Clôture de l’Année pastorale 2017-2018 et ordinations presbytérales
Publier le 12 juillet 2018
Textes :
Première lecture : Am. 9, 11-15
Méditation : Ps. 84(85) 9, 11-14
Deuxième lecture : 1 P 5, 1-4
Évangile : Mt. 9, 14-17
Chers Frères et Sœurs,
1. But de la célébration
Nous clôturons officiellement aujourd’hui dans l’Archidiocèse de Brazzaville, l’Année pastorale 2017-2018 que nous avons ouvert le samedi 07 Octobre 2017. Après cette cérémonie, le tour reviendra aux paroisses et aux Mouvements d’apostolat de faire autant, à des dates de leur convenance. Et au cours de cette célébration eucharistique, j’ordonnerai aussi prêtres, les 14 Diacres qui nous ont été présentés au début de cette messe.
2. Évocation du thème de l’Année pastorale
Cette clôture, en effet, a été précédée de la session pastorale tenue du 03 au 05 juillet dernier. Au cours de cette dernière, nous avons écouté tour à tour, les Doyennés, les Bureaux Diocésains des Groupes (Mariaux, d’Enfants et des Jeunes, de Chants liturgiques), des Fraternités Catholiques, des Archiconfréries et Confréries. Ils nous ont exposé les différentes activités qu’ils ont entreprises, pour comprendre et expliquer le thème de l’Année, « Ensemble, luttons contre les déviances actuelles dans nos milieux de vie, par l’annonce de l’Évangile ».
De ces communications à partir desquelles nous avons pu mesurer comment ce thème a été exploité par les différents sujets pastoraux de notre Archidiocèse, deux constantes se sont dégagées. La première est que ce thème ne peut pas être étudié en une seule année, au regard de son importance et de son actualité dans notre société congolaise. La deuxième constante est une proposition : au cas où nous aimerions en continuer l’étude, la réflexion ne devrait plus être générale mais concrète, c’est-à-dire la circonscrire dans un domaine précis de la société. Je me souscris à cette proposition. Le domaine précis à cet effet qui me vient à l’esprit, c’est notre Église locale.
3. Orientations pour le choix du thème de l’année pastorale 2018-2019
Il sera question que nous corrigions, après les avoir identifiées et répertoriées, toutes les déviances que nous constatons dans notre diocèse, notamment dans la préparation aux sacrements. Ce que je viens d’observer et de vivre dans les différentes paroisses où j’ai administré le sacrement de confirmation aux catéchumènes me pousse à affirmer sans risque d’être contredit que les enfants sont mal préparés aux sacrements. Les plaintes qui me parviennent des paroisses et des Mouvements d’apostolat me donnent à penser que ces réalités ecclésiales sont mal gérées. Leur mode de fonctionnement semble s’éloigner et s’écarter des normes de l’Église.
Les déviances deviennent de plus en plus nombreuses dans notre Archidiocèses. On assiste à des trafics des honoraires de messes dans les paroisses ; à des assemblées de prière sur le modèle des églises de prières ; à des enseignements contenant des erreurs doctrinales ; à des relations conflictuelles entre les prêtres et les laïcs dans nos Mabundu et dans nos paroisses ; à d’énormes confusions dans la relation et du prêtre et du laïc avec l’argent au sein de nos communautés ecclésiales. Notre témoignage de foi laisse parfois et souvent à désirer.
Je demanderai donc à la Commission pastorale, en s’inspirant largement de l’Exhortation apostolique Gaudete et Exsultate du Pape François dont on nous décrit les idées majeures lors de la session, de nous suggérer un thème à cet effet pour l’année pastorale 2018-2019.
4. Urgence et actualité de la proclamation de Jésus-Christ
Lutter contre les déviances actuelles dans nos milieux de vie, parmi lesquels nos Communautés paroissiales et nos Mouvements d’apostolat, restera toujours actuel. Par conséquent cette lutte devient aussi une urgence au regard des dégâts occasionnés par ces déviances. L’unique moyen à notre disposition, pour nous chrétiens, est de proclamer Jésus-Christ.
