COMPTE RENDU DE LA RENCONTRE DE LA DÉLÉGATION DES ÉVÊQUES DU CONGO AVEC LE PREMIER MINISTRE AU SUJET DE LA PANDÉMIE DU CORONAVIRUS COVID-19
lundi 6 avril 2020
Le mardi 31 mars 2020, dans l’après-midi, une délégation de la Conférence épiscopale du Congo s’est rendue chez le Premier Ministre, Chef du gouvernement, Monsieur Clément Mouamba, suite à la déclaration du Président de la République, Chef de l’État, concernant les mesures de lutte et de prévention contre la pandémie du Coronavirus, COVID-19 et sur la décision de l’état d’urgence sanitaire instauré au Congo, avec l’obligation du confinement à domicile, à partir du mardi 31 mars 2020 à 20h.
Ont pris part à cette rencontre Mgr Anatole MIilandou, Archevêque de Brazzaville, Mgr Louis Portella-Mbuyu, Évêque Émérite de Kinkala, Mgr Urbain Ngassongo, Évêque de Gamboma, Monsieur l’Abbé Brice Armand Ibombo, Secrétaire général de la CEC.
Après le mot d’accueil de Monsieur le Premier Ministre, chef du gouvernement, Mgr Anatole Milandou, chef de la délégation, a pris la parole pour remercier le Premier Ministre pour sa disponibilité et pour avoir accordé du temps à recevoir les Évêques, malgré les multiples occupations du moment. Il a ensuite cédé la parole à Mgr Portella pour soumettre au Premier Ministre les préoccupations des Évêques et celles du peuple congolais, face aux mesures drastiques prises par le gouvernement et le Président de la République dans sa déclaration du samedi 28 mars 2020.
Mgr Portella, au nom de tous les Évêques, a soumis au Premier Ministre ce qui suit :
D’abord la communion de toute l’Église universelle, qui à travers le Saint Père, s’associe aux décisions de tous les pays pour lutter efficacement contre la pandémie du coronavirus. En effet, le Saint-Père, à travers la Congrégation pour le Culte Divin, a donné des orientations précises sur les célébrations de la Semaine Sainte (décret 154) qui doivent être célébrées dans la sobriété « sans la présence du peuple et dans un endroit approprié, en suivant les restrictions et mesures de chaque pays et de chaque conférence épiscopale ». Il a ensuite ajouté d’autres indications du Saint-Siège sur le Triduum pascal.
Ensuite, il a demandé au gouvernement, ce qui suit :
1 - Des mesures d’accompagnement du peuple par rapport aux mesures prises par le gouvernement sur la déclaration de l’état d’urgence sanitaire et la décision du confinement à domicile. Parmi les éléments d’accompagnement, nous avons par exemple : la gratuité de l’eau et de l’électricité, les soins gratuits pour les malades graves, durant toute cette période, comme cela se fait dans d’autres pays africains.
2 - L’assistance des familles en difficulté et des malades, car les congolais vivent au jour le jour et tous les fonctionnaires n’ont pas perçu leurs salaires.
3 - Que le gouvernement veille sur le comportement des forces de l’ordre afin qu’ils fassent leur service dans la loyauté et la générosité, sans terroriser la population par des gestes de violence et d’escroquerie, dans un véritable esprit de service au peuple et à la nation.
En outre, Mgr Portella a informé le Premier Ministre sur l’organisation de la Conférence Épiscopale du Congo avec l’Union des Supérieurs majeurs, à travers les centres de santé catholiques, tenus par les religieuses, pour être un point de sensibilisation et de formation du peuple sur cette pandémie. Déjà une religieuse, la Sœur Lucie, de la congrégation des petites sœurs dominicaines (de la rue mbochi) fait partie de la commission nationale de lutte contre le coronavirus, mise en place par le Directeur départemental de la santé.
Enfin, Mgr Portella a manifesté la disponibilité de l’Église à collaborer avec le gouvernement dans la lutte contre cette pandémie, à travers ses organes de presse (les radios catholiques, la Semaine africaine), les paroisses et la commission épiscopale de la santé, ensemble avec l’Union des Supérieurs Majeurs.
De son côté Mgr Urbain Ngassongo, a complété les propos de Mgr Portella en faisant noter l’augmentation ou la hausse des prix des produits dans les marchés et les magasins, sans un seul contrôle des agents de l’état. Il a ensuite sollicité les mesures d’accompagnement face aux décisions prises par le gouvernement et le Président de la République, « sans quoi les gens ne vont pas suivre ». Il a, en outre, demandé au Premier Ministre d’expliciter certains points de la déclaration n. 3 du gouvernement, à cause des mauvaises interprétations de certaines autorités civiles et militaires de son diocèse et à travers tout le pays.
Au finish, les Évêques ont remercié le gouvernement pour ce qui se fait déjà et ont demandé à l’état d’assister et d’accompagner le peuple durant cette période de crise sanitaire, en mettant en place les équipes de sensibilisation et de formation dans tous les coins du pays. Ils ont, pour terminer, dit au Premier Ministre que la lutte contre le COVID-19, est aussi un combat spirituel, un combat à affronter dans la prière. Les Évêques ont remis au Premier Ministre la déclaration n.1 de la Conférence Épiscopale du Congo sur le COVID-19.
En répondant aux propos des Évêques, le Premier ministre a d’abord clarifié certaines zones d’ombre de la déclaration du Président de la République, en disant que « les mesures prises par le Président de la République seront clarifiées dans la déclaration du gouvernement et dans les notes d’application des ministères concernés ». Il a ensuite dit ceci :
- Sur la fermeture des lieux de culte : les lieux de culte sont fermés certes, mais pas la prière, « au contraire on a aussi besoin de prière », dixit. Les messes peuvent être célébrées entre les prêtres, et religieuses avec la participation de leurs collaborateurs immédiats (chauffeurs, cuisiniers ou cuisinière, par exemple), mais en respectant les normes en vigueur, c’est-à-dire le nombre de personnes et la distance (1 mètre).
- Sur les mesures d’accompagnement, il a informé les Évêques de l’existence d’un fond de solidarité pour les personnes en difficulté, où quelques donations se font déjà, par exemple la compagnie Brasco a fait le don de 100 000 000 Fcfa, quelques temps avant de recevoir la délégation des Évêques.
- Pour les vendeurs et commerçants, rien n’est interdit, à condition de suivre les consignes d’hygiène et de sécurité, les marchés domaniaux (les marchés reconnus par l’état) sont autorisés sauf les marchés de fortune et les vendeurs ambulants.
- Les établissements de commerce des produits alimentaires de première nécessité doivent fonctionner normalement pour faire vivre la population. La même règle pour les services de santé (hôpitaux, dispensaires, cliniques, pharmacie, etc.)
Pour terminer, le Premier ministre a remercié les Évêques pour la collaboration et les suggestions et a promis de donner des instructions aux ministères concernés par ces mesures pour accompagner loyalement le peuple, durant cette période d’état d’urgence sanitaire et de confinement, véritable arme contre le coronavirus.
Commencée vers 13h 45, la rencontre a pris fin vers 14h 30.
Abbé Brice Armand IBOMBO
Secrétaire général