CE QU’EST ET CE QU’APPORTE LA FOI

CE QU’EST ET CE QU’APPORTE LA FOI

"Grâce à la foi, Abraham obéit à l’appel de Dieu : Il partit vers un pays qui devait lui être donné en héritage. Et il partit sans savoir où il allait. Grâce à la foi, il vint séjourner comme étranger dans la Terre Promise. La foi est le moyen de posséder déjà ce qu’on espère, et de connaître des réalités qu’on ne voit pas".

Pour approfondir ce qu’est et ce qu’apporte la foi, nous allons considérer successivement :

— comment la foi est d’abord adhésion à Quelqu’un, et, par voie de conséquence, à tout ce qu’Il nous dit par le moyen qu’Il a choisi pour nous le dire.

— comment la foi est une lumière, qui nous fait connaître la réalité avec le regard de Dieu.

— comment la foi nous fait déjà posséder ce qui ne se réalisera cependant pleinement que dans l’avenir.

— enfin : comment la foi réforme et transforme toute la vie du croyant.

I)- La foi est d’abord adhésion à Quelqu’un, et, par voie de conséquence,

à tout ce qu’Il nous dit :

Alors que Lazare était au tombeau depuis 4 jours déjà, Jésus, à l’entrée du village de Béthanie, avait dit à Marthe : "Je suis la Résurrection et la Vie. Crois-tu cela ?" Et Marthe avait répondu : "Oui, je crois que tue es le Christ, le Fils de Dieu, qui vient dans le monde".

Remarquons comme Marthe n’avait pas répondu simplement ’Je crois cela’, mais ’Je crois en toi’.

C’est parce qu’elle croit que Jésus vient de Dieu, qu’elle croit tout ce qu’il dit.

Et plus tard — mais plus tard seulement —, on constatera qu’elle a eu raison de croire.

De même, lorsque Dieu avait dit à Abraham "Quitte ton pays et va dans le pays que je te montrerai", Abraham n’avait pas hésité, comprenant que, si Dieu ordonne quelque-chose, ce ne peut être que pour le bien.

Et ce n’est que beaucoup plus tard, que l’on a pu constater qu’Abraham avait eu raison d’obéir dans la foi.

Jésus a dit à ses apôtres "Allez, enseignez toutes les nations. Ceux qui vous écoutent m’écoutent. Ceux qui vous rejettent me rejettent. Et moi, je suis avec vous jusqu’à la fin des temps".

Oui, Jésus continue d’enseigner, aujourd’hui, par l’Église qu’il a fondée, les vérités religieuses, qu’il a révélées aux hommes pour les conduire au Salut.

Et nous croyons tout ce que le Fils de Dieu nous enseigne par l’Église, parce-que c’est lui qui a fondé cette Église, et qu’il a promis que, malgré les péchés de ses membres, il la garderait dans la vérité jusqu’à la fin des temps.

Nous croyons donc, par principe, tout ce qu’enseigne l’Église, avant-même d’en connaître le détail, parce-que cette Église ne monte pas de l’effort humain, mais qu’elle descend du Ciel.

II)- Lumen fidei

Une fois devenus croyants, ce n’est pas avec les seules forces de notre pauvre esprit humain, que nous cherchons à comprendre les vérités que nous croyons. / Ces vérités, de toute façon, nous dépassent, et on ne peut les comprendre par la seule intelligence humaine.

Dieu nous donne donc, à l’intérieur de la foi, la lumière du Saint-Esprit, qui nous permet de mieux saisir le contenu des vérités de foi, d’éclairer chacune par le autres, d’en mieux percevoir les conséquences.

Car la lumière de la foi nous aide aussi à voir toutes les réalités de l’ordre naturel avec un regard plus profond ; à les placer dans une perspective plus large. / Quand on connaît le plan d’amour de Dieu sur l’homme, on perçoit toute réalité humaine avec sa coloration propre par rapport à ce projet divin.

Observons une photographie en couleur

et une photographie en noir et blanc

Il y a, entre la connaissance du monde sans la foi et la connaissance du monde à la lumière de la foi, une différence analogue à celle qui existe entre une photographie en noir et blanc d’un paysage, et la photographie du même paysage, en couleur et en relief.

La photographie en noir et blanc n’est pas fausse ; elle donne une vraie connaissance de la nature ; mais elle n’en donne qu’une connaissance tronquée ; car le réel n’est pas en noir et blanc, mais en couleur et en relief.

Regarder la réalité à la lumière de la foi ne nous dispense pas d’utiliser les facultés naturelles d’observation et de réflexion, dont notre Créateur nous a dotés ; mais cette lumière de la foi nous permet de voir la réalité telle qu’elle est vraiment : en couleur et en relief, reliée à Celui qui en est la cause et le but ; qui lui donne son sens.

III)- Déjà posséder

Mais la foi ne nous fait pas seulement regarder la réalité avec le regard de Dieu. Dans la mesure où la Foi est remise de notre personne à Dieu, elle nous met en relation réelle avec Lui.

Et cette relation élève notre être et nous donne déjà part aux biens spirituels qui commencent de réaliser en nous ce que nous serons pleinement dans l’Éternité.

Il y a, dans la vie de foi, déjà une certaine expérience de la relation à Dieu.

Si nous nous remettons à Lui, Dieu, par l’Esprit-Saint, anime de plus en plus notre intelligence, notre volonté, nos sentiments ; nous conforme au Christ ; fait de nous des saints.

IV)- La foi permet à la personnalité humaine d’acquérir sa pleine dimension.

