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Visage de la vie consacrée en Église locale, 50 ans après Mgr Théophile Mbemba

Publier le 22 février 2022

Mgr Théophile Mbemba

Le 2 février, fête de la Présentation de notre Seigneur, l’Église commémore conjointement la Journée mondiale de la vie consacrée. Ce 2 février 2022, nous en avons vécu en Église, la XXVIe édition. Voilà une occasion qui s’offre à nous pour parler de la vie consacrée en terre congolaise. Le contexte s’y prête bien : celui de l’année jubilaire du rappel à Dieu de Mgr Théophile Mbemba, premier archevêque congolais de Brazzaville, un promoteur de la vie consacrée en République du Congo. C’est ainsi que nous entendons partager cette réflexion sur « Le visage de la vie consacrée en terre congolaise, cinquante ans après la disparition de Mgr Mbemba ». Il s’agit pour nous, de partir de la vision de la vie consacrée chez ce pasteur, pour en arriver à la réalité actuelle : le visage d’hier et celui d’aujourd’hui.

La vision de Mgr Théophile Mbemba

Elle est à situer dans un contexte où l’Église universelle prône la participation pastorale de la femme dans les Églises locales (P.P. Jean XXIII, Encyclique Pacem in Terris). Les missionnaires sont alors encouragés à accueillir les vocations religieuses dans les pays de mission et les Églises locales, à former leurs propres ouvriers apostoliques avec des jeunes du pays. C’est en réponse à cet appel que Mgr Théophile Mbemba, archevêque de Brazzaville, promeut la vie consacrée. Sa vision en tant que fondateur est celle d’une Église locale au visage africain, avec ses prêtres et ses consacrés africains, qui connaissent bien la réalité de leur pays. Cette vision est aussi à inscrire dans la dynamique de l’inculturation.

Pour Mgr Mbemba, la vie consacrée n’est pas une simple imitation de la réalité occidentale, mais plutôt une vie dont la culture, bien qu’inspirée par l’évangile, garde son mode d’expression : « Nos consacrés vivant comme nous, comprendront nos problèmes… », projetait déjà Mgr Mbemba dans son projet de fondation de la Congrégation des religieuses congolaises du Rosaire (Cf. Cahier journal de la Congrégation des Religieuses congolaises du Rosaire (R.C.R)).

Sa vision de vie consacrée, outre l’inculturation, est aussi celle de l’attachement à la figure de Marie, qu’il nomme « Mère propice » et qui est un exemple sublime de consécration parfaite : un modèle de oui à Dieu. Comme le stipulent les Constitutions des RCR : « C’est par Marie que les consacrés vont à Jésus ».

Une autre dimension du visage de la vie consacrée est celle de la sainteté de vie : des hommes et des femmes dont la mission consistera à relever le Congo de la misère alors entrevue par Mgr Mbemba. Ceci par leur attachement au Christ, leur témoignage et leur participation active à la mission de l’Église. Cette pensée rejoint bien l’appel du Pape François qui, cette année, invite chaque personne consacrée au sens de la responsabilité individuelle en entrant dans le dynamisme de l’écoute réciproque, mené à tous les niveaux de l’Église, impliquant tout le peuple de Dieu (Message du Pape François en cette XXVIe Journée pour la vie consacrée, donné au Vatican, le 25 janvier 2022).

Pour Mgr Mbemba, sa vision de la vie consacrée est concrètement celle des personnes compétentes, dignes de confiance et disponibles. Des hommes et des femmes qui incarnent l’esprit évangélique. Des hommes et des femmes de cœur qui, pour reprendre les mots du Pape François, sont des signes de tendresse de Dieu pour l’humanité (P.P. J. Paul II, La vie consacrée, 1997, P. 10).

Quel visage de la vie consacrée aujourd’hui ? Question complexe à laquelle nous ne saurons répondre par une affirmation simpliste. Cette question s’avère un vrai questionnement auquel chaque consacré peut s’exercer à répondre. En effet le visage peut renvoyer à une image, à une physionomie, à une représentation, à un vécu. Allons-nous faire des similitudes avec la vision de Mgr Mbemba ?

