Site de l'Archidiocèse de BRAZZAVILLE
Accueil > Pasteurs > Paroles de nos Pasteurs > Anatole Milandou > Session DIOCÉSAINE de formation pastorale 2006-2007

Session DIOCÉSAINE de formation pastorale 2006-2007

Publier le 4 octobre 2006

Allocution d’ouverture pour la
Session DIOCÉSAINE de formation pastorale 2006-2007

Monsieur les abbés

Révérends Pères

Chers religieux et religieuses

Chers frères et sœurs dans le Christ

Nous voici réunis pour la traditionnelle session pastorale précédant l’ouverture de l’année pastorale. Cette ouverture aura lieu le samedi 07 octobre prochain. Au cours de cette messe à la place mariale de la cathédrale Sacré Cœur, seront ordonnés 12 diacres et sera présentée la Croix des JMJ.

Cette session, la première de ce nouveau quinquennat à la charge pastorale du Peuple qui est à Brazzaville, réfléchira sur le thème suivant : Mouvements d’apostolat, soyez témoins de l’amour du Père . Ce thème montre que le processus de réalisation de mes deux projets pastoraux est déjà engagé. A travers ce thème, nous sommes tous invités à aider les mouvements d’apostolat et de spiritualité présents dans notre diocèse, qui ont l’âme de nos paroisses, à devenir des lieux adéquats et crédibles d’éducation et de formation religieuses, sanitaires, civiques, morales et humaines. Les différentes conférences programmées nous donneront l’éclairage nécessaire pour mener à bien, pendant toute l’Année, cette réflexion sur nos Mouvements qui commencent à me préoccuper à cause de leur contre témoignage de plus en plus récurrent.

Ce thème, en effet, est le premier sous- thème du grand thème pendant ce quinquennat, nous chercherons d’approfondir l’Encyclique Deus caritas est du Pape Benoît XVI. Cet approfondissement s’articulera de la manière suivante :

  • - Première année (2006-2007) : Mouvements d’apostolat, soyez témoins de l’amour du Père.
  • - Deuxième année (2007-2008) : Familles, soyez témoin de l’amour du Père.
  • - Troisième année (2008-2009) : Société, sois témoins de l’amour du Père.
  • - Quatrième année (2009-2010) : Fidèle chrétien de Brazzaville, sois témoins de l’amour du Père.
  • - Cinquième année (2010-2011) : Les fruits du témoignage de l’amour du Père.

D’ailleurs dans le traitement de ces sous-thèmes, nous récupérerons assumerons, et intérioriseront davantage les enseignements des sujets sur lesquels s’est focalisée notre attention pendant ces 5 ans écoulés.

Chers Frères et Sœurs,

Chaque jour dans nos prières, nous implorons la venue du règne de Dieu au milieu de nous. Et ce n’est pas une chose vaine. En effet, la Bible est le livre du « Dieu qui vient », du Dieu qui intervient, qui fait irruption dans l’histoire des hommes et qui établit son règne.

Déjà dans l’Ancien Testament, nous voyons les écrivains sacrés proclamer la venue de yahwé. Il vient dans la vie des patriarches pour inaugurer son alliance de salut. Il vient dans l’exode pour sauver les hébreux et en faire son peuple élu. Les prophètes surtout annoncent « la venue de Dieu » par une intervention extraordinaire de son Seigneur pour établir une création nouvelle. Mais pour établir son règne Dieu se sert des hommes, des patriarches, des rois, des prophètes, du peuple élu, des nations païennes.

Dans le Nouveau Testament, la venue du Christ Seigneur est annoncée de la même manière. Il vient dans l’histoire et il viendra dans la gloire.

Le règne que le Christ vient établir sur terre est un règne d’amour. C’est dans ce sens que le Pape Benoît XVI dans son Encyclique Deus caritas est, nous présente Dieu comme Amour : « Dieu est amour : celui qui demeure dans l’amour demeure en Dieu et Dieu en lui » (1 Jn 4,16). Cet amour, c’est celui qui l’unit au Fils et à l’Esprit Saint et c’est le même amour qui nous saisit comme une contagion, que nous devons à notre tour communiquer aux autres particulièrement aux plus pauvres, aux délaissés, aux abandonnés, aux laissés pour compte.

