, l’ouverture officielle de l’Année pastorale dans l’Archidiocèse de Brazzaville, Monseigneur Anatole MILANDOU, Archevêque de Brazzaville, a ouvert le samedi 06 octobre 2012, sous le thème : « Chrétien de Brazzaville, redécouvre le chemin de la foi », l’Année pastorale 2012-2013 par une messe.
Nosseigneurs Jan Roméo PAWLOWSKI et Miguel Angel OLAVARRI, respectivement Nonce Apostolique au Congo et au Gabon et Administrateur Apostolique du diocèse de Pointe-Noire, ont rehaussé de leur présence, cette célébration Eucharistique. Aussi, des nombreux prêtres, religieux, religieuses et fidèles laïcs venus de 44 Paroisses dudit diocèse, ont pris part à cette prière d’action de grâce, à la Place Mariale de la Cathédrale Sacré-Cœur de Brazzaville.
Voici l’extrait de l’homélie de Mgr l’Archevêque à l’ouverture de l’Année Pastorale 2012-2013 :
« Chers Frères et Sœurs,
Comme il est de coutume dans notre Archidiocèse de Brazzaville, après des vacances bien méritées, nous nous retrouvons, faisant suite à la session pastorale, pour célébrer l’Eucharistie en vue de confier la nouvelle année qui s’ouvre à Dieu.
Cette nouvelle année 2012-2013 sera vécue sous le signe de la redécouverte de notre foi de chrétien. Nous répondons, à travers le thème choisi, à l’invitation solennelle que nous lance le Saint Père, le Pape Benoît XVI qui offre à toute l’Église la joie et la grâce de méditer non seulement sur l’acte de foi, mais surtout de vivre cette foi en Dieu qui est le gage de notre salut et le but de toute vie chrétienne. Cet acte va être posé, dans quelques jours, au Vatican en présence de tous les Présidents des Conférences Épiscopales du monde et de tous les fidèles chrétiens. C’est le 11 octobre prochain, dans à peine 5 jours que cela va se passer. Cela coïncide avec le cinquantième anniversaire du lancement du Concile Vatican II qui a fait beaucoup de bien à l’Église, et dont nous continuons encore à savourer les fruits jusqu’à présent.
« Chrétien de Brazzaville, redécouvre ta foi »,
choisissons-nous comme intitulé du thème de l’année pastorale.
Ce thème, est à n’en point douter en adéquation avec l’Année de la foi décrétée par le Pape Benoît XVI pour que toute notre Église renaisse à Renouveau réel. Pour Benoît XVI, la crise de l’Église en Europe, est une « crise de la foi ». « Et si la foi ne reprend pas vie…grâce à la rencontre avec Jésus-Christ, toutes les autres réformes resteront inefficaces ».
La Foi, qu’est-ce que la Foi ?
Les prophètes de l’Ancien Testament ont sans cesse appelé le peuple d’Israël à la foi en Yahvé le seul Dieu qui l’a tiré de l’esclavage de l’Égypte, l’a conduit au désert pour l’introduire dans le pays de la promesse.
Jésus dans l’Évangile, dans le Nouveau Testament en fera la condition sine qua non pour que le Royaume de Dieu, avance, s’établisse en nous au milieu de nous et dans le monde : « en vérité, je vous le dis, si vous avez une foi qui n’hésite point, non seulement vous ferez ce que je viens de faire au figuier, mais même si vous dites à cette montagne : soulève-toi et jette-toi dans la mer, cela se fera ». ‘Mt 21,21
Jésus sera frappé par la foi de quelques femmes et hommes et n’hésitera pas de l’exalter. « O femme, ta foi est grande ! Qu’il t’advienne selon ton désir ! » (Mt 15,28)
« Crois-tu au fils de de l’homme ? », est la question que Jésus pose à l’aveugle-né. Il répond : « Je crois, Seigneur ». C’est notre Credo au baptême. C’est le premier Credo chrétien qui est la porte de la foi. (Porta fidei).