En tant que consacrée, notre lecture est celle d’une vie vécue dans une réalité quelque peu similaire à la vision de Mgr Mbemba, et peut paraître tout autre : qui a connu une évolution, qui a fait du chemin depuis 50 ans. Elle peut être assimilée au visage d’une personne de cinquante ans, si nous pouvons nous le permettre. Cette vision est aussi celle d’une vie consacrée faite de plusieurs réalités, qui oscillent entre forces et faiblesses, joies et peines, réussite et échec.

Nous voulons en premier relever un visage de personnes qui, ayant répondu avec élan et générosité à l’appel de Dieu, sont attachées à la mission de l’Église à la suite du Christ, engagées au service de Dieu et de l’humanité. Ces hommes et ces femmes qui disent Dieu à travers leurs œuvres sociales et leur témoignage de vie, la simplicité, l’austérité.

Le visage actuel est aussi celui d’une vie aux défis nombreux que nous sommes appelés constamment à relever par la grâce de Dieu. Il sied de dire que nous vivons dans une société où la vie consacrée n’est forcément plus du goût du commun des mortels. La plupart du temps, le consacré est victime de soupçons, de mépris, de préjugés défavorables. A titre d’exemple, l’on peut observer ce qui se passe généralement dans les transports en commun quand une personne consacrée, facilement identifiable, y prend place : que des stupidités. A côté de ces attaques extérieures, il y a aussi la réalité d’un monde aux idéaux multiples, vertigineux.

Le visage actuel est celui d’hommes et de femmes qui, choisis par Dieu, s’exercent à la sainteté en s’engageant dans la vie communautaire où ils s’efforcent de vivre à l’imitation du Christ pauvre, chaste et obéissant. Ce visage est aussi, pour reprendre les mots du Pape François, celui « des personnes consacrées qui n’ont pas besoin de prétention, qui ne font pas de bruit, mais qui travaillent sans se donner de l’importance. Ceux qui font la théologie de la vie consacrée en la vivant, en la priant » (Pape François, La force de la vocation. La vie consacrée aujourd’hui, éditions EDB, p. 22).

Cinquante ans après Mgr Théophile Mbemba, nous pouvons dire que la vie consacrée poursuit son chemin à la suite du Christ ; qu’elle continue de marcher en présence de Dieu, dans la recherche constante de sa volonté. Elle demeure bien présente et dynamique dans l’Église et dans la société. La vie consacrée, à n’en point douter, fait encore la fierté et la beauté de l’Église. C’est beau de voir ces prêtres, sœurs et frères qui, prennent au sérieux leur vie consacrée ; qui donnent avec joie, de leur temps et de leurs énergies au service de l’humanité. C’est admirable de voir toute cette floraison de vocations à la vie consacrée. C’est signe que le Seigneur est toujours à l’œuvre. Toutefois, cinquante ans après Mgr Mbemba, il y a encore du chemin à faire en Église et dans la société, pour plus de reconnaissance et de visibilité de la vie consacrée.

Les vocations féminines et celles des religieux frères sont peu encouragées et moins valorisées. C’est un appel que nous lançons de cette manière en vue d’une vraie pastorale des vocations à la vie consacrée : il s’agit de faire connaître cette vocation aux jeunes dans les paroisses et dans les mouvements d’apostolat des jeunes.

A nous consacrés, il nous paraît important de saisir cet appel du Saint Père en cette XXVIe Journée qui, nous invite à retourner à notre appel vocationnel pour retrouver la joie de nous sentir et d’être partie prenante d’un projet d’amour pour lequel d’autres avant nous et avec nous ont donné leur vie. Puisse Marie, modèle de consécration à Dieu aider chaque consacré, à demeurer sel de la terre et lumière du monde ?

Sœur Thècle Saurelle BAHAMBOULA,
Religieuse Congolaise

 

 


 

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