C’est ici que nous pouvons entrevoir le rôle indispensable que l’Eglise a reçu d’étendre le règne de l’amour de Dieu sur terre « Tout pouvoir m’a été donné au ciel et sur la terre. Allez donc, de toutes les nations faites des disciples » (Mt 28,18).

Dans cette mission de faire des disciples de l’amour, le Christ ressuscité promet en même temps son assistance : « Et voici que je suis avec vous pour toujours » (Mt 28,20).

La force toute puissante du Saint-Esprit lui est promise puis conférée pour l’exercice de sa charge. Tel est le mystère du règne de Dieu par Jésus-Christ dans l’Eglise.

Désormais, déjà pleinement réalisé dans le Christ, ce règne est mystérieusement présent et actif dans l’humanité par l’apostolat de l’Eglise.

Sur ce, après cinq ans à la tête de l’Archidiocèse de Brazzaville, cinq ans essentiellement ponctuée sur la formation du peuple de Dieu, j’aimerai pour les cinq ans avenir réfléchir avec vous sur notre façon d’être Eglise, c’est-à-dire témoins de l’amour de Dieu en nous même et au milieu de nos frères en nous appuyant sur l’Encyclique Deus caritas est du Pape Benoît XVI.

Partant du thème de réflexion pour cette année pastorale 2006-2007 « mouvements d’apostolat soyez témoins de l’amour du Père », j’aimerai souligner le rôle combien important de l’apostolat comme organe d’extension du règne de Dieu. Ce rôle est déjà souligné par le Concile Vatican II quand il affirme le devoir indispensable pour tous les fidèles d’exercer l’apostolat chacun selon sa condition et ses aptitudes. Nous pouvons admirer l’engagement de toutes ces personnes dans nos paroisses, qui sans appartenir à aucun groupe se dévouent tant soit peu à soulager les souffrances chroniques de nos concitoyens.

Toutefois loin de négliger la participation individuelle à cette mission, l’Eglise a toujours privilégié la participation collective de tous les fidèles. C’est ce que affirme le Pape Jean Paul II, dans son Exhortation Apostolique Post-synodale christifideles laïci, sur la vocation et la mission des laïcs dans l’Eglise et dans le monde quand il dit : « Que des fidèles laïcs, se regroupent pour des motifs spirituels et apostoliques, cela découle de plusieurs sources et correspond à des exigences diverses. C’est l’expression, en effet, de la nature sociale de la personne, et la réponse à un besoin d’efficacité plus vaste et plus mordante. En réalité, l’incidence « culturelle » source et aiguillon mais aussi fruit et signe de toute autre transformation du milieu et de la société, ne peut s’obtenir que par le travail non pas tant d’individus isolés que d’un « sujet social », c’est-à-dire d’un groupe, d’une communauté, d’une association, d’un mouvement (…) les différentes formes de regroupement peuvent représenter pour beaucoup de gens une aide précieuse en vue d’une vie chrétienne fidèle aux exigences de l’Evangile et pour un engagement missionnaire et apostolique. Puis le Papa poursuit « Au-delà de ces motifs, la raison la plus profonde que justifie et exige le regroupement des fidèles laïcs est d’ordre théologique : C’est une raison ecclésiologique, comme le reconnaît le Concile Vatican II, qui voit dans l’apostolat associé un signe de la communion et de l’unité de l’Eglise dans le Christ (…) C’est précisément la raison ecclésiologique qui explique d’une part, le droit d’association propre aux fidèles laïcs et d’autre part la nécessité de critères de discernement pour vérifier l’authenticité ecclésiale des formes d’associations (n° 29).

Les mouvements d’apostolat deviennent dans ce sens des moyens précieux pour l’évangélisation pour agir avec l’Episcopat et sous sa direction à l’action apostolique du Clergé.

