MESSE D’OUVERTURE DE L’ANNÉE PASTORALE 2019-2020
Publier le 8 octobre 2019
ORDINATION DIACONALE DE NEUF (9) GRANDS SÉMINARISTES
Frères et sœurs en Christ,
Peuple Chrétien qui est à Brazzaville,
Je vous salue tous et implore sur chacun de vous ici présents, la bénédiction de Dieu, Père de toute miséricorde. Je vous souhaite également à tous et à chacun de vous une cordiale bienvenue en ce haut lieu de nos rendez-vous spirituels.
Après trois mois de vacances bien méritées, au cours desquels nos administrations ; nos mouvements d’apostolat ; nos paroisses en particulier et notre diocèse en général ont tourné au ralenti, il est normal que nous reprenions avec un élan renouvelé les activités pastorales de cette année nouvelle dans la cadre de notre mission commune d’évangélisation par la traditionnelle messe d’ouverture.
Signalons toutefois, que cette messe a été précédée d’une série de rencontres que j’ai initiées afin de ne pas naviguer à vue, mais pour avoir un tableau de bord clair pour la bonne marche de notre Archidiocèse
Durant tout le mois de Septembre en effet, j’ai pris l’initiative d’organiser des rencontres avec quelques commissions et organes de notre diocèse : l’économat ; le Comité d’Organisation de l’Année Jubilaire Mgr Barthelemy Batantu, le Comité de Coordination de la Cause du Cardinal Émile Biayenda ; la Commission diocésaine de la Pastorale ; les Nouveaux Curés et Administrateurs ; tous les curés et administrateurs ; tout le clergé diocésain, le BEDAL et les membres des différents Conseils Pastoraux Paroissiaux, les responsables diocésains de l’École catholique. Toutes ces rencontres nous ont aidés à épingler quelques points saillants tels que l’irrégularité et même le non acquittement de certaines paroisses et mouvements d’apostolat dans le versement des intentions de messes ; des quêtes impérées ; du « manioc » du séminaire.
La sécurisation de la montagne du Cardinal devient une priorité pour l’érection de la Statue du Cardinal qui est arrivée à l’Archevêché depuis le mois de juillet. Quant à la lutte contre les anti-valeurs durant les deux années pastorales précédentes, le constat reste mitigé. Du côté de la société comme du côté de l’église, le combat est loin d’être gagné. En effet, plusieurs faits continuent à plomber les consciences et l’agir des Brazzavillois lors des veillées, dans le traitement des veufs (ves) et dans plusieurs domaines de la vie des Congolais. Je me dois également de rappeler que quelques paroisses ne sont pas encore dotées d’organes de gouvernement comme l’exige le Droit Canonique, à savoir le Conseil pastoral, le Conseil pour les Affaires économiques et le gestionnaire.
J’ai interpellé le clergé sur les avantages et les méfaits des réseaux sociaux. Il s’est agi d’un échange de Père avec ses Fils. De cette rencontre, j’ai invité les prêtres au ressaisissement et à la retenue. Faisons des réseaux sociaux un lieu d’évangélisation et non un lieu de dénigrement, de diffamation, un lieu où l’on va exposer ses légèretés, ses enfantillages au point de scandaliser le peuple de Dieu que nous sommes appelés à guider et à sanctifier.
En organisant toutes ces rencontres, nous nous sommes résolus à nous remettre en question, à redécouvrir notre baptême et ses implications dans notre vie de baptisés.
C’est dans ce sens que nous pouvons faire notre cette belle prière de Baruch que nous avons écoutée hier vendredi dans la bouche de Baruch : « Au Seigneur notre Dieu appartient la justice, mais à nous la honte sur le visage comme on le voit aujourd’hui : honte pour l’homme de Juda et les habitants de Jérusalem, pour nos rois et nos chefs, pour nos prêtres, nos prophètes et nos pères ; oui, nous avons péché contre le Seigneur, nous lui avons désobéi, nous n’avons pas écouté la voix du Seigneur notre Dieu, qui nous disait de suivre les préceptes que le Seigneur nous avait mis sous les yeux. Depuis le jour où le Seigneur a fait sortir nos pères du pays, nous n’avons pas cessé de désobéir au Seigneur notre Dieu ; dans notre légèreté, nous n’avons pas écouté sa voix. »
Durant les trois jours de la session pastorale, nous avons voulu donner un contenu à la formulation du thème de notre Année Pastorale 2019-2020. Nous l’avons ainsi intitulé : « Chrétien de Brazzaville, qu’as-tu fait de ton baptême ? » Que fais-tu de ta foi. En effet, le baptême est la porte de la foi, l’entrée dans l’Église. Ceci en souvenir de ce grand pasteur, le Cardinal Etchegaray, qui vient de s’éteindre, de qui Mgr Hervé Itoua et moi avions reçu l’ordination épiscopale le 28 août 1983 et dont nous avons voulu reprendre la forte interpellation qu’il avait adressée à l’Église du Congo lors de son homélie
Cette année pastorale 2019-2020, je vous invite donc à « plonger et replonger dans les eaux de notre baptême » pour redécouvrir la fraîcheur de notre vocation et la raison de notre engagement pour le bien, c’est là notre repère le plus sûr.