5. Explication des textes du jour
Celui qui croit en Dieu combat les anti-valeurs, les mauvais comportements dans la société. C’est à ce travail que s’était attelé le prophète Amos, comme nous venons de le découvrir en cette 13e semaine du temps ordinaire. Amos a appelé Israël et ses voisins à se repentir, car ils oppriment les pauvres, haïssent et maltraitent leurs frères, commettent l’immoralité. Il a prophétisé la destruction d’Israël par l’ennemi et par l’exil. Par ailleurs, si on ne considère que les 8 premiers chapitres du prophète, on pourrait penser qu’Amos n’est qu’un prophète de malheur pour Israël.
Mais dans l’extrait du chapitre 9 que nous venons d’écouter en guise de première lecture, nous nous apercevons qu’Amos prophétise qu’Israël sera rappelé dans son pays, il va vivre dans la joie.
- « Voici venir des jours – Oracle du Seigneur – où se suivront de près laboureur et moissonneur, le fouleur de raisins et celui qui jette la semence. Les montagnes laisseront couler le vin nouveau, toutes les collines en seront ruisselantes. Je ramènerai les captifs de mon peuple Israël ; ils rebâtiront les villes dévastées et les habiteront ; ils planteront des vignes et en boiront le vin ; ils cultiveront des jardins et en mangeront les fruits. Je les planterai sur leur sol, et jamais plus ils ne seront arrachés du sol que je leur ai donné. Le Seigneur ton Dieu a parlé . »
Cet Oracle du Seigneur, mieux cette prophétie d’Amos s’accomplira dans la personne de Jésus-Christ. C’est le fils de la Vierge Marie qui viendra rassembler les enfants d’Israël dispersés. Justement parce que Jésus est là, au milieu d’eux, les fils d’Israël doivent être dans la joie. Ils ne doivent plus être en deuil, ils ne doivent plus être tristes, bref ils ne doivent plus jeûner.
C’est ce que Jésus, dans l’Évangile, veut faire comprendre aux disciples de Jean-Baptiste qui lui posent la question suivante : « Pourquoi, alors que nous et les pharisiens, nous jeûnons, tes disciples ne jeûnent-ils pas ? » La réponse de Jésus est claire et ferme : « Les invités de la noce pourraient-ils donc être en deuil pendant le temps où l’Époux est avec eux ? Mais des jours viendront où l’Époux leur sera enlevé ; alors ils jeûneront. »
Celui qui croit en Jésus-Christ doit faire un choix radical, celui de ne vivre que de lui ; c’est-à-dire entrer dans sa logique de don, parce qu’il aime tous les hommes. Et pour désigner ce choix radical, le Fils de Dieu, dans cet extrait de Matthieu, utilise une formule ou une image qui lui est propre :
- « Personne ne pose une pièce d’étoffe neuve sur un vieux vêtement, car le morceau ajouté tire sur le vêtement, et la déchirure s’agrandit. Et on ne met pas du vin nouveau dans de vieilles outres ; autrement, les outres éclatent, le vin se répand, et les outres sont perdues. Mais on met le vin nouveau dans des outres neuves, et le tout se conserve. »
Parce que devenu une créature nouvelle dans le Christ de par son baptême, un chrétien ne peut plus avoir un comportement déviant, ni être compromis dans des déviances dévastatrices de la société et de la foi. Vivre en chrétien signifie lutter contre les mauvais comportements, les antivaleurs, contre les déviances sous toutes leurs formes.
L’annonce de l’Évangile devient donc une forme de lutte contre les mauvais comportements et habitudes devenus récurrents dans notre société et dans nos communautés chrétiennes. Il est inacceptable que dans une famille chrétienne, qu’on maltraite encore les veuves ; qu’on ne prenne pas soin de l’éducation des enfants ; qu’on enregistre des divorces ; qu’on accuse des gens de sorciers ; qu’on encourage la violence, l’incivisme, et la division.
C’est un devoir pour tout baptisé, comme ne cesse de marteler saint Paul dans ses Épîtres, d’annoncer l’Évangile ; c’est-à-dire inviter les gens à suivre Jésus-Christ, car il est le Rédempteur de l’humanité, le Sauveur du monde. Et dans ce travail d’évangélisation, le prêtre a une grande responsabilité en raison du sacrement de l’ordre qu’il a reçu.