Dans le domaine de l’intelligence, la foi donne une lumière supérieure pour analyser la réalité terrestre et céleste, en organiser la compréhension, en apprécier la valeur.

Le chrétien, au lieu d’errer dans le brouillard, en s’interrogeant sur le sens de la vie humaine ou en se précipitant dans des voies sans issue, sait qui il est, quel but Dieu donne à la vie humaine, et quel chemin mène à ce but. Il peut donc construire sa vie sur des bases assurées.

Dans le domaine de la volonté, la foi suscite l’élan vers Dieu et le zèle à accomplir le bien qu’Il nous montre.

Au lieu d’être paralysé par la crainte des difficultés le croyant se dépense, de toute son âme, pour contribuer à la réalisation du plan d’amour de Dieu. L’homme qui ne connaît que les biens terrestres vit dans la crainte de les perdre, et cela le dissuade de prendre des risques, même pour un but important.

L’homme animé par la Foi, au lieu d’être crispé sur des sécurités terrestres, s’élance au service de Celui qui a vaincu la mort en passant par la Croix.

Puisqu’il n’attend que de Dieu sa récompense, ni les hommes, ni les événements ne peuvent le réduire en esclavage, par la promesse des biens qui passent

Dans le domaine de la mémoire, le croyant est enrichi de la connaissance de tout ce que Dieu a fait et dit, notamment par son Fils. Il dispose ainsi d’un immense trésor de Sagesse, dans lequel il peut puiser pour éclairer, comprendre et résoudre les problèmes d’aujourd’hui.

Et l’imagination du croyant, puisant dans ce riche et sûr trésor, bénéficiant de la lumière de la foi pour voir la réalité actuelle avec le regard de Dieu, est stimulée par l’amour de Dieu et de ses frères à trouver les meilleures solutions aux problèmes spéculatifs ou pratiques qui se posent à lui ou aux hommes de son époque.

Par dessus tout, au lieu de n’être, dans sa personnalité propre, que le reflet de la médiocrité ambiante, le vrai croyant, contemplant son Dieu, nourri de ses enseignements, pétri de l’exemple des saints, animé par l’amour que Dieu met en son cœur à l’égard de ses frères, devient un imitateur et un coopérateur de Dieu, partageant les sentiments et les vertus que le Fils de Dieu est venu vivre en notre humanité : sa bonté, sa douceur, sa patience, sa miséricorde, sa droiture, sa pureté, sa fidélité, sa constance.

Oui, il a dans son cœur les sentiments de son Dieu !

Voilà, mes frères, la liberté intérieure et la plénitude de Vie, que la foi vraiment vécue apporte à l’homme en son cheminement terrestre, jusqu’à ce qu’au terme, nous voyions Celui en qui nous avons cru, et que nous soyons comblés dans l’union éternelle à Lui.

V)- La foi est d’abord adhésion à Quelqu’un, et, par voie de conséquence, accueil de tout ce qu’Il nous dit

Le lendemain de la multiplication des pains, les gens, à Capharnaüm, avaient acclamé Jésus.... Mais celui-ci leur avait dit : "Cherchez non la nourriture du corps, mais la nourriture qui demeure en Vie Éternelle". Et il avait ajouté : "Je suis le Vrai Pain venu du Ciel. Celui qui me mange aura ma vie en lui".

Et les gens s’étaient exclamés : "Ce qu’il dit là est inacceptable". Et ils étaient partis.

Jésus s’était alors tourné tristement vers ses apôtres, et leur avait dit : "Vous allez partir, vous aussi ?" Alors, Saint Pierre, qui, depuis plusieurs mois, avait vu les miracles du Christ, reconnu l’élévation sublime de son enseignement, admiré la sainteté sans faille de sa vie, Saint Pierre avait répondu : "Seigneur, à qui irions-nous ? Tu as les paroles de la Vie Éternelle."

Pourtant, Pierre n’avait pas plus que les autres, compris ce que Jésus avait voulu dire quand il avait affirmé : "Je suis le Vrai Pain venu du Ciel". Mais ce qu’il avait bien compris, c’est que Jésus venait de Dieu, et que, donc, ce qu’il disait était vrai.

Pierre cherchait, certes, avec l’aide de la grâce divine, à comprendre les paroles du Christ. Mais il n’attendait pas d’avoir tout compris pour croire. Puisque Dieu avait manifesté, par des signes surabondants, que Jésus était le Christ, Pierre croyait tout ce que Dieu enseignait par son Messie, avant même de le comprendre . Et c’est d’ailleurs parce qu’il l’a d’abord cru, que, plus tard, éclairé par Dieu à l’intérieur de la foi, il l’a compris.

Certains peuvent être tentés de dire : "Oui, mais les apôtres voyaient Jésus, ses miracles, sa sainteté, l’élévation sublime de sa doctrine. Alors que nous, nous ne voyons pas Jésus lui-même".

A cela, il faut répondre que nous avons davantage d’appui pour notre foi que n’en avaient les apôtres. Car, ce qu’ils ont vu et entendu, nous le savons aussi par le témoignage de ceux qui ont tous préféré être mis à mort dans les supplices, plutôt que de taire ce dont ils avaient été les témoins. Et, de plus, nous bénéficions de toute la compréhension qu’après la Pentecôte l’Esprit Saint a donnée aux apôtres, pour saisir la signification de ce qu’ils avaient vu et entendu.

Une contribution du :
Frère Jean KOMBO-BOUTSOKI
Catéchiste – Formateur
Direction Diocésaine de la Catéchèse