Par ailleurs faisant mienne la joie de Notre Seigneur, telle que rapportée par Luc dans le texte de ce jour, j’exulte à l’idée que le Clergé de l’archidiocèse de Brazzaville s’agrandit de neuf (9) diacres. Pour ce faire, je puis dire que, pour la plupart, vous êtes venus de toute part soutenir soit un frère ; un cousin ; un parent ; un ancien collègue ou un ami certes ; mais vous avez surtout tenu à être les témoins d’un événement ecclésial important :
Par l’ordination de tout à l’heure, nos neuf grands séminaristes vont accéder à un degré du ministère qui fera qu’ « ayant reçu le don de l’esprit saint qui les fortifie, ils apporteront de l’aide -d’abord et avant tout- à l’évêque que je suis et à mon presbyterium, dans le ministère de la Parole, de l’autel et de la charité en se montrant le serviteur de tous. Institués ministres de l’autel, ils proclameront l’Évangile ; ils prépareront le sacrifice eucharistique ; ils distribueront aux fidèles le Corps et le Sang du Christ » (Cf. Célébration des sacrements Pp711-712).
Vous comprenez que le diacre est essentiellement un « serviteur » qui est la fonction de tout ministre de Dieu. Le verbe latin « ministrare » signifie servir. Ministre de la République et Ministre de Dieu, nous devons être au service du peuple.
Dès les débuts de la vie de l’Église, le Seigneur a lui-même voulu qu’il y ait une diversité de services, répartis en trois ordres différents à savoir : l’épiscopat ; la prêtrise et le diaconat. Mais il convient de souligner que la diaconie recouvre, en réalité tous les ministères, en ce sens que tous, évêque-prêtre-diacre, sont ordonnés pour servir et non pas pour se faire servir comme des seigneurs du monde.
Tout ministre ordonné doit toujours « garder le Mystère de la Foi dans une conscience pure » (Tim. 2, 9) d’autant plus que c’est « le Christ lui-même dans son amour fraternel qui a choisi ceux qui auront part à son ministère en recevant l’imposition des mains. » (Cf. Préface d’ordination) Voilà pourquoi comme ministres ordonnés, nos jeunes seront appelés à s’oublier, à s’effacer, à se détacher et à tout quitter pour mener en toute droiture leur mission : ils doivent dès maintenant renoncer à eux-mêmes, prendre leur croix et se mettre, définitivement, à la suite du Christ, premier serviteur.
Je ne fatiguerai pas de souligner l’importance de la décision des Apôtres, à un moment de leur ministère, d’ordonner des hommes chargés du service des tables. Ceci souligne suffisamment l’importance de la communion fraternelle vécue dans les premières communautés chrétiennes. Une Communauté chrétienne bien portante se doit de s’occuper de ses pauvres. D’où l’importance des Caritas paroissiales qui soulignent l’évangile en acte des chrétiens.
Alors chrétien de Brazzaville que fais-tu de ton baptême alors que des faits tragiques et des comportements honteux empoisonnent la société, à tous les niveaux. ?
Chrétien de Brazzaville que fais-tu de ton baptême, alors que les antivaleurs gangrènent ton pays, ton Église, ton mouvement d’apostolat ? Avec Baruc, reconnaissons que « nous avons irrité assurément notre Créateur, notre Maître ». Mais une fois convertis, une fois que chacun se souviendra de son Baptême et vivra, désormais, en Église, en Famille et en Société, sous la houlette de ses promesses baptismales, le Seigneur, annonce le Prophète Baruc, fera venir sur notre Église de Brazzaville, sur nos familles et notre Ville Capitale, la joie éternelle, en assurant notre Salut. Alors humilions-nous pour replonger dans les eaux de notre Baptême, pour que nous en sortions lavés et renouvelés.
Très chers fils bien-aimés,
Votre ordination de ce jour, par mes mains, est, comme le stipule les pères conciliaires, la preuve que : « l’Église continue inlassablement à envoyer des hérauts de l’Évangile ».
Enseignez et faites ce que l’Église recommande. Soyez des modèles de vie et de vrais témoins qui prêchent par l’exemple. La prière consécratoire que je vais prononcer tout à l’heure sur vous précise, je cite : « par sa fidélité à tes commandements et l’exemple de sa conduite, que (le diacre) soit un modèle pour le peuple saint ; en donnant le témoignage d’une conscience pure, qu’il demeure ferme et inébranlable dans le Christ ».
Une vraie diaconie se vit dans la fidélité au Christ qui vous a choisis ; au respect scrupuleux des commandements divins ; à l’exemplarité ; dans une conduite digne du clerc que vous serez : Ce sont là des mots forts de sens et appelés à vous mettre à l’abri de celui qui rode comme un lion qui rugit, cherchant qui dévore. Soyez Vigilants et Sobres.
N’ayez pas peur, vous avez Dieu en vous et vous êtes appelés à l’offrir à ce monde, à ce Peuple qui vous entoure, par la Parole que vous lirez et enseignerez ; mais aussi, par vos gestes de sanctification. Ayez le sens du sacré et soyez jaloux de votre ordination diaconale.
Je vous redis les paroles que prononça le cardinal Roger ETCHEGARAY le 28 août 1983 :
« N’ayez pas peur ! Ni de la contradiction, ni de l’indifférence. Il faut savoir que l’Évangélisation n’est pas une bombe destinée pour des enfant attardés, mais un livre écrit en caractères de feu, du feu de l’Esprit qui fait les apôtres, écrit en caractères de sang, du sang de martyr que devient tout apôtre ».
Que Marie notre Mère, intercède pour vous. Qu’elle prie aussi pour notre Archidiocèse, afin que chacun, en son lieu et dans sa condition, se sente responsable de la Mission de l’évangélisation.
Chrétien de Brazzaville, qu’as-tu fait de ton Baptême ? Prends Conscience, Convertis-toi et Avances au Large, avec le Christ ; Amen !
Mgr Anatole Milandou,
Archevêque de Brazzaville