5. Message aux nouveaux prêtres
Dans cette grande famille de prêtres, 14 diacres vont y faire leur entrée aujourd’hui. Le sacrement de l’ordre que je vais leur conférer va les inviter à prendre davantage conscience qu’ils ont une grande responsabilité dans le travail de l’annonce de l’Évangile. Saint Pierre Apôtre dans la deuxième lecture nous résume le contenu de cette responsabilité en un ordre : « Soyez les bergers du troupeau de Dieu qui vous est confié. » Ordre qu’il explique en trois points :
Cela veut dire, d’abord, faire connaître Jésus-Christ aux hommes placés sous votre responsabilité pastorale. Le faire connaître tel que l’Église vous l’avez appris durant votre formation théologique. Il ne s’agit pas de les contraindre, mais de leur montrer simplement et clairement, de par vos explications et de par votre mode de vie de prêtre, que celui qui croit en Jésus-Christ, le Fils unique de Dieu, sera sauvé.
Cela veut dire, ensuite, veiller sur eux. C’est-à-dire ne les induisez pas en erreur dans leur témoignage de foi. Par exemple, demandez une « messe noire » pour que Dieu résolve votre problème, pour être promu dans votre vie professionnelle. Achetez ceci ou cela, ce qu’on appelle maintenant « ordonnance spirituelle », pour que votre prière soit exaucée. Et les exemples sont nombreux. Il s’agit de leur apprendre la doctrine de l’Église catholique contenue dans les documents du Magistère, et non les opinions théologiques. D’où la place la formation permanente dans les paroisses, dans les mouvements d’apostolat. Nos fidèles ont droit à la formation chrétienne catholique. Il y a beaucoup de choses qu’ils ignorent encore de la vie et du fonctionnement de l’Église. C’est à vous prêtres, qu’incombe cette tâche. J’accueille avec joie, et l’encourage d’ailleurs, cette initiative de la Commission de la Pastorale, lors de la session de clôture, d’organiser au cours de l’année prochaine des sessions de formation pour les Nouveaux Bureaux Diocésains des Mouvements d’apostolat.
Cela veut dire, enfin, devenir les modèles des fidèles. Soyez leur modèle par votre fidélité au Christ et à l’Église son corps ; par votre disponibilité à rendre service ; par votre dévouement dans le travail ; par votre souci à bien faire le travail qui vous est confié ; par votre vie de prière ; par votre obéissance aux autorités ecclésiastiques.
6. Message à toute l’assemblée
Il est aussi de la responsabilité de nous tous ici présents, de tous ceux qui sont en communion de prière avec nous, d’aider ces nouveaux prêtres, chacun à sa manière, à devenir chaque jour de bons bergers du troupeau de Dieu qui leur sera confié. Portons-les dans nos prières pour la fécondité de leur ministère presbytéral.
Agissant ainsi, nous nous embarquons aussi dans un cheminement de sainteté. Cette sainteté à laquelle le Seigneur nous appelle tous et que le Pape François vient de nous expliquer en des termes simples dans Gaudete et Exsultate .
- « Nous sommes tous appelés à être des saints en vivant avec amour et en offrant un témoignage personnel dans nos occupations quotidiennes, là où chacun se trouve. Es-tu une consacrée ou un consacré ? Sois saint en vivant avec joie ton engagement. Es-tu marié ? Sois saint en aimant et en prenant soin de ton époux ou de ton épouse, comme le Christ l’a fait avec l’Église. Es-tu un travailleur ? Sois saint en accomplissant honnêtement et avec compétence ton travail au service de tes frères. Es-tu père, mère, grand-père, grand-mère ? Sois saint en enseignant avec patience aux enfants à suivre Jésus. As-tu l’autorité ? Sois saint en luttant pour le bien commun et en renonçant à tes intérêts personnels » (n°14).
Puisse la Vierge Marie intercéder pour nous auprès de son Fils afin que nous soyons saints et de véritables missionnaires de son Église. Amen !
Monseigneur Anatole MILANDOU
Archevêque de Brazzaville