Mais comment les mouvements d’apostolat seront-ils témoins de l’amour du Père lorsque sont entretenus en leur sein des foyers de tension, de haine, de jalousie, de tribalisme, de division et d’exclusion. Tout cela doit nous pousser à la réflexion et trouver les raisons qui dépeuplent, affaiblissent et anéantissent les efforts de nos différents mouvements d’apostolat. Pour ma part je vous renvoie à la première communauté chrétienne dont les Actes des Apôtres nous font l’éloge : « Ils se montraient assidus à l’enseignement des Apôtres, fidèles à la communion fraternelle, à la fraction du pain et aux prières… Tous les croyants ensemble mettaient tout en commun… Jour après jour, d’un seul cœur, ils fréquentaient assidûment le temple et rompaient le pain dans leurs maisons, prenant leur nourriture avec allégresse et simplicité de cœur. Ils louaient Dieu et avaient la faveur de tout le peuple. Et chaque jour, le Seigneur adjoignait à la communauté ceux qui seraient sauvés » (Ac 2, 42-47). Cette communauté si idyllique soit-elle pose les jalons sur lesquels doivent s’édifier et se construire nos communautés et nos mouvements d’apostolat aujourd’hui.

C’est justement pour parler à cet état de chose que j’aimerai, en cette année vous inviter à réfléchir : Comment nos communautés, nos mouvements d’apostolat peuvent être des lieux et des signes de la manifestation de l’amour trinitaire. « A ceci tous reconnaîtront que vous êtes mes disciples : Si vous avez de l’amour les uns pour les autres » (Jn 13, 35).

Par ailleurs, le rayonnement et la floraison de nos mouvements d’apostolat vont de paire avec un engagement sérieux et responsable de ses prêtres. « Je vous donnerai des pasteurs selon mon cœur » (Jr 3, 15).

Par ces paroles du prophète Jérémie, Dieu promet à son peuple de ne jamais le laisser sans pasteur qui le rassemble et le guide.

J’aimerai pour ma part insister sur le rôle des aumôniers au sein des mouvements d’apostolat. Ce rôle est celui d’être guide de la communauté chrétienne. Aussi au-delà de la formation déjà reçue dans les séminaires le prêtre est tenu à se former tous les jours en fonction même de la transformation de nos sociétés. C’est ce que nous pouvons comprendre dans les paroles de Saint Paul à Timothée « Je t’invite à raviver le don que Dieu a déposé en toi » (2 Tim 1, 6). Ces paroles nous amènent à saisir toute la vérité et l’originalité de la formation permanente des prêtres. Et l’aspect pastoral de la formation permanente est bien exprimée par l’apôtre Pierre : « Chacun selon la grâce reçue, mettez-vous au service les uns des autres, comme de bons intendants d’une multiple grâce de Dieu » (1 P 4, 10). De même que toute l’action du Seigneur a été le fruit et le signe de la charité pastorale il doit en être de même pour l’activité ministérielle du prêtre. Cette charité pastorale doit inviter et pousser le prêtre à toujours mieux connaître la condition réelle de ceux et celles à qui il est envoyé et se comporter envers ceux-ci non pas en chef coutumier, mais en serviteur. « Si quelqu’un veut être le premier, qu’il soit le dernier de tous et le serviteur de tous » (Mc 9, 33).

Oui je sais compter sur vous tous pour que le règne de Dieu ne soit pas seulement une expression vague dépourvue de sens, mais plutôt, une réalité profonde en germe dans les cœurs de tout un chacun.

Je vous donnerai des pasteurs selon mon cœur. Cette promesse de Dieu pour son peuple faite autrefois pour le peuple d’Israël, reste vivante et actuelle pour l’Eglise de notre temps. Notre souci permanent doit être motivé par le désir de voir se réaliser cette promesse dans notre Eglise face à la montée fulgurante des marchands d’illusions, qui chaque jour ne cessent de causer des malheurs dans nos familles et dans notre société.

Cette promesse de Dieu garantit à son Eglise et pour son peuple non pas des pasteurs quelconques, mais des pasteurs « selon son cœur » ce cœur qui se révèle à nous dans le cœur du Christ bon pasteur, animé par une compassion sans limite pour les foules, jusqu’à donner sa vie pour elles.

J’aimerai donc, pour vous tous ici présent, témoigner de mon soutien et de mon affection paternelle. Que cette session diocésaine de formation pastorale vous fasse grandir dans votre désir de vous configurer au Christ bon pasteur, mais surtout éclaire vos consciences dans le mûrissement d’une responsabilité pastorale toujours renouvelée.

Sur ce je déclare ouverts, les travaux de la session diocésaine de formation pastorale pour l’année pastorale 2006-2007.

Je vous remercie.

Monseigneur Anatole Milandou
Archevêque de Brazzaville




 

  Haut de page