Il s’agit, pour le fidèle chrétien de Brazzaville, de se ressourcer dans la Parole de Dieu et dans l’Eucharistie, pour renouveler efficacement et adéquatement sa relation avec Dieu. C’est une option fondamentale que nous nous donnons, au cours de cette année.
Le Pape explicite ce mouvement que nous voudrions réaliser, au cours de cette année, par l’expression qu’il emploie dans sa Lettre apostolique Porta fidei, c’est-à-dire la Porte de la foi. Ce mouvement consiste à franchir la porte de la foi. Ce n’est pas une porte qu’il faut contempler, admirer. Mais, il est question de la franchir : « La porte de la foi (cf. Ac 14, 27) qui introduit à la vie de communion avec Dieu et permet l’entrée dans son Eglise est toujours ouverte pour nous. Il est possible de franchir ce seuil quand la Parole de Dieu est annoncée et que le cœur se laisse modeler par la grâce qui transforme. Traverser cette porte implique de s’engager sur ce chemin qui dure toute la vie ». (Porta fidei, 1).
La foi n’est pas quelque chose d’acquis une fois pour toutes. Elle s’acquiert au jour le jour par des actes concrets qui caractérisent notre relation avec Dieu, avec le prochain, avec la Parole de Dieu.
En effet, redécouvrir sa foi, signifie que certains actes de notre vie ternissent, à n’en point douter, la beauté et l’éclat de cette foi. Ce n’est pas une démission de reconnaître cela. Bien au contraire. Une foi sincère, c’est celle qui est entretenue quotidiennement et qui, parfois, affronte sagement le doute et les écueils qui peuvent surgir au cœur de notre vie. Ainsi, la redécouverte devient ce beau et merveilleux mouvement qui nous pousse d’aller au large pour goûter les délices d’une relation profonde et féconde avec Dieu ; le fameux « duc in altum » que Jésus propose à Pierre qui, toute la nuit, a pêché sans rien ramener. Cependant, à la Parole du Maître l’invitant à aller au large, Pierre obéit et est heureux de constater, avec bonheur, que sa pêche devient très fructueuse.
En ce jour où nous ouvrons notre année pastorale, les textes que nous avons lus, qui sont d’ailleurs ceux du samedi de la 26ème Semaine du Temps ordinaire, tombent à pic avec le thème de notre année pastorale et le choix du Saint Père pour cette année qui commence.
Nous sommes effectivement en présence d’un modèle de foi qui heurte, qui interpelle, qui fait école et qui invite à l’engagement pour faire autant : c’est Job. Ce dernier est l’incarnation même de la persévérance, de la crainte et de la volonté de Dieu. Ce livre est très édifiant pour mesurer non seulement l’importance de la foi, mais aussi pour en savourer les fruits. Job connaît le bonheur au début de sa vie. Cependant des malheurs vont s’abattre sur lui, au point de mettre à l’épreuve sa confiance en Dieu.
Nous sommes, depuis quelques jours, en train de réfléchir sur ce personnage biblique dont la confiance en Dieu demeure inébranlable en dépit des événements douloureux qui apparaissent dans sa vie. Il demeure imperturbable. L’épisode qui nous a été lu tout à l’heure révèle que la persévérance et la fidélité, malgré les difficultés de tout genre qui ont émaillé la vie de Job, ont eu raison du désespoir, du découragement et de l’abandon. Job affirme à l’endroit de Dieu : « Je sais que tu es tout-puissant : tous tes projets se réalisent ». C’est la foi qui lui fait dire cela. Et la réponse divine ne se fait pas attendre : « le Seigneur bénit les dernières années de Job plus encore que les premières ».
C’est autant dire que Dieu est toujours fidèle. Il n’abandonne jamais, au grand jamais, ceux qui lui font confiance. Beaucoup, peut-être même tous, nous sommes frappés par des malheurs qui mettent à l’épreuve notre foi.
La question qui se pose est celle-ci : quelle est mon attitude face à la souffrance, face à la douleur, face au désarroi, face à la mort, etc ? Juge-t-on le Seigneur ? Ou bien, à la manière de Job, nous demeurons fermes dans notre foi et reconnaissons que, avec Dieu, tout est possible. Il y a moyen de repartir de nouveau.
