Session pastorale 2019-2020, Allocution de Clôture
Publier le 8 octobre 2019
Monsieur le Vicaire judiciaire
Messieurs les Responsables de la Commission Pastorale, chargée de la Coordination des Mouvements d’Apostolat
Messieurs les Curés doyens
Chers Prêtres, chers Religieux, chères Religieuses
Chers Membres du BDAL
Chers Responsables des bureaux diocésains des Mouvements d’Apostolat
Frères et sœurs !
Nous voici arrivés au terme de ce grand rendez-vous annuel : la Session précédant l’ouverture de l’Année Pastorale. Votre présence nombreuse à cette Session est pour moi le signe éloquent du vif intérêt que vous accordez à la bonne marche de la vie de notre Archidiocèse.
Je tiens donc à remercier et à féliciter toutes celles et tous ceux qui se sont investis pour la bonne tenue de cette session d’ouverture. Je pense particulièrement aux membres de la Commission de la Pastorale, aux conférenciers et autres intervenants, et à tous les fidèles participants, surtout lors des travaux en ateliers. Je tiens, d’ores et déjà, à encourager celles et ceux qui, au cours de cette Année nouvelle, travailleront à la compréhension et à l’approfondissement de notre thème annuel.
Pendant trois jours, nous avons voulu donner un contenu à la formulation du thème de notre Année Pastorale 2019-2020. Il est ainsi formulé : « Chrétien de Brazzaville, qu’as-tu fait de ton baptême ? » Que fais-tu de ta foi. En effet, le baptême est la porte de la foi, l’entrée dans l’Église. Monsieur l’abbé Christophe, dans son exposé, nous a rappelé le sens de notre baptême, son importance et ses implications dans notre vie. Les différentes interventions nous ont aidés à comprendre la portée significative et les enjeux de ce thème.
À notre baptême, lorsque le prêtre nous a oints du Saint Chrême, a prononcé ces paroles : tu es prophète, roi et prêtre . Le baptême fait donc de chaque chrétien un prophète, un roi, un prêtre . Et ce ne sont pas de vains mots. Je ne sais pas si nous sommes conscients de la profondeur et de la noblesse des titres que nous donne Saint Pierre dans sa lettre ?
« Mais vous, vous êtes une descendance choisie, un sacerdoce royal, une nation sainte, un peuple destiné au salut… » (1 Pi 2,9).
Peuples de Prêtres, peuples de Rois, Assemblée des Saints, Peuple de Dieu, chante ton Seigneur (chant du Père Deiss)
1) Tout baptisé, à sa manière et dans le lieu et la situation où il se trouve aujourd’hui : marié, célibataire, jeune, vieux, homme, femme est au milieu de ses frères, prêtre, roi, prophète .
Par son travail et sa compétence, il construit et achève la création que Dieu lui a confiée : il est Roi. C’est ici que tout le sens de l’interpellation du Nonce Apostolique, Luigi Pezzuto en 1998 :
Le laïcat devrait sortir d’une situation d’être seulement des consommateurs de culte et de sacrements. Il devrait apprendre à ne pas réduire l’Église à une entreprise de prières et de rites excluant la vitalité des engagements sociaux : ceux-ci, au contraire, devraient être valorisés et les chrétiens devraient être soucieux d’y entrer. La vie sacramentelle et le sens de la prière introduisent à un monde de la grâce qui comporte la prise en charge des réalités économiques, sociales et politiques. C’est seulement ainsi que l’Église sera vraie et son influence pourra donner une contribution valable à la solution des problèmes qui agitent la société.
Il faut comprendre aussi le contexte dans lequel il avait fait cette réflexion. Le pays venait déjà de connaître deux conflits en 1993 et en 1997-1998. Victime d’un braquage à la Nonciature, le Nonce était bien conscient de la gravité de la situation sociale du Congo.
2) Par sa manière de vivre, par sa manière de répondre aux problèmes de son temps, il enseigne l’Évangile : il est Prophète.
3) Par l’offrande de ses peines, par ses prières pour ses frères, il est médiateur entre Dieu et les hommes : il est Prêtre .
C’est dans ce sens aussi que toute profession religieuse s’enracine dans le baptême, prolonge le baptême et le revitalise. En effet, la vie religieuse « s’enracine intimement dans la consécration du baptême et l’exprime avec plus de plénitude » (Perfectae caritatis, 3)
Je vous invite donc, par ce thème, à une prise de conscience de l’immensité de la tâche qui est la nôtre au cœur de notre société en perte de repères. Ne perdons pas de vue que nous sommes appelés à être « sel de la terre et lumière du monde ».