C’est à ce niveau-ci que la redécouverte à laquelle je vous invite, comme Pasteur de l’Église de Brazzaville, rejoint le souci du Pape Benoît XVI : la nouvelle évangélisation. Nous ne pensons pas un seul instant que cette nouvelle évangélisation ne concerne que les autres. Nous devrions intégrer, dans notre vie de chrétiens africains, que nos pratiques de foi et notre témoignage de vie méritent d’être reprécisés non seulement à la lumière de la Parole de Dieu, mais aussi à travers une vie concrète ancrée dans le Christ, et s’engageant pleinement à n’être que témoignage d’amour, de charité, d’espérance.
Ne perdons pas de vue, dans cette nouvelle dynamique, que nous sommes invités à entraîner également les autres à franchir cette porte de la foi. Le Pape nous rappelle, dans Africae munus : « on est jamais chrétien tout seul ».« C’est pourquoi aujourd’hui aussi un engagement ecclésial plus convaincu en faveur d’une nouvelle évangélisation pour redécouvrir la joie de croire et retrouver l’enthousiasme de communiquer la foi est nécessaire. L’engagement missionnaire des croyants, qui ne peut jamais manquer, puise force et vigueur dans la redécouverte quotidienne de son amour ». (Porta fidei, 7).
En d’autres termes, la redécouverte de la foi passe aussi par un témoignage concret que tout chrétien est appelé à rendre. Au nom de sa foi, le chrétien ne peut pas encourager ou pratiquer la corruption. Au nom de sa foi, le chrétien ne peut pas ne pas réaliser son travail convenablement. Au nom de sa foi, le chrétien ne peut jamais accepter de compromissions. Au nom de sa foi, le chrétien ne peut jamais vivre dans un syncrétisme flou et déroutant. Au nom de sa foi, le chrétien ne peut jamais favoriser les antivaleurs. Au nom de sa foi, le chrétien ne peut jamais tuer, voler, mentir.
Vivre en étroite intimité avec Dieu est synonyme de constance, de rayonnement et de conversion permanente que seule la grâce divine peut favoriser et établir. « La foi grandit quand elle est vécue comme expérience d’un amour reçu et quand elle est communiquée comme expérience de grâce et de joie. Elle rend fécond, parce qu’elle élargit le cœur dans l’espérance et permet d’offrir un témoignage capable d’engendrer : en effet elle ouvre le cœur et l’esprit de tous ceux qui écoutent à accueillir l’invitation du Seigneur à adhérer à sa Parole pour devenir ses disciples ». (Porta fidei, 7).
Mon vœu le plus ardent est que ce thème soit vécu réellement et fructueusement au niveau des communautés paroissiales et au sein de nos Mouvements d’apostolat.
Dans une société où le charlatanisme, où la croyance aux fétiches et à la sorcellerie semblent résister à l’évangélisation, une Année de foi devient une grâce spéciale pour redécouvrir les origines et les exigences de notre appartenance au Christ. Cette redécouverte passe par l’écoute et la mise en pratique de la Parole de Dieu. Elle est le fruit de la célébration eucharistique, vécue dans la foi et avec fécondité en participant de la donation totale du Christ qui s’offre à nous pour notre salut.
« Puisse cette Année de la foi rendre toujours plus solide la relation avec le Christ Seigneur, puisque seulement en lui se trouve la certitude pour regarder l’avenir et la garantie d’un amour authentique et durable ». (Porta fidei, 15). Que la Vierge Marie, qui a cru aux paroles qui lui furent dites par l’Ange, intercède pour nous auprès de Son Fils, afin que nous soyons des hommes et des femmes de foi.
Amen ! »
Nous sommes tous invités à renouveler notre foi en Dieu, unique Sauveur du monde, qui nous a appelés à son ministère baptismal et sacerdotal, une invitation à la Conversion authentique.
Abbé Brice Séverin BANZOUZI
Chancelier