Avec ce thème, nous voulons nous appesantir sur le positif qu’exige notre état de baptisé. Il s’agit de regarder vers l’avenir, un avenir meilleur. Pour ce faire, le Seigneur nous appelle à un Renouveau Spirituel. Renouveau de la foi, renouveau dans la prière, renouveau dans la vie en famille, renouveau dans l’engagement en société. Pour cela, il nous faut repartir de la Parole de Dieu comme source de Renouveau.
La Parole de Dieu, en effet, est une présence vivifiante et un renouvellement de grâces pour celles et ceux qui la reçoivent et la gardent. « Toute l’Écriture est inspirée par Dieu ; elle utile pour enseigner, dénoncer le mal, redresser dans la justice ; grâce à elle, l’homme de Dieu sera accompli, équipé pour faire toute sorte de bien » (2 Tm 3,16-17). Et le Pape François, dans sa Lettre apostolique en forme de Motu Proprio, Aperuit illis, publiée ce 30 septembre 2019 en la mémoire liturgique de Saint Jérôme, dans laquelle est institué le dimanche de la Parole de Dieu, rappelle qu’« il est bon que ne manque jamais dans la vie de notre peuple ce rapport décisif avec la Parole vivante que le Seigneur ne se lasse jamais d’adresser à son Épouse, afin qu’elle puisse croître dans l’amour et dans le témoignage de foi ».
De plus, « Chrétien de Brazzaville, qu’as-tu fait de ton baptême ? » est une interpellation pour que chacun s’examine pour voir ce qu’il a fait jusqu’ici et ce qu’il devrait faire. Il ne suffit pas de rappeler des principes fondateurs et fédérateurs, d’affirmer des intentions et de proférer des dénonciations prophétiques : ces paroles n’auront de poids réel que si elles s’accompagnent, pour chacun, d’une prise de conscience plus vive de sa propre responsabilité et d’une action effective. Le renouveau que nous appelons de tous nos vœux doit s’épanouir dans des engagements concrets et précis.
Voilà pourquoi, pour parvenir à ce renouveau, et tenant compte de vos différents rapports issus des travaux en ateliers, je formule des recommandations ci-après :
- Vivons pleinement les effets de notre baptême, à savoir la configuration au Christ, Prêtre, Prophète et Roi.
Prêtre, parce qu’appelés à sanctifier et à nous sanctifier.
Prophète, parce qu’appelés à enseigner et à apprendre de Dieu et de l’Église.
Roi, parce qu’appelés à gouverner et à éveiller le Peuple de Dieu à une pleine intelligence de son rôle à l’heure actuelle.
- Cultivons la soif de la conversion
- Évangélisons par le témoignage de vie, un baptisé- une action.
- Évangélisons par les moyens de communication sociale notamment les réseaux sociaux.
- Redynamisons la catéchèse.
- Organisons des formations permanentes.
Et n’oublions pas qu’aujourd’hui plus que jamais la Parole de Dieu, ne pourra être annoncée et entendue que si elle s’accompagne du témoignage de la puissance de l’Esprit Saint, opérant dans l’action des chrétiens au service de leurs frères et sœurs, aux points où se jouent leur existence et leur avenir.
Nous sommes donc envoyés en mission pour vivre et promouvoir les valeurs fondamentales de notre vie de baptisé. À ce propos, le Pape François dans son message pour la Journée mondiale des missions 2019, intitulé Baptisés et envoyés : l’Église du Christ en mission dans le monde, affirme : « L’Église est en mission dans le monde : la foi en Jésus Christ nous donne la juste dimension de toute chose, en nous faisant voir le monde avec les yeux et le cœur de Dieu ; l’espérance nous ouvre aux horizons éternels de la vie divine à laquelle nous participons vraiment ; la charité dont nous avons l’avant-goût dans les sacrements et l’amour fraternel nous pousse jusqu’aux confins de la terre ».
Que la bienheureuse Vierge Marie, Notre Dame du Rosaire, soutienne notre action commune, et nous obtienne de la mener jusqu’à son terme.
Sur ce, je déclare clos les travaux de cette Session précédant l’ouverture de l’Année Pastorale 2019-2020.
Mgr Anatole Milandou,
Archevêque de Brazzaville
Jeudi 03 octobre 2019